La mise au point en photo
Après vous avoir parlé de l’exposition en photo et des trois paramètres qui la caractérise, on rentre un cran dans le détail. Pour continuer sur les bases, on va aujourd’hui parler de la mise au point en photo. Si vous n’avez jamais entendu le terme, vous l’utilisez pourtant tous les jours quand vous prenez vos photos. Vous savez, la mise au point c’est quand vous appuyez à mi-chemin sur votre déclencheur pour prendre une photo. Vous voyez ? Cela vous permet notamment de maitriser votre profondeur de champ.

Cet article vous explique tout ce qu’il y à connaitre concernant la mise au point : à quoi elle sert exactement, comment cela fonctionne, quels sont les différents types, différents modes, ou encore la technique de « mise au point-recadrage ».
Après tout ça, vous ne pourrez plus louper une mise au point ! (Enfin, si quand même, ça m’arrive encore…).

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La mise au point en photo : comment ça marche ?
Commençons par la base. La mise au point est tout simplement l’action que vous faites quand vous essayez de mettre en valeur un détail ou un sujet en le rendant net. J’ai précisé à tort en introduction que c’était quand vous appuyiez à mi-chemin sur le déclencheur. Il existe en réalité deux types de mise au point sur les appareils photos numériques. La mise au point manuelle et la mise au point automatique.
L’objectif n’est pas de faire un article détaillé sur la mise au point manuelle car autant parler franchement, ça n’aurait que peu d’intérêt. La manipulation est simple, vous n’avez qu’à tourner la bague de mise au point de votre appareil et regarder dans le viseur. Quand vous jugez que la scène que vous souhaitez photographier est nette, vous déclenchez.
Cet article va s’orienter sur la mise au point en photo automatique, chose gérer par l’Autofocus. C’est ce système qui vous permet d’accrocher un sujet et de le rendre net automatiquement comme son nom l’indique. C’est ce dont je vous parlais en intro en appuyant à mi-chemin sur votre déclencheur.
Je vois deux aspects importants sur la mise au point :
- Savoir réussir sa mise au point exactement où on le désire, c’est être sûr de réussir une photo nette. Car c’est l’intérêt principal de l’autofocus, faire la mise au point là où on le veut,
- Savoir gérer sa mise au point permet d’augmenter votre créativité en photo. Comment ça ? Tout simplement en sachant ce que vous voulez mettre en avant sur une photo. Vous pouvez par exemple (et c’est souvent le cas) volontairement faire la mise au point sur un détail précis d’une fleur, d’un objet, d’une personne pour le mettre en avant. Le reste sera souvent flouté.
Savoir gérer l’autofocus vous permettra ainsi d’améliorer les compositions de vos photos, en choisissant les bons collimateurs, modes, etc. On y va, rentrons dans les détails.

Les collimateurs
Même si vous n’avez jamais entendu le terme, vous le connaissez très certainement. Les collimateurs sont la base de l’autofocus et c’est eux en partie qui déterminent la qualité de votre mise au point et les possibilités associées. Vous savez, ceux sont les petits carrés et rectangles rouges que vous voyez dans le viseur de votre reflex (ou certains hybrides). A l’intérieur, un point rouge s’allume quand la mise au point est faite.
Je vous parlais de qualité et possibilités car :
- Le nombre de collimateurs déterminent en partie le type de composition que vous allez pouvoir faire,
- Leur qualité et leur précision vous permettront de mieux accrocher un sujet, surtout quand vous manquez de lumière ou que la scène est peu contrastée.
Sans rentrer dans des détails ultra techniques, voici quelques éléments toujours bons à connaitre sur les collimateurs.
Leur nombre et leur position
C’est souvent la première chose qu’on regarde quand on achète un boitier. Même s’il y a d’autres critères précis, le nombre de collimateurs est l’élément le plus important selon moi. Pourquoi ? Car étalés sur votre écran, ils vont déterminer les possibilités où vous allez pouvoir faire la mise au point de manière automatique. Pour résumer la chose, au plus vous allez monter en gamme et au plus vous allez avoir un nombre important de collimateur dans votre viseur.
Voici ci-dessous trois exemples de boitier : entrée de gamme/bas de gamme (2000D), milieu de gamme (800D) et 7D Mark II (haut de gamme en APS-C). Tous les trois possèdent vraiment un nombre de collimateur différent.
Plus vous avez de collimateurs, plus vous aurez de possibilités créatives en photo. Vous allez pouvoir faire donc une mise au point dans un angle extrême de votre écran sur certains boitiers experts alors que sur un boitier d’entrée de gamme, les collimateurs seront peu nombreux et souvent assez centrés sur l’écran. Si vous voulez faire la mise au point sur un sujet très loin du centre, et que vous n’avez de collimateur pour accrocher le sujet, la photo sera impossible (sauf en utilisant la technique que je détaille tout en bas de l’article).
Les différents types de collimateurs
Pour faire simple, on reconnait 2 types de collimateurs sur un écran. En fonction de la gamme de votre boitier, vous aurez donc plus ou moins de collimateurs et plus ou moins de qualité.
- Le collimateur en croix (ou étoile sur les reflex haut de gamme) : c’est ce dernier que vous retrouvez généralement au centre de tous les collimateurs sur tous les reflex. C’est le collimateur le plus performant car il permet de faire la mise au point sur des sujets, peu importe leur orientation. Sur les reflets bas de gamme/entrée de gamme, vous n’avez généralement qu’un collimateur en croix au centre de l’écran.
- Les collimateurs simples : ils sont soit verticaux soit horizontaux. Le collimateur vertical permet une meilleure accroche sur des sujets horizontaux et à l’inverse, le collimateur horizontal accroche mieux les sujets verticaux.
Ensuite, petite aparté, sur les boitiers de milieu de gamme/pro, vous allez souvent avoir la possibilité de sélectionner une zone de plusieurs collimateurs, par exemple au centre ou en haut à droite. Cela permet de dire au boitier d’accrocher le sujet dans cette zone-là.

