L’histogramme en photo, tout comprendre
Si vous débutez en photographie depuis quelques temps, il y a fort à parier que vous avez déjà entendu le terme d’histogramme photo. Vous en avez peut-être déjà aperçu sur un logiciel de retouche photo de type Photoshop ou Lightroom, voir sûrement sur votre appareil photo reflex. Afin de comprendre cet article un peu plus technique, il vous faudra maitriser au préalable la notion d’exposition en photo et tous les éléments qui la constitue (sensibilité ISO, vitesse d’obturation et ouverture du diaphragme). Pourquoi ça ? Tout simplement car l’histogramme d’une photo vous permet d’appréhender en un coup d’œil l’exposition de votre image.
On peut le considérer comme un moyen simple et visuel pour vérifier sur le terrain (directement après la prise de vue) les tons de votre photo. Pour parler simplement, ma photo est-elle trop sombre ? Surexposée ? Mon ciel est-il trop blanc ? Ces ombres sont-elles trop noires ? Voilà le type de question auxquelles peut répondre en l’espace de 5 secondes un histogramme.
Alors oui, à l’ère de la photographie numérique et du traitement d’image poussé sur les logiciels, il est toujours possible de corriger les choses sur votre ordinateur. Mais je pense toujours que, quand c’est possible, autant faire les choses lors de la prise de vue. Je préfère largement m’appliquer sur ma photo de paysage devant un paysage de rêve (ou ma photo de nuit) que de passer du temps à corriger une erreur en post production sur un ordinateur que j’aurai pu corriger avant, pas vous ?


Je te propose de découvrir mes packs de fiches photo pratiques. C'est un moyen simple, sympa et ludique pour apprendre et progresser en photographie, en particulier sur le terrain !
Qu’est ce que l’histogramme et à quoi ça sert ?
On peut considérer l’histogramme d’une photo comme son adn (ou presque), sa représentation graphique en quelque sorte. Pour faire simple, l’histogramme qui apparait à la suite d’une photo est là pour vous présenter l’ensemble des tonalités de votre photo. Il vous indique clairement de suite si votre photo présente de nombreux tons clairs, tons foncés, zones cramées (trop blanches) ou bouchées (trop sombres).
L’histogramme vous présente en abscisse sur l’axe horizontal (de gauche à droite) la luminosité de votre photo alors que l’axe vertical (en ordonné) correspond à la quantité de pixels de chaque tonalité. En d’autres termes, il vous donne déjà une bonne indication de l’exposition générale de votre photo. Pour casser de suite le mythe, non il n’existe pas d’histogramme parfait comme il n’existe pas d’exposition parfaite…


Deux photos avec des histogrammes probablement opposés, tiré vers les tons clairs (image de gauche) et vers les tons foncés (sur la droite)
Alors, oui, ça peut paraitre un peu abstrait dit comme ça mais en réalité, c’est quand même un outil très utile. Vous allez me dire, je peux regarder tout simplement sur l’écran LCD de mon appareil reflex pour voir l’exposition de ma photo, non ? Oui, c’est vrai, mais selon la luminosité de la scène où vous êtes et le réglage de lumière de votre écran, votre perception de l’exposition de votre photo sera tout simplement faussée. L’histogramme, lui, ne le sera jamais et vous permettra dès la prise de vue de vous rendre compte si votre photo et sur/sous exposée. Vous pouvez ainsi réajuster de suite.
Comment afficher l’histogramme sur son appareil photo ?
Vous vous demandez sûrement comment afficher ce fameux histogramme photo sur votre reflex ? Car c’est finalement ça qui est intéressant, pouvoir l’utiliser sur le vif quand on prend des photos sur le terrain.
Selon le type d’appareil, cet histogramme sera déjà plus ou moins présent dans votre viseur. Je ne rentrerais pas dans le détail des appareils photos hybrides et compacts où vous pouvez généralement voir l’histogramme dans le viseur, à la prise de vue.
Pour les appareils reflex, selon les marques, vous allez devoir appuyer sur la touche INFO ou DISP de votre boitier pour voir apparaître le fameux histogramme. C’est grâce à cette touche que vous pouvez alterner entre les différents types d’affichage de votre écran.
Petit point intéressant aussi à noter, selon le boitier que vous possédez, vous pouvez activer dans les réglages des alertes de surexposition ou de sous-exposition. C’est encore un petit outil supplémentaire vous avertissant d’une anomalie sur votre photo (comprendre : votre photo est bien trop claire ou trop sombre pour parler simplement).
Comment lire un histogramme photo ?
Rentrons dans le vif du sujet, ce qui nous intéresse. Comment lire et comprendre ce fameux outil à notre disposition ? Prenons pour commencer et apprendre, un histogramme lambda. Généralement, on décompose un histogramme en 5 zones distinctes, de gauche à droite :
- Les zones noires et les très basses lumières,
- La zone d’ombre,
- La zone des tons moyens,
- La zone des tons clairs,
- La zone des blancs et très hautes lumières.

