Les Megapixels en photo, quelle influence ?
Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler d’un sujet plus technique, quelque chose que je fais moins sur le blog mais qui devrait vous intéresser. Je vous parle des mégapixels en photo, sur un boitier. Qu’est-ce qu’ils sont en réalité ? En quoi ils influencent nos photos ? Est-ce uniquement un chiffre marketing ? Pourquoi beaucoup s’intéressent à ces fameux chiffres ? Bref, je tente de répondre dans cet article à toutes ces questions. Si vous êtes intéressés pour en savoir plus, je vous invite à lire les articles sur les bases de la photographie.

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Les mégapixels, c'est quoi exactement ?
Une question que beaucoup de débutants, et même des photographes confirmés, continuent de se poser à l’achat d’un nouvel appareil photo : dois-je prendre un capteur ayant plus de pixels ou cela va-t-il altérer les performances ? Car, depuis de nombreuses années maintenant, la définition des capteurs est une caractéristique souvent mise en avant par les constructeurs et beaucoup d’idées, vraies comme fausses, circulent sur l’influence de ce nombre de pixels, notamment quand il s’agit d’appareils disposant d’un nombre plus élevé que la moyenne.
Avant tout, que représente ce nombre de MégaPixels (MP) ? Sans trop rentrer dans les détails techniques, sur un capteur il y a ce qu’on appelle des photosites qui captent la lumière, numériquement ces photosites deviennent donc les pixels ce qui veut dire qu’un capteur ayant 20 millions de photosites fournira des images de 20MP. On peut se représenter une mosaïque, sur laquelle le capteur va « peindre » chaque fragment (soit chaque pixel) pour que, une fois tous les fragments peints, l’image se forme. Une fois votre image enregistrée, vous pourrez l’afficher sur un écran ou l’imprimer.
On peut croiser régulièrement sur les forums, les blogs, youtube et d’autres plates-formes des discussions endiablées ou des articles/vidéos vous expliquant tout ce qu’un grand nombre de MP apporte…Mais surtout tout ce que ça vous fera perdre ! Bien que ce soit un peu plus nuancé que ça, en général ce qui revient c’est qu’un plus grand nombre de pixels vous permettra d’imprimer plus grand et de recadrer d’avantage vos images. Et c’est à peu près tout, alors que la liste des inconvénients s’allongera à mesure que vous vous baladerez sur le net avec en vrac : une moins bonne sensibilité ISO, l’obligation d’utiliser des objectifs plus haut de gamme, des fichiers lourds à transférer, à stocker et à traiter, une rafale plus limitée, les photosites plus petits capteront moins de lumière, le risque de flou de bougé sera augmenté etc… Sachez que dans cette liste 4 affirmations qui reviennent pourtant très souvent sont déjà fausses !

Il est bon d'être débutant !
Une chose que vous devez savoir dès maintenant et dont vous vous rendrez compte très vite, c’est que la plupart des appareils, reflex ou hybrides et même compacts ou bridges, qui se destinent aux débutants voire aux experts ont des définitions très proches, même avec des capteurs de tailles différentes. Ainsi, un Sony RX100 pourra compter sur 20MP, et en règle générale la majorité des appareils à capteur 1’’ comme le Canon G7X III, le Panasonic FZ1000 ou le Sony RX10 II auront la même définition tout simplement car Sony fournit ce capteur aux autres marques. La plupart des hybrides mFT récents vous proposera un capteur de 16 ou 20MP comme le Panasonic GX9 ou l’Olympus E-M5 II. La majorité des APS-C récents fournira des images de 24MP comme le Nikon D5600, les Canon 2000D ou M50, le Sony A6000 ou le Fuji X-T20. Et même en plein format (Full frame), la plupart des appareils aura des capteurs dont la définition sera comprise entre 16 et 30MP. Or tous les appareils cités ici, exceptés certains FF peu pixélisés mais très chers comme le Nikon D5 ou le Sony A9 II, sont plutôt destinés à un public d’amateurs qui n’a pas les moyens ou les besoins d’acheter un appareil plus haut de gamme.
