On a testé le Tamron 24 mm f/2.8 Di III OSD M1:2
En octobre 2019, Tamron a sorti 3 focales fixes plein format pour monture E de Sony, les 20, 24 et 35mm f/2.8, qui se caractérisaient par des dimensions similaires et une taille de filtre identique. Après avoir testé ici le Tamron FE 20mm, c’est aujourd’hui au tour de la version 24mm montée, comme le 20mm Sony, sur A7RIV et A7III, afin de voir son comportement devant 2 capteurs de différentes définitions.
Là encore, ce n’est pas ce qu’on peut appeler un test technique rempli de mires et de chiffres indigestes, ce qui demande un matériel particulier – bien qu’il faille en passer par là pour illustrer certains défauts optiques. Je vous propose plutôt de vous montrer comment l’optique se comporte sur le terrain et ce qu’on peut en attendre.

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Les images affichées sont issues de RAW développés avec le logiciel DxO Photolab 4, réglé sur le rendu de couleurs standard avec les corrections de défauts optiques activées, excepté sur les images qui serviront à mettre en évidence les défauts en question ainsi que sur les images illustratives qui pourront avoir des traitements personnalisés.
Présentation de l’optique
Les caractéristiques techniques du 24mm sont assez proches de celles du 20mm de la marque, que vous pouvez retrouver sur notre blog ainsi que sur leur site officiel.
Détails | Visuel |
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Sorti au prix de 350€, le 24mm f/2.8 de Tamron est descendu jusqu’à 200€. Un tarif très agressif, même pour un 24mm à ouverture f/2.8. Le marché des 24mm plein format chez Sony est assez fourni, avec un f/1.4 Sony GM, un f/2 Sigma ou f/3.5, un f/1.8 et surtout un f/2.8 Samyang. Cette baisse de prix est probablement due à ce dernier, tarifé autour de 250€ et dont Tamron a voulu faire concurrence, de la même manière qu’ils ont baissé leur 35mm au même prix pour concurrencer le Samyang.


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Face au Samyang, comme face à l’ancien Nikon AF-D que j’utilisais, son poids et ses dimensions ne sont pas particulièrement raisonnables. Mais il faut pondérer cela avec le fait que le Tamron a, contrairement au Nikon, un moteur AF et un rapport de grossissement de 1:2, contrairement aux 2 autres. Sa formule optique est également plus complexe, ce qui laisse présager de meilleurs résultats – le Samyang et l’ancien Nikon ayant beaucoup de défauts, en particulier dans les coins.
La focale 24mm sur Full frame format est le grand-angle par excellence, prisé par beaucoup de photographes de paysages, de reportages, voire de photos de rue. C’est la focale de départ de la plupart des zooms standards comme les 24-70 et 24-105mm, et un incontournable de tous zooms grand-angle, du 12-24 au 16-35mm en passant par les 14-24 et 17-28mm. D’ailleurs, à ce sujet, nous venons de publier le test du Tamron 17-28mm f/2.8, un zoom grand-angle intéressant à considérer si vous cherchez un objectif de qualité et polyvalent.
Son ouverture maximale de f/2.8 reste limitée, mais c’est le prix à payer pour… ne pas avoir un prix plus lourd. Ce ne sera donc pas l’optique à privilégier pour les situations de basse luminosité ou pour réduire la profondeur de champ. Cependant, pour ceux qui aiment maximiser la profondeur de champ en utilisant des ouvertures autour de f/5.6, ce sera un allié de choix. Bien que certains zooms couvrant la même focale proposent la même ouverture, ils ne sont pas proposés au même prix et sont également bien plus lourds et encombrants. Personnellement, un petit 24mm f/2.8 m’a souvent accompagné lors de mes voyages. De plus, avec les hybrides récents, la stabilisation du capteur compense souvent l’ouverture limitée pour les sujets statiques à main levée, permettant des temps de pose de l’ordre du 1/5ème de seconde.
Ergonomie, design et prise en mains
Ce 24mm offre exactement le même design et la même prise en mains que le 20mm de la même marque. On retrouve donc une construction plastique mais de bonne qualité, épurée de tout confort haut de gamme puisqu’il n’y a aucun switch AF/MF, aucune bague de diaphragme et aucun bouton AF personnalisable. Les lentilles LD et le revêtement BBAR de Tamron permettent de réduire efficacement les aberrations chromatiques et les reflets. Le diaphragme circulaire à 7 lamelles assure un flou d’arrière-plan doux et rond, bien que les meilleures optiques aient un diaphragme à 9 lamelles voire plus, mais pour une focale fixe ouvrant à f/2.8, cela s’avèrera souvent suffisant. En particulier pour une optique plutôt orientée paysages, puisqu’on l’utilisera à de petites ouvertures avec une grande profondeur de champ, et donc peu de bokeh.
Son poids et ses dimensions sont similaires au 20mm testé précédemment sur notre blog, il est donc aussi léger et compact, bien que le Samyang le soit encore plus. Face à mon ancien Nikon, il est moins compact mais paradoxalement plus léger (le Nikon avait une conception plus métallique). Il sera donc aussi bien équilibré avec les boîtiers plein format Sony, y compris l’A7C et les APS-C sur lesquels il donnera le champ de vision d’un 35mm. Sa construction tout temps permet de l’emmener dans toutes les conditions, Tamron étant coutumier du fait ces dernières années.

