Test complet du Panasonic Leica Summilux 15 mm f/1.7
Fin 2013, Panasonic annonce l’arrivée d’un nouvel objectif conçu pour ses appareils micro 4/3, en association avec Leica, le Panasonic Leica DG Summilux 15mm f/1.7. A la limite d’un objectif grand-angle, c’est la seule focale fixe Summilux ne proposant pas une ouverture f/1.4 dans la gamme. Bien que nous ayons sorti des tests en monture Sony E ces derniers temps, j’ai pensé qu’en proposer également pour des objectifs en monture micro 4/3 pourrait vous être utile avant de les vendre. À noter que cet objectif peut se monter sur des boîtiers Panasonic au format micro 4/3 et Olympus, la monture micro 4/3 étant partagée par les deux marques – bien que certaines restrictions, évoquées plus loin, rendent son usage moins adapté aux boîtiers Olympus. Voici d’ailleurs notre page complète détaillant tous les appareils photo Micro 4.3 du moment.
Si vous êtes à la recherche de test dans cette monture, nous avons également publié deux autres tests complets sur l’Olympus M.Zuiko Digital ED 75mm f/1.8 et le Panasonic 42.5mm f/1.7 OIS.

Je te propose de découvrir mes packs de fiches photo pratiques. C'est un moyen simple, sympa et ludique pour apprendre et progresser en photographie, en particulier sur le terrain !
En effet, le matériel micro 4/3 que j’utilise me servait quand mes appareils FF étaient des reflex, avec lesquels il y avait une grosse différence de poids et d’encombrement. Avec les hybrides Sony A7, la différence de poids et d’encombrement sur les boîtiers s’est amoindrie et, maintenant qu’on peut plus facilement trouver des optiques également très compactes et légères en monture E, le format micro 4/3 a moins d’attrait pour moi, même s’il reste intéressant.
Je vais donc vous présenter ici un test de ce Panasonic 15mm f/1.7 monté sur un Panasonic G90, appareil photo hybride micro 4/3 disposant d’un capteur de 20MP, qui est la définition de la majorité des micro 4/3 récents. Peu de murs de briques ou de courbes, qui ne serviront qu’à illustrer les défauts optiques, je vous proposerai donc un test un peu plus orienté “terrain”. A ce sujet, je viens de finir également de publier le test complet du Panasonic G90.
Les images affichées ont été faites au format RAW et développées dans DxO Photolab 5, réglé sur le rendu de couleurs standard avec les corrections de défauts optiques activées, excepté pour montrer ces défauts et dans les images de la galerie.
Présentation de l’optique
Détails | Visuel |
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Sorti à 600€, ce n’est pas ce qu’on peut appeler un objectif abordable étant donné qu’il n’est qu’un équivalent 30mm f/3.5 en plein format (bien que l’ouverture f/1.7 reste valable pour l’exposition). Par exemple, on trouve en monture E un « vrai » 35mm f/1.8 Samyang pour 350€. D’autant que son prix n’a pas beaucoup baissé malgré son âge de presque 10 ans.

Face à lui, on retrouve en particulier le 17mm f/1.8 d’Olympus, le 14mm f/2.5 et le 20mm f/1.7 de Panasonic. Les 14 et 20mm Panasonic ont été conçus pour être très légers et surtout très compacts, ce qu’on appelle des objectifs « pancakes », à tel point qu’on peut les confondre avec des capuchons de boîtier haha. Le 17mm Olympus est, selon moi, le concurrent le plus direct pour un prix inférieur au 15mm f/1.7.
Ce 15mm est assez particulier, conçu pour la photo de rue et proposant certaines fonctions peu répandues dans ce format. Équivalent à un 30mm sur un capteur Full frame, c’est une focale assez standard, proche des 28 et 35mm, effectivement souvent appréciée par les photographes de rue. L’ouverture proposée est également assez grande mais, en revanche, assez commune en micro 4/3, la taille du capteur permettant de plus grandes ouvertures sans augmenter trop fortement le diaphragme sur ce genre de focale. Les boîtiers Panasonic et Olympus récents bénéficiant généralement d’une stabilisation sur le capteur, la combinaison des deux permet donc de réduire le temps de pose à main levée en évitant cependant le flou de bougé, et de limiter la montée en ISO pour profiter d’une meilleure qualité d’image.
Ergonomie, design et prise en mains
L’association de Panasonic avec Leica dans la conception d’objectifs conduit souvent à de jolies pièces d’optiques. Ce 15mm bénéficie donc d’une très bonne qualité de construction métallique, plus dense que le plastique, mais réussissant tout de même à maîtriser le poids. Avec 115g sur la balance, il se fera oublier sur n’importe quel boîtier micro 4/3.

