Test complet du Sony FE 20 mm f/1.8 G
À la suite du test du Tamron FE 20mm f/2.8, voici celui d’une optique que l’on ne peut pas qualifier de concurrent direct, mais couvrant la même focale que le Tamron, le Sony FE 20mm f/1.8 G. Testée sur A7RIV et A7III, je vais donc pouvoir vous faire un retour sur le terrain avec deux boîtiers de définitions différentes, puisqu’ils ont respectivement 61 et 24MP.
On ne peut pas qualifier ce test de technique, pas de mire, pas de mur de briques (ou presque) ni de chiffres précis, car d’autres testeurs l’ont fait avec (voire parfois sans) un matériel adapté. En réalité, la plupart du temps, ces tests ne rendent pas vraiment compte de la vérité du terrain et les résultats dépendent souvent de la méthodologie et du traitement.
Les images que vous verrez ici sont donc issues des fichiers RAW développés ensuite par DxO Photolab 4 avec un rendu de couleurs standard. Seules les corrections de défauts optiques seront activées, exceptées sur les images qui serviront à constater l’effet de ces corrections dans la galerie. D’ailleurs, si vous ne connaissez pas encore le logiciel, je vous invite à télécharger le logiciel et le tester durant 30 jours gratuitement.
Je précise aussi qu’il ne s’agit pas d’un partenariat avec Sony. J’ai entièrement payé mon objectif et mon avis et ressenti sur cet objectif grand-angle demeure objectif (sans mauvais jeu de mots, haha).

Je te propose de découvrir mes packs de fiches photo pratiques. C'est un moyen simple, sympa et ludique pour apprendre et progresser en photographie, en particulier sur le terrain !
Présentation de l’optique
Commençons par détailler les spécifications techniques de cet objectif photo, ce qui sera rapide puisqu’il vous suffit d’aller sur le site officiel de Sony pour les retrouver.
Détails | Visuel |
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En mars 2020, Sony a mis à disposition de ses utilisateurs d’hybrides plein format ce 20mm f/1.8. Sorti à un tarif de 1100€, il a baissé depuis et peut désormais se trouver autour de 950€. Issue de la gamme G (Gold), l’optique se montre cependant d’un niveau de construction similaire au plus haut de gamme GM (Gold Master) de Sony, la seule différence se trouvant sur la pastille G gravée sur l’optique, qui n’est pas cerclée de rouge comme les GM. Il n’est pas impossible que Sony prévoit d’ici peu de proposer un 20mm f/1.4 qui aura droit à l’appellation Master.

D’ailleurs, si vous souhaitez aller plus loin dans vos recherches, n’hésitez pas à regarder notre page complète qui liste toutes les optiques disponibles pour les boîtiers Sony plein format.
La focale 20mm sur un capteur plein format correspond à un grand-angle, voire un ultra grand-angle, permettant de couvrir un large champ de vision, idéal pour capturer de grands espaces ou de grands monuments. Ce sera donc une optique très adaptée pour photographier des paysages et de l’architecture, mais elle permet également des prises de vue très proches qui déformeront les perspectives afin de donner du relief à de petits éléments. Son ouverture maximale est aussi intéressante pour l’astrophotographie et elle offre beaucoup d’attraits pour la vidéo. Cependant, on ne recommande pas particulièrement cette longueur focale pour des portraits, l’ensemble ayant tendance à déformer l’image (mais c’est possible en faisant attention à votre cadrage et placement).
Son ouverture maximale de f/1.8 permet d’être à l’aise dans les situations où la luminosité manque ainsi que pour augmenter le flou d’arrière-plan sur les prises de vue rapprochées. Même si beaucoup de photographes de paysages préfèrent maximiser la profondeur de champ en utilisant des petites ouvertures comme f/5.6 ou f/8, une grande ouverture peut permettre de légèrement flouter les éléments à l’horizon pour concentrer un peu plus l’attention sur des éléments du premier plan. Combinée à la stabilisation du capteur des boîtiers Sony Alpha récents, elle permet de shooter à main levée à des temps de pose relativement longs, de l’ordre du 1/5ème de seconde (voire plus).
Ergonomie, design et prise en mains
Comme évoqué plus haut, la construction de ce 20mm est en tout point similaire à celle d’un GM plus haut de gamme (au pire, entourez le G au marqueur rouge, ça fera la blague ;)). Le fût en alliage de magnésium respire la solidité, et sa construction tout temps le pare à affronter des conditions difficiles tout en assurant sa fiabilité. Sony n’a pas laissé la conception optique en reste puisqu’il embarque, entre autres, 2 lentilles AA et 3 lentilles ED ainsi qu’un revêtement Nano AR et fluor, assurant une meilleure transmission de la lumière, réduisant les défauts comme les aberrations chromatiques ou les reflets, améliorant le contraste, la clarté et le rendu global de l’image, et offrant une résistance à l’eau, la graisse, les empreintes et autres sur la lentille frontale. Le diaphragme circulaire à 9 lamelles assure un bokeh plus doux et harmonieux quand il est fermé.
Bien qu’il soit plus lourd que le Tamron testé précédemment, son poids de 373g reste équilibré par rapport à la plupart des boîtiers plein format Sony pesant entre 600 et 700g (il sera plus déséquilibré sur l’A7C). On ne peut pas le mettre dans sa poche, mais il reste assez compact vu ses caractéristiques puisqu’il n’est pas beaucoup plus encombrant que le Tamron, malgré sa grande ouverture.



