La photo de nuit, comment ça fonctionne ?
S’il y a bien un domaine qui est souvent négligé par beaucoup de monde (moi y compris), c’est bien la photo de nuit. Il faut dire que pour sa défense, on aurait tendance à croire qu’il n’y a pas grand-chose à photographier la nuit car il fait tout simplement trop sombre. On a même souvent la flemme de sortir son boitier quand il fait nuit en voyage par exemple, préférant aller trainer dans des marchés de nuit ou tout simplement se reposer pour préparer son lendemain ! Vous cherchez d’ailleurs peut-être comment améliorer vos photos de voyage ?

Je te propose de découvrir mes packs de fiches photo pratiques. C'est un moyen simple, sympa et ludique pour apprendre et progresser en photographie, en particulier sur le terrain !
Pour autant, la nuit, c’est souvent le moment où les jeux de lumières se présentent et il existe de superbes opportunités photographiques. Je pense particulièrement aux personnes vivant en ville, aux abords des grands building, ponts éclairés ou encore des étendues d’eau lac/étangs/mer.

D’un point de vue technique, si vous débutez en photographie, vous avez sûrement l’impression que ça doit être compliqué la prise de vue durant ce moment-là. En effet, ce n’est pas si simple, mais ça s’apprend et se maîtrise. Votre principal ennemi ici sera donc, vous l’avez deviné, le manque de lumière. Voyons maintenant ensemble comment réussir ses photos de nuit, en évoquant les réglages, le choix du matériel et quelques conseils en prime.
Les contraintes du manque de lumière
Comme évoqué plus haut, le souci principal de la photo de nuit est donc le manque de luminosité. Vous allez me dire, normal, il fait nuit ! Voyons comment on peut la compenser en jouant sur les trois paramètres qui compose l’exposition en photo.
- Vous ralentissez au maximum la vitesse d’obturation : vous allez être limité à main levée assez vite,
- Vous ouvrez le diaphragme de votre objectif : ce qui équivaut à placer votre ouverture vers un petit chiffre « f/ ». Vous êtes limité ici par l’ouverture maximale de votre objectif,
- Vous augmentez la sensibilité ISO : en augmentant les ISO, vous laissez rentrer plus de lumière vers votre capteur et vous pouvez ainsi prendre plus vite. Vous êtes limité par les ISO maximum de votre boitier. Pour rappel, plus vous augmentez les ISO, plus vous avez de bruit sur votre photo (qualité qui se détériore).
Voici donc les 3 points pour compenser le manque de lumière. Chacun de ces choix va impacter de manière plus ou moins forte votre photo, par exemple l’apparition du bruit (pour les ISO), la baisse de la profondeur de champ (pour l’ouverture), ou une photo floue (pour la vitesse). Mais il existe un outil magique qui pourrait vous permettre de vous affranchir de faire un des choix ci-dessus : le trépied !
Si je vous parle en chinois et que vous ne maitrisez pas encore tous les termes techniques liés à l’exposition notamment, je vous renvoie à la thématique sur les bases de la photographie. Rappelez-vous que les 3 éléments qui composent l’exposition en photo sont intimement liées et que bouger un paramètre impacte forcément un autre à côté.
Les réglages idéaux pour la photo de nuit (et leurs impacts)
Voyons maintenant les réglages pour la photo de nuit et les impacts qu’ils ont sur votre photo. Les éléments évoqués ci-dessous s’appliquent essentiellement si vous ne possédez pas de trépied. Évidemment, avec ce dernier, vous pouvez faire ce que vous voulez en termes de réglages…
Votre objectif ultime (sans trépied) est alors pour la photo de nuit d’obtenir une photo nette (vitesse d’obturation suffisante), non bruité (ISO au plus bas) et avec la profondeur de champ souhaitée (point lié à l’ouverture choisie)
SPOILER : dans 90% des cas, c’est impossible sans trépied 😀
L’ouverture
Si vous manquez de lumière, la première chose que vous allez devoir faire c’est ouvrir le diaphragme de votre objectif (pour faire simple mettre un « f/ » le plus petit possible). Pour rappel, le fait d’ouvrir de f/5.6 à f/4 fait rentrer deux fois plus de lumière vers votre capteur. Concrètement, vous allez donc pouvoir shooter 2 fois plus vite qu’avant (l’appareil compense l’excès de lumière en prenant plus vite tout simplement si vous êtes en mode semi-automatique par exemple). Vous voyez où je veux en venir ? Si vous descendez encore à f/2.8, vous avez encore doublé, etc.