Les appareils qui auront vraiment une quantité de pixels notablement supérieure aux autres seront donc au format Full Frame (la gamme D800/Z7 chez Nikon, 5DS chez Canon, A7R chez Sony et S1R chez Panasonic) ou au format « Moyen Format », dont les capteurs oscillent entre 50 et 100MP. Cela fait pas mal de références, mais je vous laisse par curiosité aller voir leurs prix et démontrez-moi que ce sont les appareils qui vont intéresser la plupart d’entre vous et que vous êtes prêts à investir autant ! Si vous n’êtes pas curieux, la plupart des appareils plein format évoqués démarrent à 2500-3000€ et le Moyen Format le moins cher coûte 6000€, autant dire que pour une énorme majorité d’entre vous, ce sont des appareils que vous n’allez même pas regarder, surtout si c’est votre premier appareil photo. Toutes ces considérations sur le nombre de pixels n’auront quasiment pas d’impact pour la plupart d’entre vous sur le choix de leur appareil, bonne nouvelle !
Mais alors pourquoi vous en parler ? Tout simplement parce que, si vous finissez par vous y intéresser (pourquoi vous lisez sinon, hein !), il est important que vous sachiez distinguer le vrai du faux. D’ailleurs, beaucoup de ceux qui vous diront « cet appareil a un capteur plein de pixels, c’est un argument marketing, ça ne sert à rien, prends-en un autre ! », démontre que le marketing marche effectivement bien puisqu’ils essayent de vous convaincre de ne pas prendre un appareil avec le seul argument du nombre de pixels sans avoir évoqué aucune autre caractéristique de l’appareil en question. Peu importe si celui-ci a le meilleur Autofocus, la meilleure ergonomie, les meilleures fonctions…Il ne faut pas le prendre parce qu’il a trop de pixels ! Curieux, non ? Un peu comme si on vous disait « il y a une roue de secours en trop dans cette voiture, c’est du marketing, achètes-en une autre ».


Les vraies conséquences sur l’image d’un grand nombre de pixels
La première, et peut-être la seule, chose à retenir c’est que, plus on agrandit une image, plus on accentue ses défauts. Dit comme ça, on peut penser que si le capteur fournit des images plus pixelisés, les images seront plus grandes et on verrait donc toujours plus les défauts. Mais il faut aussi bien se rappeler que vous allez regarder ces images sur un support, écran ou papier, qui n’affichera pas souvent tous les pixels de votre image à leur taille « réelle ». Pour ceux qui l’ignorent, un écran FullHD n’affiche sur sa surface que 2MP, 8MP pour un écran 4K qui est aussi environ ce que demandera un tirage A4 pour afficher une très haute qualité. Petite précision, pour un tirage on parle de résolution car il ne s’agit pas d’un nombre total de pixels mais d’un nombre de points par pouce, ppp ou dot-per-inch en anglais, donc le fameux dpi. Mais avec un calcul mathématique on peut définir la définition que devra avoir une image pour avoir une résolution de très haute qualité sur un tirage (généralement entre 250 et 300dpi).
Vous comprenez bien que quand vous affichez votre image de 24MP en plein écran sur un FullHD, vous ne voyez pas une image de 24MP mais de 2MP, ce qui équivaut à réduire la taille réelle de l’image. Or, sachez que par rapport à la première phrase que je vous ai mise en évidence dans le paragraphe précédent, la réciproque est aussi vraie. C’est-à-dire que, que vous ayez un capteur plein format de 24 ou de 50MP, l’image que vous afficherez équivaudra à un capteur plein format de 2MP. Bien sûr, si vous zoomez dans l’image, vous l’agrandirez et la qualité d’image, en particulier la sensation de détails et le bruit numérique, sera impactée. Mais la qualité sera autant affectée avec l’un qu’avec l’autre à agrandissement égal, du moins s’ils ne sont pas séparés de plusieurs générations d’écart. Ce qui veut dire qu’à agrandissement égal, la montée en ISO et le niveau de détails dans l’image seront au moins égaux avec les deux capteurs sur le niveau de détails, et vous constaterez également que le flou de bougé ne se voit pas plus sur l’un que sur l’autre…Tout comme vous constaterez qu’à temps de pose et ouverture égaux, pour avoir la même exposition, vous devrez utiliser la même sensibilité ISO ce qui confirme donc que les photosites du 50MP, bien que plus petits, n’ont pas capté moins de lumière mais autant que ceux du 24MP.