C’est notamment une des raisons pour lesquelles un boitier expert ou pro coûte plus cher. Il possède beaucoup plus de collimateurs, souvent croisé ou en étoiles et étalés sur l’ensemble de l’écran. Certains boitiers possèdent aujourd’hui plus de 100 collimateurs…
Leur sensibilité à la lumière
C’est un point que vous allez souvent rencontrer dans les manuels ou dans les arguments de vente. Par exemple, quand j’ai acheté mon 6D, il était annoncé un collimateur central qui pouvait accrocher un sujet jusqu’à -3EV, soit une photo au clair de lune.
Pour éviter les détails techniques, retenez les points suivants :
- Les collimateurs croisés et en étoile sont ceux qui captent le mieux la lumière et qui vont donc accrocher plus facilement le sujet. Concrètement, si j’essaye de faire la mise au point sur un collimateur vertical ou horizontal dans des conditions de lumières difficiles, mon boitier ni arrive pas,
- Je suis souvent obligé alors d’utiliser la technique de mise au point recadrage (on en reparle plus bas),
- Au plus vous avez donc de collimateurs croisés/étoiles, au mieux vous allez pouvoir faire la mise au point sur des sujets dans des conditions de luminosités délicates (fin de soirée, pièce sombre, lever de soleil très tôt, etc…),
- Enfin, tout dépend finalement de la lumière ambiante de la scène devant vous et de son niveau de contraste. Essayez par exemple de faire la mise au point sur un mur uni blanc, c’est quasi impossible. Par contre, il suffit qu’il y ait un petit détail qui ressorte du mur (une tâche de couleur sombre par exemple), et l’autofocus sera en mesure d’accrocher le sujet et de faire la mise au point,
- Même si c’est parfois difficile à mesurer avant un achat, certains boitiers sont réputés pour avoir un autofocus très puissant qui accroche vraiment bien les sujets. D’autres galèrent un peu plus et « patinent » comme on dit dans le jargon photo.
Les distances de mise au point
Quelques lignes rapides sur un élément qui me semble important à connaitre quand on achète un objectif. Vous avez nécessairement une distance de mise au point minimale sur toutes les optiques.
Dans le cas de mon Canon 70-300 L IS, la distance de mise au point minimale est de 1,2m. Cela veut dire quoi concrètement ? Tout simplement que si vous êtes situés à moins de 1,2m de votre sujet, le boitier n’arrivera pas à faire la mise au point sur la scène devant vous. L’autofocus va patiner dans le vide et ne pourra pas accrocher quoi que ce soit. Faite l’expérience d’ailleurs et reculez-vous au fur et à mesure du sujet. Quand l’autofocus accroche, vous avez trouvé la distance minimale de mise au point.