Exemples de photos de nuit classiques : un pont éclairé et une photo d’architecture
Deux limites :
1 – Vous allez être très vite limité par l’ouverture maximale de votre objectif. Si vous débutez et que vous avez un objectif bas de gamme, cette dernière sera par exemple de f/4 ou f/5.6,
2 – Le fait de diminuer l’ouverture va engendrer une diminution de la profondeur de champ. Concrètement, votre scène sera moins nette partout (selon où vous faites la mise au point).
La vitesse
Le problème qui se pose avec la vitesse de prise de vue est le flou de bougé. En effet, vous ne pourrez pas réussir une photo nette à main levée en-dessous d’une certaine vitesse (dépend de vos capacités de stabilité et de votre focale). L’utilisation d’un objectif avec stabilisateur pourra vous permettre de gagner un peu en vitesse mais disons qu’au-delà de 1/10 ou 1/15ème, vos photos vous être de toute façon floues et vous n’aurez pas d’autres choix que d’utiliser un trépied.
Petit aparté et pour garder en tête la relation entre la focale (en mm) et la vitesse limite de prise de vue, on conseille, au minima, l’équivalent entre les deux. Je m’explique. Avec un téléobjectif de 300mm, il serait souhaitable de prendre au 1/300ème par exemple. Avec un objectif grand angle de type 11-18mm, il sera possible de réaliser une photo nette jusqu’à 1/20ème par exemple. Plus vous possédez une longue focale, plus vous allez nécessiter une grande vitesse. Je vous laisse imaginer qie vous photographiez des animaux de nuit ou presque avec un 600mm par exemple…
Les ISO
Denier point du triangle d’exposition, c’est le paramètre qui peut nous sauver la vie dans certains cas. Tous les paramètres étant liés, si vous avez ouvert au maximum votre ouverture (« f/ » au plus bas) et que votre reflex numérique vous affiche toujours une vitesse trop lente, vous allez pouvoir compenser en augmentant les ISO. Passer de ISO 400 à IS0 800 vous permettra de gagner 1 cran de vitesse, soit de prendre 2 fois plus vite.
L’inconvénient de cette technique est bien sûr l’apparition de bruit numérique dans les zones sombres/noires de la scène. Votre photo va se dégrader énormément alors attention à trouver le juste équilibre.

Comment je fais alors ?
Prenons un exemple simple : vous êtes de nuit en ville, vous avez ouvert votre ouverture au maximum de votre objectif, disons f/2.8, l’appareil vous affiche 1/4s, ce qui a main levée est impossible. Vous êtes déjà à IS0 1600 ce qui est la limite maximale de votre boitier. Qu’est ce qui se passe alors dans ce cas-là ? Ben, vous êtes bloqué et toutes vos photos risquent d’être floues tout simplement.
Sans parler du fait que shooter à f/2.8 rendra probablement une partie de votre scène floue, ce qui n’est pas être pas ce que vous désiriez au départ. Vous n’avez plus d’autres solutions que de shooter en utilisant un trépied photo. Votre seule possibilité serait de posséder du matériel plus adapté, on en reparle plus bas.
La balance des blancs
Il peut arriver qu’en photo de nuit, la balance des blancs (de base en automatique sur votre boitier) puisse vous jouer des tours. Si vous prenez les photos en RAW, cela ne pose pas de soucis, car vous allez pouvoir la régler en post traitement. Dans le cas contraire, n’hésitez pas à faire plusieurs essais pour trouver la valeur correcte du moment.
Faire sa mise au point
Si vous ne maitrisez pas encore bien les notions de mise au point et d’autofocus, je vous laisse relire l’article dédié dans les bases de la photo. Selon la qualité des collimateurs de votre boitier, il est possible que selon la situation, vous ne soyez pas en mesure de faire la mise au point en automatique sur votre sujet dans le noir. Dans tous les cas, rappelez-vous de toujours sélectionner manuellement votre collimateur (et non pas de laisser le boitier le faire).
Je conseille souvent d’utiliser le collimateur central de votre boitier qui est souvent le meilleur et celui qui accroche le mieux le sujet. Commencez par-là. Si malgré tout vous n’y arrivez pas, n’hésitez pas à passer en mode manuel de mise au point et à faire vous-même votre mise au point en tournant la bague dédiée.