Sur l’optique, on retrouve une bague de mise au point, une bague de diaphragme, un switch AF/MF, un bouton AF personnalisable et un switch « clickless ». Le switch AF/MF se situe sur la gauche de l’optique quand celle-ci est montée sur le boîtier, donc facile à manipuler avec l’index gauche. Le bouton AF personnalisable permet de maintenir la mise au point mais peut être assignée, via le boîtier, à une autre fonction.
La bague de mise au point est large et très fluide, agréable à utiliser du bout des doigts car elle réagit rapidement. Grâce à la mise au point à réponse linéaire, le contrôle est affiné et intuitif, offrant une belle précision.
La bague de diaphragme est crantée par 1/3, avec les paliers traditionnels indiqués (f/2.8, f/4, f/5.6…) ainsi qu’une position A qui permet de passer en automatique ou de contrôler l’ouverture par une molette sur le boîtier (pour les réfractaires et les non-habitués, puisque beaucoup de débutants en numérique ont peu voire pas connu les bagues de diaphragme).
Le switch clickless, positionné à droite, permet de rendre la bague de diaphragme fluide afin de modifier l’ouverture sans entendre les clicks (d’où « clickless » ahah), ce qui est très pratique, notamment pour la vidéo.
Autofocus
En mode AF-S, l’optique fait très rapidement le point et est très précise et silencieuse grâce aux deux moteurs linéaires XD qui lui permettent de suivre les modules AF des boîtiers sportifs les plus récents comme l’A1 ou l’A9 II. Les boîtiers plus « raisonnables » ne risquent donc pas de limiter les performances AF de l’optique. Si ce dernier hésite, ce sera plus probablement lié à un boîtier trop ancien comme un A7 ou A7R première version.
En mode AF-C, l’AF réagit aussi très rapidement. Le suivi de sujet est très performant et les fonctions d’Eye-AF et Fast-AF accrochent et ne lâchent pas la cible. Avec une optique ayant un champ de vision aussi large, il faudra évidemment être proche du sujet si vous voulez qu’il suive ses yeux. Autrement, ils seront trop petits pour être détectables, mais le suivi des visages prendra alors le relais très efficacement.
En bref, l’optique embarque un autofocus particulièrement fiable et d’une grande réactivité, quel que soit le mode choisi. En AF-C, vous pourrez éventuellement avoir des pompages lors de l’utilisation du suivi combiné à une petite ouverture, mais il s’agit plus d’un inconvénient lié au paramétrage des boîtiers que de l’AF de l’optique.
Qualité d’image
Le rendu global de ce 20mm est très bon. Les images sont nettes et détaillées dans la plupart des cas, à courte ou longue distance. Le centre est toujours d’excellent niveau même sur A7RIV, mais les bords extrêmes sont en retrait à pleine ouverture. Fermer à f/2.8 les améliore grandement et l’image devient homogène à partir de f/4. Le comportement sur A7III est plus homogène vu que l’agrandissement à 100% est moins important, ce qui donnera donc une moins grande différence entre le centre et les bords aux grandes ouvertures.
Concernant le focus breathing, c’est-à-dire un resserrement du cadrage quand on approche de la distance minimale de mise au point potentiellement gênant notamment en vidéo, il est très prononcé mais devient négligeable quand on atteint une distance de mise au point de 1m, ce qui signifie qu’il ne sera en aucun cas une gêne tant que la mise au point est faite sur un sujet situé au-delà de 1m.