C’est donc relativement facile à comprendre, plus votre histogramme vire vers la gauche, plus vous avez des tons sombres et noirs sur votre photo. A l’inverse, un histogramme qui dérive vers la droite représente souvent une photo avec beaucoup de tons clairs, voire blanc.
Si vous comprenez bien la chose, vous allez assez vite saisir que l’histogramme est un très bon outil pour évaluer le contraste de votre scène. Généralement une photo contrastée aura un histogramme qui tirera à la fois vers la gauche (les noirs) et la droite (les blancs).
De manière générale, retenez la chose suivante, on évitera de prendre une photo avec un histogramme qui touche le bord gauche ou droit. Pourquoi ? Car vous avez une photo qui présente soit trop de tons noirs (si l’histogramme est collé à gauche), soit une photo présentant des tons blancs (si l’histogramme vire à droite). Les pixels présents dans ces zones-là sont irrécupérables et ne présentent plus aucun niveau de détail exploitable. Concrètement, on ne voit que noir ou blanc, pas de nuances…On y revient à la fin de l’article. Pour illustrer concrètement l’article, voici quelques exemples de photo et d’histogrammes associés. Si vous débutez en photo et souhaitez évoluer vers un bon reflex d’entrée de gamme pour commencer, regardez par ici !
Une photo sous-exposée
Voici une photo prise durant mon road trip aux USA/Canada, dans le parc national de Banff. La scène est prise au coucher de soleil qui est déjà derrière les montagnes. La scène est donc volontairement sombre. Il s’agit ici d’une pose longue de 10 secondes, mais ce n’est pas le sujet de l’article !


L’histogramme associé à la photo est le suivant. Pour la petite analyse, on peut donc clairement voir que la majorité de la photo présente des tons sombres, l’histogramme étant tiré vers la gauche. La partie sombre de la photo est représentée par les zones d’ombre du lac et des montagnes en fond. La zone forestière est représentée par la zone la plus à gauche de l’histogramme. A remarquer qu’une zone entièrement bouchée (noire sans détail) est présente sur cette photo (les arbres en particuliers). On remarque cependant aussi des tons clairs sur cette image qui sont associés à la partie claire du centre de la photo (coucher de soleil derrière les montagnes) et l’avant plan de la photo (reflet dans le lac).
Une photo surexposée
Bon, je dois avouer qu’il a fallu que j’aille chercher dans mes vieilles photos, à l’époque où je n’y connaissais rien et que je ne faisais que « cliquer ». Voilà une photo qui date de 2006, du fond de l’Islande. Comme on peut le voir, le fond de l’image fait quand même mal aux yeux tellement il est lumineux. Le reste de la photo apparait exposé correctement.

L’histogramme est assez classique d’une photo présentant un bout totalement surexposé. Comme on peut le voir, une partie de l’histogramme est entièrement collé à droite. C’est la retranscription de la zone entièrement blanche (le ciel) de la photo. Cette zone, entièrement blanche est irrécupérable et sans détails. Le pic du milieu correspond lui à la zone de terre sans trop de contraste (peu de zones d’ombres et de noir).

Une photo contrastée
On peut considérer qu’une photo présente un fort contraste dès lors que l’on peut distinguer des zones claires et des zones sombres. Je prends l’exemple d’une photo prise sur l’atoll de Rangiroa où on distingue une zone claire nette (bateau et avant plan) mais aussi une zone plus sombre (feuillage et végétation).


Comme on peut le voir sur l’histogramme ci-dessus, l’ensemble des tons est bien représenté sur l’image. On retrouve bien des zones d’ombres/noires (à gauche) et des tons clairs/blanc à droite. L’exposition apparait correcte, aucune zone n’ayant perdu de détails (trop sombre/trop claire, sous-entendu les bords de l’histogramme ne sont pas touchés).
Une photo sans contraste
Voici un rapide exemple d’une photo présentant un contraste très faible. En effet, l’image est plate et manque de détails. J’ai malheureusement fait cette sortie bateau en altitude trop tard dans la journée où la luminosité était déjà très forte et trop mauvaise pour les photos. La photo est ratée à mes yeux, même si elle n’apparait ni surexposée/sous-exposée.