Voir le test du 20mm Sony pour l’image comparative avec celui-ci
La bague de mise au point est large et agréable à manipuler, mais moins fluide que celle du 20mm Sony. L’optique est compatible avec la fonction DMF de Sony, ce qui permet de reprendre la mise au point manuelle à la volée après avoir utilisé l’AF sans devoir passer par un menu. Il faudra cependant passer par le menu pour utiliser l’optique uniquement en manuel, étant donné l’absence de switch AF/MF, ou bien associer un raccourci pour cette fonction sur le boîtier.
L’absence de bague de diaphragme oblige à passer par le boîtier pour modifier l’ouverture, ce qui sera un frein pour un usage en vidéo.
Autofocus
En mode AF-S, l’optique n’est pas très rapide. Elle fait également un peu de bruit. Ce n’est clairement pas du niveau des récents Sony G et GM, la faute probablement au moteur OSD vieillissant qui n’est pas adapté aux hybrides. Malheureusement, Tamron a choisi de mettre ce moteur sur ses 3 focales fixes pour Sony, ne les rendant donc pas particulièrement rapides. Mais on pourra se consoler en se disant qu’avec un 20 ou un 24mm en plein format, on ne fera pas de la photo d’action mais plutôt des sujets fixes pour lesquels la rapidité d’AF ne sera pas une nécessité.
En mode AF-C, cependant, l’optique est compatible avec les fonctions d’Eye-AF et Fast-AF. Néanmoins, l’optique manque toujours de réactivité et le suivi n’est pas des plus véloces. En situation de reportages, ce sera un handicap et il vaudra mieux voir du côté des Sony, Sigma ou Samyang, même si ce sera encore plus critique sur le 35mm que sur ce 24mm.
Une chose à noter : l’optique n’est pas compatible avec le mode silencieux de l’ouverture. Les boîtiers Sony proposent une option pour que le diaphragme s’ouvre ou se ferme en temps réel selon l’ouverture réglée (par exemple, si vous réglez l’appareil à f/8, le diaphragme se met à f/8 et y reste). Comme les petites ouvertures laissent passer moins de lumière et réduisent les performances de l’AF, en mode standard (et en priorité AF sur certains boîtiers comme l’A7RIV), le diaphragme s’ouvre plus grand si nécessaire pour aider à la mise au point. Par exemple, si f/8 n’est pas assez lumineux pour l’AF, il ouvrira à f/4 le temps de la mise au point puis se fermera à f/8 au déclenchement, ce qui provoquera du bruit. Ce 24mm Tamron ne peut donc pas être utilisé en mode silencieux.
En bref, même si l’AF sur un 24mm n’est pas un point critique pour la plupart des usages, dans les cas où vous chercherez un 24mm rapide et réactif pour du reportage ou de la vidéo, ce Tamron ne sera pas le meilleur choix. Pour un usage classique de paysages, d’architectures ou en mise au point manuelle, ses autres atouts compensent largement ce défaut.
Qualité d’image
La qualité est très bonne, et surtout homogène, sur l’ensemble de l’image. On a des détails bien nets sur tout le champ dès la pleine ouverture, même à 100% sur 61MP, bien que les bords à pleine ouverture souffrent un peu plus – là où le Samyang et l’ancien Nikon (qui avait déjà du mal sur un capteur de 24MP) semblent être beaucoup moins à l’aise.
Pour le focus breathing (cadrage qui se resserre à mesure que l’on s’approche de la distance minimale de mise au point, souvent indésirable en particulier pour la vidéo), il est important mais ne commence à devenir vraiment visible qu’à partir d’une distance de mise au point inférieure 40cm, pour les distances de mise au point au-delà de 40cm il sera insignifiant.