Pour faire simple, tant que vous regardez les images sur le même support avec le même agrandissement, la qualité entre 2 capteurs de même taille sera quasiment la même, peu importe que l’un fasse 10MP et l’autre 100. De même que si un objectif vous convenait sur un capteur moins pixelisé, il ne vous faudra donc pas non plus d’objectif plus haut de gamme parce que vous prenez un capteur plus pixelisé. En tout cas, tant que ce support ne « requiert » pas plus de 10MP, ce qui est le cas des écrans FullHD ou 4K et des tirages A4 ou inférieurs. En revanche, si vous regardez votre image sur un support affichant plus de pixels que l’un des 2 capteurs, par exemple un écran 8K (32MP), là vous verrez une différence mais en défaveur du capteur de 10MP car pour visualiser en plein écran, il devra « inventer » des pixels pour afficher ceux que l’image n’a pas. Les tirages papiers requièrent toujours le même nombre de pixels, il était préconisé 8MP pour un A4 de très haute qualité il y a 10 ans, c’est toujours le cas aujourd’hui et ça le sera toujours dans 10 ans. En revanche, même si les écrans sont de même taille physique, leurs définitions évoluent ce qui signifie qu’une image de 12MP sera à l’aise avec un écran FullHD ou 4K mais commencera à « souffrir » sur un 5K et encore plus sur un 8K. Opter pour un appareil avec un capteur plus pixelisé assurera une pérennité relativement plus grande à vos images.

Le cas de la vidéo
L’une des bonnes raisons de privilégier un capteur ayant moins de pixels, en-dehors de celles évoquées précédemment en rapport avec le poids des fichiers, serait un usage vidéo mais qui soit relativement intensif. En effet, les appareils qui ont un capteur disposant de beaucoup de pixels peuvent toujours faire des vidéos de bonne qualité qui, pour un usage « classique », seront largement suffisantes.
Cependant, pour filmer en 4K par exemple, les capteurs n’ont pas besoin de plus de 10MP (8MP mais, avec le ratio 16:9 en vidéo, on perd une partie du capteur). En fait, plus les capteurs ont de pixels par rapport à la définition de la vidéo plus il y aura besoin de traitements pour mettre à l’échelle, voire un crop de l’image qui réduira la qualité en plus de faire perdre du champ de vision. De plus, cela augmente les phénomènes de rolling shutter (image qui se déforme lors de travelling rapides, par exemple), rend plus compliqué la possibilité d’obtenir des fréquences d’images rapides comme les 120fps et les traitements compliqués et lourds nécessaires pour mettre l’image à l’échelle de la vidéo provoquent plus rapidement des risques de surchauffe.
Finalement, plus ou moins de pixels ?
A ce stade, vous devez vous demander « pourquoi prendre un capteur avec moins de pixels si ça n’altère pas la qualité d’image ? ». Bien qu’effectivement, une partie des idées évoquées dans le 1er paragraphe se soit finalement révélée fausse, d’autres restent vraies et sont pour la plupart liées aux poids des images réalisées avec ces capteurs plein de MP. En effet, plus de pixels implique des fichiers plus lourds donc ils mettront plus de temps à être enregistrés, transférés et traités.