Certains objectifs (comme mon Zoom Canon 70-300 L IS) possèdent une distance de mise au point réduite, permettant de faire aussi bien du détail de loin que de la photo de proximité (limite « macro »)
C’est important de savoir ça quand vous ne comprenez pas pourquoi votre appareil n’arrive pas à faire la mise au point sur un sujet. Vous êtes tout simplement trop proche. Cette distance varie selon les objectifs. En règle générale, plus vous avez une longue focale (téléobjectif), plus la distance de mise au point sera grande (supérieure à 1m souvent). A l’inverse, les grands angles et ultra grand angle disposent de distances de mise au point très réduites.
Les différents modes auto focus
On distingue généralement 3 modes d’auto focus, dont deux vraiment très utiles à connaitre.
- Le mode AF-S (Nikon) / One Shot (Canon) : ce mode autofocus est le mode par défaut du boitier et c’est aussi le plus simple à utiliser. Le principe est simple, vous appuyez à mi-course sur votre déclencheur, le collimateur choisi s’allume (ce qui fixe la mise au point). Quand vous êtes content de votre mise au point, vous pouvez déclencher. C’est le mode parfait pour le portrait, photo de paysage, etc. Bref tous les sujets immobiles.

- Le mode AF-C (Nikon) / AI Servo (Canon) : à l’inverse du mode ci-dessus, la mise au point n’est pas « figée » sur une zone précise. Ce mode est principalement dédié aux sujets en mouvements, on va dire à tous les moments où vous aurez besoin de suivre un sujet qui va bouger dans votre viseur : oiseaux, avion, piéton, voiture, etc. La mise au point sera donc faite sur le dernier endroit où le boitier a réussi à faire la mise au point quand le sujet a bougé.
- Enfin, le dernier mode : AF-A (Nikon) / AI-FOCUS (Canon) est un mélange des deux modes ci-dessus, détectant uniquement quand le sujet bouge (et passant donc en AI Servo) ou quand le sujet ne bouge pas et restant donc en « One Shot ». Franchement, je ne m’en sers jamais, et le peu de fois que je l’ai essayé, je n’ai jamais réussi à bien le maitriser.
Attention à ne pas confondre avec les modes semi-automatiques de votre reflex.
Choisir la zone de mise au point
Je tenais aussi à préciser quelques lignes concernant les possibilités de sélection des collimateurs. Quand vous utilisez l’auto focus sur votre reflex numérique, vous avez globalement deux choix pour le faire :
- La sélection automatique : autant le dire clairement, c’est la chose à ne pas faire et c’est pourtant le paramètre par défaut de votre boitier. De base, c’est l’appareil qui va choisir sur quel(s) collimateur(s) faire la mise au point. Ça vous semble être une bonne idée que l’appareil choisisse pour vous la zone où vous allez faire la mise au point sur votre scène ? La réponse : JAMAIS
- La sélection manuelle : c’est la chose qu’il faut faire. Vous avez sur tous les boitiers un bouton qui vous permet de choisir le collimateur et très souvent vous utiliserez la molette de votre reflex pour vous déplacer sur le collimateur que vous voulez choisir. C’est obligatoire et nécessaire pour pouvoir choisir l’endroit exact de votre mise au point.
La technique de la mise au point - recadrage
J’ai parlé déjà tout le long de l’article de cette technique. En quoi elle consiste alors exactement ? Comme je vous le disais, sur pas mal de boitier bas de gamme/entrée de gamme, vous n’aurez pas un très grand nombre de collimateurs et ces derniers seront souvent assez centrés sur votre écran. Difficile alors de faire votre mise au point sur un sujet dans un angle du viseur tout en souhaitant composer de manière correcte votre photo.
La technique est simple, placez-vous en mode One Shot / AF-S, choisissez le collimateur central qui est généralement meilleur pour accrocher n’importe quel sujet, faite la mise au point sur ce que vous désirez avec ce dernier en appuyant à mi-course sur votre déclencheur. Vous allez voir le collimateur s’éclairer et allez entendre un bip. Gardez le doigt enfoncé et déplacez votre boitier pour arriver au cadrage qu’il vous plait.