L’histogramme associé présente une forme caractéristique de photo assez peu contrastée avec un pic sur les tons moyens. En effet, aucunes zones claires ni sombres n’apparaissent dans l’histogramme. C’est possible de légèrement retoucher et améliorer les choses en photo numérique en post-traitement mais (j’ai essayé) cela ne fait pas des miracles, pour un résultat très médiocre.

La même photo – trois histogrammes pour comparer
J’ai souhaité présenter la notion d’histogramme avec la même image pour que vous puissiez voir la différence. Il s’agit d’une image prise dans le parc national de Teton, aux USA. L’image centrale est la photo définitive après traitement, celle « correctement exposée ». J’ai volontairement modifié la photo initiale pour créer les deux autres photo (à gauche et droite).






Si on regarde en détail :
- La photo de gauche est clairement sous exposée. L’histogramme est collé à gauche et il n’y a que très peu de tons clairs et blancs (rien à droite sur l’histogramme),
- La photo centrale est la photo définitive. On peut remarquer que l’histogramme est beaucoup plus étalé sur l’ensemble des tonalités, des tons sombres (gauche) jusqu’aux tons clairs (droite),
- La photo de droite est surexposée. On peut voir que l’histogramme est collé sur la droite et qu’une partie de ce dernier touche le bord droit, signifiant qu’une partie de l’image a perdu ses détails. Ici, certaines zones de l’image seront irrécupérables (trop blanches).
Existe-t-il une forme parfaite d’histogramme ?
Vous devez l’avoir compris maintenant, l’histogramme indique seulement des informations sur l’exposition de votre photo. Comme je le disais en introduction, il n’existe pas d’exposition correcte ou idéale. L’histogramme est donc là pour vous aiguiller sur les tons plus ou moins présents sur une photo et surtout pour vous éviter de trop pousser dans un sens ou dans l’autre (avoir des zones noires ou blanches sans détails). De plus, on peut souhaiter sciemment de surexposer (High key) ou de sous-exposer (low key) une photo dans certaines conditions.
Dernier point, selon les conditions de prises de vue, votre histogramme photo n’aura rien de standard ou de parfait. Je pense particulièrement aux silhouettes, au coucher de soleil, aux photos de concert, aux prises de vue sur la neige, etc.
Comment photographier avec un histogramme photo dans la réalité ?
Quelques conseils pour finir sur l’utilisation concrète de l’histogramme quand vous êtes en situation réelle. Je n’irai pas jusqu’à dire de vous focaliser uniquement sur cet outil. Cela doit rester une aide à la décision pour votre prise de vue.
De manière générale, je conseillerais de travailler en laissant afficher l’histogramme sur l’écran LCD de votre reflex, de manière à pouvoir jeter un coup d’œil rapidement sur la photo sans avoir à cliquer sur les boutons DISP ou INFO à chaque photo.
Servez-vous de cet outil pour jeter un coup d’œil rapide au cliché que vous venez de prendre. Il vous faudra maitriser les bases de l’exposition pour comprendre les modifications à apporter à votre photo pour modifier son rendu. Par exemple :
- Si vous vous apercevez que votre photo est sous-exposée: vous n’avez qu’à modifier les réglages de votre prise de vue pour faire rentrer plus de lumière vers le capteur de votre reflex. Si vous êtes sur un mode semi-automatique (Av par ex chez Canon) : ouvrir votre diaphragme (choisir un f/ plus petit), augmenter le temps de pose (en prenant deux fois moins vite la photo) ou enfin doubler la sensibilité ISO (passer de ISO 200 à ISO 400). Le choix dépendra de votre scène et de votre choix photographique du moment lors de la prise de vue. Il n’y a pas de « bonne ou mauvaise décision »
- A l’inverse, si votre photo est surexposée vous pouvez : descendre d’un cran les ISO (passer de ISO 800 à ISO 400), prendre deux fois plus vite la photo (passer de 1/500 à 1/1000) ou fermer votre diaphragme (choisir un f/ plus grand),
- Autre point, vous pouvez tenter de cadrer différemment la scène, ce qui va modifier forcément l’intensité lumineuse de la scène.