En faisant la mise au point sur un sujet proche (certes sans la possibilité « macro » du Tamron 20mm), on peut apprécier un bokeh assez présent aux grandes ouvertures. Celui-ci est bien rond et doux.


Pour tester le piqué de l’optique, j’ai personnellement testé l’objectif sur une scène chez moi (voir ci-dessous).

Le piqué à 100% sur A7RIV (crop du centre de l’image) :
Le piqué à 100% sur A7III :
La diffraction commence à faire son effet très légèrement à partir de f/8 sur les 61MP de l’A7RIV et réduit considérablement le piqué à f/11 et moins, mais moins rapidement sur les 24MP de l’A7III. La plage optimale d’ouverture de cette optique sera donc située entre f/2.8 et f/8, mais fermer à f/4 pour profiter de la haute définition des A7RII/III (et encore plus des A7RIV) offrira une meilleure homogénéité.
La distorsion est très faible, sa correction est donc légère.


Le vignetage sur les optiques Sony est assez fort, la marque ayant privilégié d’autres points comme le piqué et le contraste de l’image ou les dimensions de l’optique, en partant du principe que ce défaut sera corrigé par logiciel. On observe donc un fort vignetage à toutes les ouvertures.
Les aberrations chromatiques sont tellement inexistantes que je ne vois pas l’intérêt de mettre des images, ce n’est vraiment pas un problème.
Voici l’évolution du vignettage de la pleine ouverture à la photo corrigée sous Dxo Photolab.
Le traitement antireflet et les lentilles ED font un bon travail sur le flare. On peut distinguer des halos arc-en-ciel discrets, que ce soit avec ou sans pare-soleil, même si je recommande son usage avec un grand-angle de ce type pour limiter les risques.

La coma et l’astigmatisme sont bien maîtrisés, rendant cette optique apte à l’astrophoto, même s’il vaudra mieux fermer un peu le diaphragme pour réduire encore un peu ces défauts sur les bords de l’image. Le gain de f/1.8 à f/2.8 n’est pas énorme, comme montré ici, car f/1.8 est déjà très bon. On voit que ces défauts s’amenuisent à mesure qu’on se dirige en bas à droite vers le centre de l’image (qui est pourtant encore assez loin).


Voici un bord extrême de l’image pour tester la coma
En fermant le diaphragme, les sources de lumière affichent un effet d’étoile à 18 branches bien défini à f/11.