L’objectif compte 3 lentilles asphériques et un nano-revêtement pour garantir un haut niveau de détails. Le diaphragme à 7 lamelles propose évidemment un bokeh bien rond aux grandes ouvertures mais devient vite polygonal aux ouvertures moyennes.
Il propose, comme toutes les optiques Panasonic en association avec Leica, une bague de diaphragme. Attention néanmoins, celle-ci ne fonctionnera pas si vous montez l’objectif sur un boîtier Olympus. Il faudra donc changer l’ouverture avec la molette sur le boîtier, comme avec n’importe quel autre objectif n’ayant pas de bague. La bague est crantée par 1/3 d’IL et est assez petite, normal vu la longueur de l’objectif, mais agréable à l’usage.

La bague de mise au point n’est pas très large non plus mais elle est assez fluide, on peut la faire tourner facilement avec un doigt. Vous disposez aussi, sur le côté, d’un switch AF/MF. Le pare-soleil est également atypique, rectangulaire, et ne peut donc pas être retourné pour réduire l’encombrement dans le sac, mais le capuchon peut se mettre aussi bien sur la lentille frontale que sur le pare-soleil, ce qui est assez pratique. La présence d’une bague de mise au point et d’une bague de diaphragme sur un objectif aussi court est un défi pour le constructeur mais aussi pour le photographe. Il ne faudra pas en effet des gros doigts pour manipuler l’une sans risquer de bouger l’autre. Il m’est personnellement arrivé assez souvent de changer la mise au point alors que j’étais en train de changer d’ouverture.
Autofocus
En tant qu’optique pensée pour faire des photos de reportage ou de rue, Panasonic se devait d’assurer une bonne réactivité de l’AF et, surtout, une bonne discrétion. L’AF réagit donc très vite et dans le silence. En mode AF-S, le point se fait très rapidement et très précisément, un vrai bonheur de se balader dans la rue : on pointe, on fait la mise au point et on shoote en moins d’une seconde !
En mode AF-C, les choses sont moins roses, mais l’objectif n’y est pas pour grand-chose… En effet, il acquiert le sujet toujours aussi rapidement et silencieusement, mais se met à pomper dès qu’il doit le suivre. La faute au système AF de Panasonic, limité à la détection de contraste, qui bien que performant pour cette technologie nécessite de faire de réguliers allers et retours devant et derrière le sujet. Cela ne l’empêche pas forcément de taper juste quand on déclenche, mais rend son usage très perturbant pendant la visée.
Pour résumer, si vous voulez un suivi AF plus performant, il vaudra mieux le monter sur un boitier Olympus disposant de la détection de phase comme l’E-M5 III ou le récent OM-1, mais il faudra dire au revoir à la possibilité de changer l’ouverture avec la bague de diaphragme. Si vous ne cherchez pas à suivre un sujet particulier, vous pouvez le monter sur n’importe quel boîtier, il sera d’une efficacité redoutable.
Qualité d’image
La qualité est bonne mais la griffe Leica peut nous faire espérer mieux. En effet, le centre est un peu mou avant f/2.8 et les bords encore plus, surtout aux extrémités. Il vaudra mieux fermer à f/4 pour obtenir le maximum d’homogénéité. Pour exploiter les 20MP des derniers capteurs micro 4/3, la diffraction commence à se percevoir à partir de f/8 et ruine le piqué à f/11, et encore plus à f/16. Néanmoins, on reste dans une bonne qualité d’image globale, suffisante dans beaucoup de cas. Cependant, pour bien nourrir les 20MP des micro 4/3 récents, il vaudra mieux rester dans une plage comprise entre f/4 et f/5.6 en condition de reportage. Dans le cas où le sujet est vraiment central, on pourra utiliser une ouverture plus grande, comme f/2.8.
Voilà pour info une photo de ma scène de test ci-dessous.

Voici un crop 100% de mon image test au centre de l’image aux différentes ouvertures. Vous n’avez qu’à passer la souris sur les différentes ouvertures pour faire varier l’image (c’est magique !).
Le bokeh
Le bokeh n’est pas particulièrement doux, mais il faudra être relativement proche du sujet pour avoir un flou prononcé et une faible profondeur de champ. Dans ce cas-là, il sera cependant pssible de faire ressortir assez bien son sujet de l’arrière-plan.


À pleine ouverture, il est quand même possible d’obtenir un arrière-plan relativement flou avec cet objectif
La distorsion
La distorsion est très forte et fait perdre pas mal de bords après la correction. Néanmoins, on reste dans une bonne qualité d’image globale, suffisante dans beaucoup de cas.