En faisant la mise au point sur un sujet proche et grâce à la courte distance minimale de mise au point, on peut apprécier un bokeh rond et doux aux grandes ouvertures, même s’il faudra faire attention aux ombres portées par l’appareil.


Le piqué à 100% sur A7RIV :
Le piqué à 100% sur A7III :
La plage optimale de cette optique sera située entre f/4 et f/8, voire f/2.8 à f/11 sur les 24MP d’un A7III, par exemple. Au-delà, la diffraction floute les détails de façon trop importante. À pleine ouverture, l’image reste excellente mais certains défauts comme le vignetage sont à leur maximum.
La distorsion est importante et nécessitera donc une correction, fournie par le boîtier en JPEG ou par un logiciel de traitement.


Le vignettage est très présent, ce qui est un peu dommage quand on voit le diamètre de l’optique en comparaison de celui du diaphragme, mais ce n’est pas inhabituel sur les optiques pour hybrides modernes. On aura donc un vignetage important à pleine ouverture qui se réduira en fermant le diaphragme, mais sans jamais disparaitre complètement.
Les aberrations chromatiques peuvent être visibles mais disparaissent rapidement avec la correction logicielle du boîtier ou d’un logiciel de traitement, comme Lightroom ou DxO Photolab (celui que j’utilise).


Le traitement BBAR de Tamron fait là encore un excellent travail, comme sur le 20mm de la marque, à tel point que je ne vois pas de raison de mettre des images concernant le flare.
La coma et l’astigmatisme sont bien maîtrisés, rendant cette optique apte à l’astrophoto malgré l’ouverture limitée à f/2.8. Le gain de f/2.8 à f/4 est imperceptible.


En fermant le diaphragme, les sources de lumière prennent un effet d’étoile à 14 branches, mais il n’est pas très défini.


Au rapport 1:2, puisque les focales fixes Tamron en monture E proposent cette possibilité, on a une qualité d’image beaucoup moins bonne ce qui n’a rien d’étonnant pour un objectif qui n’est pas macro à la base. Il vaudra mieux fermer à f/5.6 pour avoir du détail au centre et carrément à f/11 pour les bords qui sont très en retrait. F/8 sera plus indiqué quel que soit le boitier pour utiliser cette fonctionnalité avec le 24mm Tamron.