Si vous ne maitrisez pas les trois concepts de l’exposition, je vous renvoie vers l’article complet évoqué en introduction. Dans le cas où l’histogramme ne vous convient pas, il est essentiel que vous compreniez la relation entre les trois paramètres constituant le triangle d’exposition pour modifier le rendu final de votre photo.
A noter que si vous souhaitez photographier avec un des modes semi automatiques, par exemple le mode Av, il vous suffira de modifier un des trois paramètres et l’APN adaptera les deux autres pour vous. Malgré tout, il est possible dans certaines situations particulières que l’appareil n’arrive pas à exposer comme vous le souhaitiez. Ce sera donc l’occasion d’apprendre le mode Manuel (M).
Voilà l’essentiel à retenir sur l’histogramme en photo. J’espère avoir été clair et que vous comprenez maintenant mieux l’utilité de cet outil ? Si vous souhaitez continuer à apprendre la photo, je vous invite à venir voir l’ensemble des articles reprenant les bases en photographie.
A bientôt,
Sylvain
Bonjour Sylvain,
merci beaucoup pour tous tes conseils et explications qui m’aident à bien progresser, c’est cool !
Avec plaisir 🙂
Sylvain
Bonjour.
L’article en lui même est bien rédigé et explicite. Je ne suis pas « d’accord » avec tout ce qui est écrit, ou du moins je trouve que certains passages prêtent à confusion.
Vous ne précisez pas sauf erreur ou omission de ma part que les informations de l’histogramme ne sont fiables que si l’on shoote en raw et qu’il est regardé sur un logiciel de développement. En effet l’histogramme d’un appareil photo numérique affiche un histogramme issu d’un fichier Jpeg ou 50% des informations ont disparus avec la compression du fichier et ce même si l’on shoote en raw. L’histogramme n’est pas un outil de mesure de la lumière, un posemètre/flashmètre oui. L’histogramme est incapable de dire quelle est l’exposition exacte du sujet photographié. Il suffit de regarder l’histogramme d’une photo « low-key « pour en être convaincu: L’histogramme dira que la photo est fortement sous-exposée avec peu de haute lumière. Inversement pour du Heigh-key. Il est également incapable de donner des informations sur le contraste (ombre) d’un portrait par exemple comme pour effectuer un fallof précis.
Vous l’aurez compris, je ne partage pas du tout cette idée de dire qu’un histogramme permet de gérer l’exposition d’une photo, alors que ce n’est pas son rôle qui plus est. En dehors de l’expérience, la seule et unique solution de gérer une exposition avec précision est d’utiliser une cellule à main (flashmètre/posemètre) en lumière incidente et non en lumière réfléchie.
Plus de détail sur mes arguments ici: https://debutant-photographe.fr/cg02-lhistogramme-outil-magique/
Merci à vous pour votre blog qui comme je l’ai dit et bien écrit et intéressant.
Bonjour Marc,
ton message était passé dans les spams. Merci pour ton retour. Je ne précise pas en effet dans le cadre du texte que c’est bien un rendu de l’histogramme en JPEG que l’on voit sur le boitier, et qu’il sera donc légèrement différent une fois importé sous LR ou photoshop, mais de manière générale, on n’est pas loin quand même !
Je n’ai jamais dit ou pensé que l’histogramme permet de donner une exposition exacte de la scène, mais encore une fois, hormis des cas particuliers comme le LK et HK (que le débutant ne connaissent peu), c’est un très bon outil général pour connaître l’idée générale de son exposition. Cela permet d’ajuster le tir à la prise de vue, je le pratique tous les jours dans ce sens-là.
Mais merci de ton retour !
Sylvain
Super, merci 🙂
Très bon article bien expliqué !!!
Merci Denis 🙂
S.
Voilà un article fort bien conçu, bien documenté et bien illustré. J’utilise moi-même beaucoup l’histogramme sur mon appareil, bien qu’il faille avoir conscience du fait qu’il n’est tout à fait exact, c’est une indication, mais pas d’une précision à toute épreuve. Après des tests sur de multiples appareils (reflex Canon, Hybride Panasonic, Full-Frame, micro 4/3, etc…), j’ai pu constater, comme me l’avait conseillé un photographe pro, qu’il n’a qu’une valeur indicative. Le même fichier ouvert sous Lightroom montre souvent un histogramme différent. Ce qui n’est pas une raison pour l’abandonner bien sûr, il faut apprendre à connaitre son matériel en somme…
Bel article, bravo.
Philou (photo-pedago.fr)
Coucou Philou,
Je te remercie de ton passage. Content que tu apprécies l’article 🙂
Sylvain
Salut Philou,
c’est exact, l’histogramme affiché sur le boitier est celui du jpeg fourni par le boitier, selon le format de fichier et les pré-réglages sélectionnés dans un logiciel comme LR ce ne sera plus tout à fait le même.
C’est bien ce qu’il m’en semblait aussi 👍
Salut Sylvain,
Super ton article, il est très bien expliqué, merci pour ce que tu fais!
Je te mets 5 étoiles
ANITA
Coucou Anita,
merci beaucoup pour ton retour ! Content que l’article te plaise et merci pour le 5 étoiles 😉
Sylvain