Évidemment, le souci avec cette technique est qu’elle est particulièrement difficile à mettre en œuvre sur des sujets mobiles. Si vous essayez d’appliquer cette technique sur un sujet qui bouge, le temps que vous fassiez la mise au point, et que vous recardiez, le sujet aura déjà bougé et votre photo sera floue.
Ce n’est pas pour rien que les boitiers professionnels disposent tous d’un grand nombre de collimateurs, bien éparpillés sur l’ensemble de l’écran. Cela vous évite de devoir appliquer cette technique en faisant la mise au point et le cadrage souhaité en même temps. Ce qui nous emmène pour conclure cet article sur les collimateurs en photo, à l’impact sur votre matériel.
L’influence sur votre matériel photo
Je souhaitais terminer cet article en vous touchant quelques mots sur la relation entre les collimateurs en photo et votre matériel. On peut retenir les points suivant en règle générale :
- Les boitiers les moins chers ne disposent souvent que de très peu de collimateurs. Vous n’aurez souvent qu’un central en croix et les autres en vertical/horizontal. Très souvent d’ailleurs, l’autofocus (hors collimateur central) sera assez faible pour accrocher les éléments d’une scène. Même avec mon 6D, un boitier à plus de 1000€ (mais le bas de gamme en Reflex Full Frame), je galère très souvent à accrocher certaines choses dès lors que je sors du collimateur central, qui est le seul vraiment correct,
- Dès que vous allez monter en gamme de boitier, le nombre de collimateurs va augmenter. L’emplacement de ces derniers sera meilleur, plus étalé sur l’écran, ce qui vous permettra de composer au mieux vos photos. Vous aurez généralement un plus grand nombre de collimateurs en croix autour du central.
Voici deux exemples ci-dessous de boitiers présentant un grand nombre de collimateurs de qualité (centrés). Les boitiers full-frame sont généralement largement meilleurs dans ce domaine.
- En terme d’accroche d’autofocus, généralement, plus vous montez en gamme de boitier, meilleures seront les accroches sur les sujets. L’autofocus sera plus sensible aux petits détails et vous aurez besoin de moins de contraste pour que la mise au point se fasse facilement,
- Enfin, dernier point évident, plus vous allez vers des boitiers présentant un nombre de collimateurs importants et de meilleure qualité, plus votre boitier coûtera cher.
Voici pour exemple une comparaison de 4 gammes de boitiers Canon en fonction du prix et du nombre de collimateurs. Bien entendu, la qualité de ces derniers à capter de la lumière et leur répartition sur l’écran sont tout aussi importantes…
Voilà, j’arrive au bout de cet article sur la mise au point en photo. Vous connaissez maintenant le nécessaire pour maitriser la bête et réussir vos photos. Si vous avez des questions, des remarques ou des choses qui ne vous paraissent pas claires, n’hésitez surtout pas à laisser un commentaire en bas de l’article. Pour poursuivre votre apprentissage, je vous invite à découvrir comme réussir ses photos de voyage.
Je vous souhaite de belles photos,
Sylvain
Très bel article, je prendrais le temps de dévorer les autres.
Par contre, il n’y a pas une petite erreur dans ce passage?
« Évidemment, le souci avec cette technique est qu’elle est particulièrement difficile à mettre en œuvre sur des sujets immobiles. Si vous essayez d’appliquer cette technique sur un sujet qui bouge, le temps que vous fassiez la mise au point, et que vous recardiez, le sujet aura déjà bougé et votre photo sera floue. »
Cela ne me semble pas logique par rapport au reste du paragraphe.
Coucou Renaud,
non, je ne pense pas qu’il y ai une erreur… Sur des sujets mobiles, c’est assez délicat d’appliquer cette technique car si le sujet s’écarte ou s’avance, la mise au point ne sera plus bonne, sauf si vous vous placez en mode Ai-Servo pour suivre le sujet par exemple !
Sylvain
Renaud a raison, Sylvain, tu as mis que la technique est difficile à mettre en oeuvre « sur des sujets IMMOBILES » 😉 .
Haha, oui je n’avais pas vu la coquille, c’est corrigé !
Merci
Merci Sylvain pour ton article,
Petite question, bientôt je vais faire des photos de paysage depuis un Zénair 701, sur quel collimateur dois je mettre mon 700D (9 collimateurs)? pour ce type de photos c’est ma 1ère fois que je ferai des photos en vol!
Merci pour ta réponse
Amicalement
ANITA
Coucou Anita, je t’ai répondu en MP du coup vu que tu m’avais contacté 😉
Sylvain
Je comprends tout à fait les précisions explicites que tu développes à propos des collimateurs. Tu as raison, bien entendu. Perso, j’ai (entre autres) 2 options, 98 ou 250 (me rappelle plus…). Sauf que…j’utilise très souvent un seul collimateur central en AFS, que je positionne ensuite pour la compo. ?? diras-tu ? Parce que…ca va plus vite. Je photographie la plupart du temps des chats, les miens, qui bougent beaucoup et vite. Pas le temps de jouer avec les réglages et le trèfle pour dégager le collimateur.
Je connais les modes qui ne me jouent pas de tours quant à la PDC ou la vitesse, en fonction. Le central, l’AF et paf ! c’est dans la boîte. Les règles sont faites pour être contredites.
Coucou,
tu as raison, après chacun utilises la technique qui semble la mieux approprié ! merci en tout cas de ton retour d’expérience !
Sylvain
Bonjour,
Article complet que je viens de parcourir assez vite. Je prendrai le temps de le relire.
Coucou Mireille,
merci du passage.
Sylvain
Merci pour cet article !!
effectivement un appareil avec de nombreux capteurs change la vie 🙂
Belle journée !!
Coucou Didier,
et oui comme tu dis, ça change la donne, c’est certain 🙂
Sylvain