Le vignettage
Le vignettage est important à pleine ouverture, comme à l’accoutumé, et se réduit à f/2 et encore un peu plus à f/2.8. Par la suite, il reste le même, léger mais toujours présent même à f/8.
Les aberrations chromatiques
Les aberrations chromatiques sont très légères, j’ai pu apercevoir quelques franges violettes en particulier dans les contours sur les objets blancs. Rien de bien fou, puisque cela se corrige aussi en post-traitement avec n’importe quel logiciel de traitement comme Lightroom ou DXO Photolab que j’utilise. Voici le peu que l’on peut voir (Crop 100%).

Le flare
Le flare est présent quand vous allez photographier le soleil de face, mais beaucoup moins lorsqu’il est hors de la scène. Le pare-soleil ne change pas beaucoup les résultats.

La coma
Pour l’astrophotographie, la coma est assez importante à pleine ouverture avec des étoiles qui s’allongent et des aigrettes qui se forment. Fermer à f/2 améliore très légèrement les choses, mais c’est plutôt à f/2.8 qu’on note une amélioration – bien que ce ne soit pas un objectif fait pour cet usage.


Les sunstars
Les sunstars sont bien définis quand on ferme à f/11. Aux ouvertures plus grandes, même f/8, les rayons sont plus diffus.


Le focus breathing
Le focus breathing est très léger, on voit que le cadre se resserre mais c’est presque imperceptible et vraiment peu gênant.
Alternatives au Panasonic Leica DG Summilux 15mm f/1.7 ASPH
Je les ai déjà évoquées plus haut et, honnêtement, je ne connais pas assez les qualités des autres objectifs cités pour vraiment vous donner un avis parfait, mais je tenterai cependant de vous reprendre les critiques que j’ai pu en lire :
- Le 17mm f/1.8 d’Olympus, probablement le plus gros concurrent, ne semble pas avoir une qualité supérieure ni un AF plus rapide, mais coûte moins cher avec des caractéristiques physiques similaires au 15mm.
- Le 17mm f/1.2 d’Olympus, beaucoup plus haut de gamme et délivrant l’une des meilleures qualités d’image est le meilleur que l’on puisse avoir en micro 4/3 actuellement. Il est cependant bien plus cher, gros et lourd,
- Le 20mm f/1.7 Panasonic, plus compact, plus léger, moins cher et de bonne qualité pour ses caractéristiques. Néanmoins, il semble avoir un AF bien plus erratique,
- Les zooms couvrant la focale 15mm, je ne les citerai pas tous mais, en vrac, on trouve le 10-25mm f/1.7 et le 12-35mm f/2.8 de Panasonic ainsi que les 12-40 f/2.8 et 12-45 f/4 d’Olympus. Tous ces objectifs sont assez haut de gamme et délivrent une très bonne qualité d’image. Si vous recherchez la polyvalence et la qualité d’image, ces zooms seront tous d’excellents choix et se départagent par leurs dimensions, leur poids et leur prix, le 10-25 en particulier étant extrêmement cher.
Le Panasonic Leica Summilux 15 mm f/1.7 en résumé
Avantages | Inconvénients |
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Conclusion
Bref, Panasonic a sorti, en association avec Leica, un très bel objectif, plutôt polyvalent dans de nombreuses prises de vue, bien fini et agréable à l’usage. Pour 550€, on a une grande ouverture maximale et un très bon AF, le tout dans un fût qui respire la qualité. On peut cependant regretter le prix pour une focale fixe f/1.7, sachant que le 17mm f/1.8 d’Olympus, également bien conçu, coûte 150€ de moins et propose peu ou prou les mêmes performances.
Pour encore moins cher, le 20mm f/1.7 de Panasonic sera encore plus discret tout en proposant une bonne qualité d’image, mais vous offrira beaucoup moins de réactivité avec un AF un peu dépassé. Si vous cherchez un objectif simple et pratique, le 20mm sera un meilleur choix. Mais si vous aimez les beaux objets clamant « je suis un photographe », ce 15mm vaudra son prix.
Comme on le précise souvent maintenant, si vous avez aimé notre test terrain, n’hésitez pas à passer par les liens de l’article (ou ceux ci-dessous) lors de votre achat. Ainsi, vous soutenez notre travail et permettez la production d’autres articles comme celui-ci. Bien entendu, cela ne vous coûtera pas plus cher.

Je vous dis à bientôt pour un autre test Micro 4/3. D’autres arrivent. Si vous êtes à la recherche d’optiques, n’hésitez pas à regarder notre article reprenant les meilleures optiques pour le Micro 4/3.
Je vous dis à bientôt,
Sylvain