Alternatives
Le 20mm f/1.8 G de Sony demandant un certain investissement et un usage spécifique, il sera donc judicieux de bien déterminer vos exigences avant de vous décider à l’acheter. Pour vous aider à faire votre choix, voici quelques alternatives intéressantes selon votre usage :
- Le 20mm f/2.8 de Tamron, testé précédemment, semble le plus évident puisqu’il partage la même focale. Celui-ci a cependant des caractéristiques très différentes. Il sera peut-être plus adapté si vous cherchez un très grand angle léger pour voyager et si vous n’exigez pas une très grande ouverture. Sa qualité optique, son AF, ses fonctions et sa construction sont inférieurs au Sony, mais il est plus léger et bien moins cher, avec un rapport 1:2.
- Les zooms couvrant la focale 20mm, autrement dit les Sony 12-24mm f/2.8 et f/4, les Sony 16-35mm f/2.8 et f/4, le Tamron 17-28mm f/2.8 et le Sigma 14-24mm f/2.8 Art. Aucun ne propose l’ouverture du 20mm Sony, et ils sont généralement moins bons optiquement. Les Sony sont, de surcroît, extrêmement chers, en particulier les f/2.8 (plus de 2000€ pour le 16-35mm et plus de 3000 pour le 12-24mm !). Dans le budget du 20mm Sony, on retrouve notamment les 14-24 et 17-28 f/2.8 de Sigma et Tamron, le premier étant de très bonne qualité optique et de bonne construction, tandis que le second est relativement léger et compact. Si vous cherchez de la polyvalence, vous devriez plutôt vous tourner vers ces zooms. D’ailleurs, nous venons de rédiger et publier notre test complet du Tamron 17-28mm f/2.8 !
- Les focales fixes proches de 20mm, comme les 18 ou 24mm. Il y a peu d’options en 18mm : un Samyang pas cher et un Zeiss Batis, beaucoup moins abordable, qui n’ont pas la qualité du Sony. En 24mm, en revanche, il y a pas mal de choix intéressants comme le 24mm f/1.4 GM de Sony (si vous avez le budget), le 24mm f/1.8 Samyang assez bon et abordable, le 24mm f/2 Sigma également très bon et dans le même ordre de prix que le Samyang, et le 24mm f/2.8 Tamron, qui est le plus abordable et offre une très bonne qualité d’image.
Pour la vidéo, le 20mm de Sony est probablement le plus intéressant de toutes ces options, avec son poids relativement léger compte tenu de son ouverture max, son très bon AF et sa bague de diaphragme déclicable (seul le 24mm f/1.4 GM en possède une).
Si vous avez un hybride Sony APS-C comme l’A6100, ce 20mm est compatible puisqu’il utilise la même monture. Sony propose une option en focale fixe pour un 20mm, le Sony E 20mm f/2.8, un objectif pancake qui a surtout son intérêt pour sa compacité et sa légèreté. Il est évidemment bien moins cher que le 20mm f/1.8 G testé ici mais ils ne sont pas de la même gamme et ne proposent pas les mêmes performances. La version APS-C f/2.8 sera donc surtout un meilleur choix si vous ne cherchez pas une qualité maximale.
Le Sony FE 20mm f/1.8 G en résumé
Avantages | Inconvénients |
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Conclusion
En conclusion, peu de choses à reprocher à cette très belle optique Sony. Certains sont épatés par son poids et sa compacité, mais pour avoir utilisé plusieurs années le 20mm f/1.8 de Nikon, je le trouve assez similaire, même si on peut féliciter Sony d’avoir réussi à obtenir ce poids avec un fût moins « plastique » que le Nikon.
Encore une fois, je tiens à préciser qu’il faudra un usage spécifique pour dépenser près de 1000€ dans cette focale fixe. Mais si vous en avez l’usage, elle vous donnera entière satisfaction. Si vous faites principalement de la photo à petites ouvertures, comme beaucoup en paysages, vous trouverez probablement plus attrayants le 20mm Tamron ou les zooms f/2.8 Tamron et Sigma. Si vous voulez faire de la vidéo, ce 20mm est excellent (très apprécié pour les vlogs), tout comme il l’est pour l’astrophoto. En tout cas, pour de la photo de paysages et des plans larges, vous ne pouvez pas être déçu par cette optique.
Comme on le précise de plus en plus maintenant, si vous avez aimé ce test complet de l’optique, vous pouvez passer par les liens ci-dessous lors de votre achat. C’est un moyen simple de soutenir notre travail et notre blog, sans que cela ne vous coûte évidemment plus cher.
Pour information, nous avons mis en place un travail collaboratif avec Alex, un nouveau venu par ici, passionné de photo. C’est lui qui est à l’origine de cet article, et nous allons ainsi de plus en plus collaborer pour proposer de nouveaux tests d’objectifs, en particulier pour la monture E de chez Sony ! D’autres tests vont suivre, dont le Tamron 17-28mm f/2.8, le Tamron 24mm f/2.8 et bien d’autres !
J’espère que ce test vous a plu, et n’hésitez surtout pas à nous laisser un petit commentaire, cela fait toujours plaisir !
À bientôt pour un nouveau test !
Sylvain (et Alex)