Voici les résultats au centre de l’image, à 1:2 donc.
Et au bord, toujours à 1:2.
Alternatives
Dans la valse des 24mm, il y a à boire et à manger : de f/2.8 à f/1.4, de 200 à 1500€ et de 100 à 450g… Et encore, je ne compte pas les zooms ! Je me contenterai d’évoquer les focales fixes et les zooms les plus intéressants à mon sens.
- Le 24mm f/2.8 de Samyang est le concurrent le plus direct, présente une meilleure compacité mais est légèrement plus cher. Il a cependant des performances optiques inférieures et n’a pas un rapport macro de 1:2.
- Le 24mm f/1.8 de Samyang, plus performant mais lui aussi plus cher (environ 500€) que la version f/2.8. Il n’est pas plus lourd ni beaucoup plus encombrant que le Tamron, a une plus grande ouverture maximale et un bouton de raccourci pour l’astrophoto. Un excellent choix si vous pouvez vous permettre la différence de prix.
- Le 24mm f/2 de Sigma, sorti récemment, positionné autour de 600€. Il offre une très bonne qualité d’image mais surtout une qualité de construction supérieure aux Tamron et Samyang, avec une bague de diaphragme et un bouton AF personnalisable. Sa construction métallique implique cependant un poids plus important.
- Le 24mm f/1.4 GM de Sony, la référence haut de gamme du moment, et pour certains le meilleur 24mm jamais conçu. Son prix est également haut de gamme : autour de 1350€, justifié par sa qualité de construction, ses performances optiques, son AF et ses fonctions (bague de diaphragme déclicable, switch AF/MF et bouton AF personnalisable).
- Les zooms Sigma 14-24mm, 24-70mm f/2.8 Art Sigma et 17-28mm f/2.8 Tamron. Les Sigma sont bien conçus, dignes du haut de gamme, avec bouton AF personnalisable et switch AF/MF, mais ils sont lourds, alors que le Tamron est plus plastique et simple mais aussi plus léger.
- Le 24mm f/2.8 G de Sony, sorti en même temps que les 40 et 50mm f/2.5 G, conçu pour proposer un 24mm léger et compact avec une construction haut de gamme, bague de diaphragme décliquable et bouton personnalisable, disposant d’un excellent AF et une bonne qualité d’image pour 620€ même si le Tamron semble être un cran au-dessus sur ce point,
- Pour les utilisateurs d’hybrides APS-C Sony, utilisant la même monture E que les plein format et peuvent donc être associés à ce 24mm, il offre une bonne option également puisque la seule focale fixe de même focale est le 24mm f/1.8 Zeiss largement plus cher. Il y a cependant d’autres objectifs proposant une ouverture f/2.8 et couvrant la focale 24mm pour ces APS-C, en particulier les 16-55mm G Sony et 17-70mm f/2.8 Tamron mais surtout le 18-50mm f/2.8 Sigma qui coûte moins cher que les autres zooms et un peu plus que le 24mm Tamron mais proposant une plage focale bien plus polyvalente.
Pour la vidéo, le 24mm f/1.4 de Sony est probablement le plus intéressant de toutes ces options compte tenu de son ouverture max, son très bon AF et sa bague de diaphragme déclicable, mais la version f/2.8 G sera aussi intéressante pour cette usage si l’ouverture f/2.8 vous suffit
Conclusion
Avantages | Inconvénients |
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Pour conclure, Tamron propose là une belle option pour les utilisateurs de boîtiers Sony. Tous ceux qui avaient l’habitude de se balader avec un 24mm f/2.8 plein format sur leur reflex Nikon ou Canon savent ce dont je parle : un 24mm assez léger, polyvalent, compact et proposant une bonne qualité d’image peut s’avérer un compagnon de choix pour photographier vos souvenirs de voyages.
Pour son prix, je ne vois pas vraiment de raison de préférer le Samyang, qui est moins bon à mon sens (quitte à vouloir du « pancake », autant passer à un format inférieur ou à un compact expert). Mais si vous voulez vraiment vous démarquer des zooms f/2.8 ou avoir un 24mm avec un bon AF pour le photoreportage, il vaudra mieux débourser un peu plus et vous tourner vers les f/1.8 Samyang et f/2 Sigma.
J’espère que vous avez trouvé le test utile et qu’il vous aidera dans votre décision d’achat. À ce propos, si le test vous a plu et que vous souhaitez soutenir notre blog et notre travail, n’hésitez pas à passer par les liens de cet article pour finaliser votre achat. C’est un moyen simple de nous aider, sans que cela ne vous coûte plus cher, et de nous permettre de continuer à écrire d’autres articles !
Si vous souhaitez continuer la lecture, je vous invite à venir lire le test complet de notre Sony 20mm f/1.8 G, un objectif grand-angle de très haute qualité pour les boitiers plein format.
À bientôt,
Sylvain (et Alex)