La mise au point lors des photos de nuit peut-être parfois délicate selon la qualité des collimateurs de votre boitier – Marché de Nuit du Luang Prabang au Laos
Quel matériel choisir pour la photographie de nuit ?
Comme expliqué au-dessus, la matériel photo a donc une importance pour la photo de nuit. Que vous preniez votre photo à main levée ou avec un trépied, l’idée est la même. La seule chose qui change c’est que si vous shootez sur trépied, vous avez moins à vous soucier de votre matériel. Pourquoi ? Tout simplement car, sur trépied, vous pouvez faire les réglages que vous souhaitez et souvent les réglages optimaux : ISO au plus bas, ouverture choisie (f/11 par exemple pour que toute la scène soit nette) et vitesse adaptée aux deux autres paramètres. Même si l’appareil vous affiche une photo de 5 secondes, vous êtes en mesure de la faire sur trépied. Tout ça est impossible sans.
Pour la matériel photo à main levée, je vois donc deux choses à préciser :
- Le boitier: plus vous avez un boitier qui monte en ISO, plus vous allez être en mesure de prendre une photo rapidement (même si du bruit va apparaitre au fur et à mesure). Sur mon 6D, je shoote facilement des photos en IS0 6000, la qualité reste correcte. A l’époque, avec mon 500D, j’étais bloqué à ISO 1600 et je n’avais pas réussi à faire des photos nettes en pleine jungle à Sumatra…
Idéalement, choisissez un boitier qui présente un nombre important de collimateurs et de bonnes qualités. Cela vous sera vraiment utile pour accrocher un sujet dans la pénombre où le contraste de la scène n’est pas souvent là.
Évidemment, inutile de préciser que plus vous aurez de collimateurs et plus vous choisissez un boitier qui monte en ISO, plus ce dernier coûte cher.
Je vous propose de regarder en détail trois exemples de matériel photo parfait pour la photo de nuit : le Tokina 11-16mm f/2.8 (grande ouverture maximale), le boitier Canon 5D Mark IV (ISO au top) et l’excellent Canon 85mm f/1.8 (parfait pour prendre rapidement).
- Vos objectifs: à main levée, l’idéal sera donc d’avoir des objectifs lumineux et stabilisé pour mettre toutes les chances de votre côté. Certains sont hors de prix, mais vous pouvez trouver de petits bijoux comme le Canon 50mm F/1.8 ou le 85mm f/1.8 a des prix tout à fait abordables !
Plus vos objectifs auront une ouverture maximale grande (je me répète : un petit « f/ »), plus vous serez en mesure de laisser rentrer de la lumière dans votre boitier et de prendre la photo plus vite (limite le flou de bougé).
Parmi les accessoires photos indispensables pour la photo de nuit, on peut citer :
- Le trépied photo: le choix n’est pas simple et il faudra adapter votre achat à votre pratique et au poids de votre matériel photo actuel ou futur. Vous pouvez vous référer à mon article sur le sujet dans les bases. Voici quelques bonnes références pour commencer.
- Une télécommande: elle accompagne le trépied et reste idéale pour limiter les mouvements quand vous appuyez sur le déclencheur. Au pire, vous pouvez utiliser le retardateur de votre boitier. Elle sera aussi indispensable pour la pose longue de nuit. J’utilise personnellement celle-là.
- Des batteries supplémentaires: si vous êtes un fan de pose longue ou si vous photographiez dans le froid, avoir au moins une batterie de rechange est toujours recommandé.
Quelques conseils en plus pour réussir ses photos de nuit
En vrac pour terminer, voici des recommandations et techniques à garder dans un coin de sa tête pour améliorer vos photos de nuit.
Profiter de l’heure bleu
C’est ce moment de la journée juste entre le jour et la nuit, cette période tant aimée de certains photographes. Une ambiance très particulière ressort souvent des photos prises durant ce petit laps de temps. Vous pouvez vous référer à des sites photo spécialisés pour savoir quand est l’heure bleue de la journée en fonction de là où vous êtes.
Jouer avec les lumières en ville
Autant en campagne sans lumière, vous n’allez pas vous éclater la nuit, mais en ville, il y a vraiment de quoi faire avec toutes les lumières présentes. Que ce soit les lumières des voitures, building, devantures de magasins, fontaines, vous avez tous les sujets ou presque pour vous faire plaisir ! Faites par d’originalité ! Les périodes de fêtes sont idéales pour les lumières évidemment.