Concrètement, cela signifie que l’appareil sera généralement plus limité en rafale, qu’il faudra une carte mémoire de plus grosse capacité, que le temps de transfert entre la carte et l’ordinateur sera plus long et que les traitements et conversions effectués sur logiciels mettront plus de temps à s’afficher et à s’enregistrer. Vous pourrez réduire le temps d’affichage et de traitement avec un ordinateur plus puissant mais qui sera par conséquent plus coûteux. Et comme dit plus haut, les appareils bourrés de pixels sont rarement les plus accessibles alors entre ça, les objectifs que vous penserez devoir leur coller et l’ordinateur que vous estimerez devoir acheter pour avoir des temps de traitement « acceptables », vendre un rein ne sera pas souvent de trop (pensez à louer des gens de votre famille, si nécessaire, haha !).
Plus de pixels ne dégradera donc pas la qualité d’image, ça imposera néanmoins certaines contraintes notamment financières et si vous avez tendance à faire ce que ceux qui véhiculent les idées fausses sur la qualité font, à savoir zoomer à 100% sans prendre en compte la différence d’agrandissement, ce sera pire car vous vous persuaderez que vos objectifs ne sont pas ou plus bons. Combien de fois on peut lire cette phrase « beaucoup de pixels nécessite des optiques haut de gamme » En réalité, le principe est simple, on vous recommande du haut de gamme à partir du moment où vous achetez un boitier haut de gamme, en APS-C par exemple, on vous dira de prendre de meilleures optiques sur un Nikon D500 que sur un D3400 alors qu’il a un capteur moins pixelisé.
Pour conclure alors ?
Les capteurs très pixelisés permettent donc simplement de plus grands agrandissements, plus on agrandit une image plus on accentue ses défauts et inversement. Leur principal défaut sera donc le poids des fichiers et évidemment le prix. Rappelez-vous cependant que si plus de pixels peut apporter une plus grande pérennité à vos images, actuellement ça ne sera pas visible et quand les écrans augmenteront leur définition, des images de 20-24MP resteront tout à fait acceptables. D’ailleurs, il y a 10 ans, on estimait que 12MP étaient largement suffisants et 24MP étaient inutiles. Aujourd’hui, on estime que 24MP sont suffisants et 50MP inutiles. Qu’estimerons-nous dans 10 ans ?
Et pour finir, n’oubliez pas que les appareils avec des capteurs très pixelisés ne sont de toute façon pas accessibles à la majorité d’entre vous, alors que vous ayez les moyens de les acheter ou non, intéressez-vous d’abord à toutes les autres caractéristiques comme la taille du capteur, les performances de l’AF, la qualité de construction, l’ergonomie, la prise en mains, les fonctions…qui seront très souvent bien plus importantes.
J’espère que cet article, un peu plus technique je l’avoue, vous a plu. Encore une fois, je remercie Alex pour ses précisions et ses corrections. Pour aller plus loin dans l’apprentissage, pourquoi ne pas venir lire l’intérêt du RAW et du Jpeg en photo ?
Sylvain
Coucou à vous.
Toutes les précautions sont nécessaires pour notre entourage, y compris nous autres pour bloquer la route à la propagation du corona.
toujours bien reçu les articles en photographie,raison de plus Plusieurs d’entre nous comme photographe ont reçu de formations ancienne en matière de la photographie.
Donc de nouvelles options ,technologie et d’autres applications nous écharpe,ou sans connaissance voir les amateurs. ….
Les articles sont des rattrapages, alors profitez d’en parler.
Merci 🙂
Sylvain
Merci beaucoup Sylvain !
Ton article est très intéressant. Je suis mi-débutante en photographie. J’en ai fait à l’occasion, mais à la retraite ce sera vraiment cette passion que je vais recommencer.
Nous devions être en Polynésie en avril mais bon partie remise 😉
Coucou Sylvie,
Merci de ton message. Oui Avril sera compromis c’est sûr vu la situation. Partir remise alors 😉
Sylvain