Penser aux reflets dans l’eau
Souvent en ville, vous avez aussi pas mal de petites étendues d’eau. Je pense en particulier aux parcs, jardin vert, ce genre de chose. Vous pouvez très souvent vous amuser et jouer avec les reflets dans l’eau, par exemple à l’heure bleue ou avec des lumières qui se reflètent aux alentours.
Faire des poses longues
Si vous maitrisez la photo de pose longue de jour, pourquoi ne pas vous essayer à cette technique de nuit. C’est un moment parfait pour laisser court à votre imagination. En ville, vous avez notamment de belles choses à faire avec des manèges de nuit, des filés de voitures qui passent ou encore des fontaines. Trépied obligatoire, pas le choix ici.
Maitriser le bokeh avec une grande ouverture
Pour les fans de faible profondeur de champ réduite (comprendre mettre en valeur un sujet en floutant l’avant ou l’arrière-plan), la nuit est un très bon terrain de jeu. Vous allez être en mesure de mettre des détails des scènes devant vous et d’obtenir par exemple en fond de magnifiques bokeh composés des lumières floutées. C’est vraiment l’occasion de faire de belles photos sombres avec ces fameux ronds colorés en fond. En période de Noël, vous avez de quoi vous régaler. Conseils techniques : ouvrir à fond (votre « f/ » le plus petit), attention à votre vitesse si vous êtes à main levée (quitte à monter les ISO) et soignez vos compositions pour la mise en valeur du sujet.



Shooter en raw pour le post-traitement
Dernier conseil technique. J’en parle souvent dans mes articles, mais pouvoir shooter en RAW vous permet de rattraper un peu mieux vos erreurs de prise de vue. Si vous avez par exemple trop sous exposé votre photo, cette dernière sera beaucoup plus dure à récupérer en JPEG (qui est déjà un traitement en lui-même). J’ai écrit un article complet sur la différence entre RAW et JPEG, c’est cadeau !
Voilà, j’arrive au bout de cet article sur la photo de nuit. J’espère que vous avez appris des choses ? Il y aurait plus à dire en réalité ou plus détaillé, mais l’idée est là je pense. C’est moi-même un sujet que je ne maitrise pas parfaitement et j’aurais vraiment besoin de sortir plus souvent dans la pénombre. Et-vous c’est un moment de la journée que vous aimez en photo ?
J’en profite pour vous faire découvrir, si ce n’est pas le cas, la plateforme de stockage/partage Joomeo sur laquelle je stocke mes photos depuis 5 ans environ déjà. J’ai donné mon avis sur Joomeo pour ceux qui veulent en apprendre plus. J’offre d’ailleurs un code promo DPDH134900 qui vous donnent 20% de remise sur tous les abonnements annuels, c’est l’occasion, non ?
A bientôt,
Sylvain
Bonjour j’avais un canon 500D .Et j’ai acheté d’occasion le 7D de chez canon .je suis entrain de lire la notice et de travailler avec c’est vrais que des photos de nuit pas facile .Je pense que c’est un bon appareille j’ai un objectif b18./200. que me conseillez vous comme objectif merci à vous pour ses tutos .intéraissant
Coucou,
pour la photo de nuit, il faut soit envisager un objectif stabilisé pour pouvoir aider dans des faibles vitesses, soit prendre un objectif lumineux qui vous aidera à gagner en vitesse. Après, tout dépend du budget pour le coup !
Tuto très pédagogique.
Je recherche un trépied de voyage fiable pour mon reflex, soit 4kg avec l’objectif : un conseil ?
Merci par avance.
Coucou,
Merci 🙂 As-tu regardé mon article sur les trépieds ?
Sylvain
Que des bonnes idées à piocher. 🙏🙏🙏
Merci pour toutes ces partages.
Amitiés. 💯🤗🤟🤟🤟
Coucou, merci beaucoup du passage 🙂
Bon week-end,
Sylvain
Bonjour je me permet de vous remercie car votre article est très intéressant pour moi il m’ a aider à comprendre d’où viennent mes erreurs car je choot très souvent de nuit des musiciens je n’arrête pas de règle mon appareil ce qui du coup je suis me perd et le rendu n’ai pas le même en poste traitement
Merci
Coucou,
merci beaucoup, je suis content que l’article plaise et qu’il soit utile !
A bientôt,
Sylvain