L'essentiel pour décrypter les mesures DxO Mark
DxO Mark est une société créée en 2008, basée en France, qui a pour but d’évaluer les appareils photo, capteurs et objectifs, y compris les smartphones. Bien que leur base de données ne couvre pas tous les appareils existants, elle est cependant très large et met à disposition les mesures des performances de la plupart des appareils récents.

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Le site DxO Mark est rapidement devenu une référence au point de servir de base pour le choix d’un appareil photo. Néanmoins, bien qu’il fournisse des informations précieuses, il peut parfois être trompeur si on ne sait pas interpréter les mesures, en particulier celles des capteurs. À ce propos, nous avons rédigé un article complet sur les mégapixels qui pourra vous être utile pour en savoir plus. En effet, beaucoup de gens se contentent du tableau récapitulatif mais ne savent pas que celui-ci n’affiche que quelques mesures prises à des valeurs d’ISO précises, qui en plus ne sont pas toujours les mêmes selon les marques et les boîtiers.
Je vais donc essayer de vous expliquer pourquoi ce tableau n’est pas une bonne base pour choisir votre appareil, à quoi correspondent les catégories affichées, et comment utiliser concrètement le site et ses mesures. Car oui, il peut vous aider à choisir, mais vous devrez d’abord faire une sélection en fonction d’autres caractéristiques comme le prix, l’autofocus, les fonctions, la prise en mains… ce que DxO Mark ne peut faire pour vous.
Le tableau récapitulatif et ses caractéristiques
Le tableau récapitulatif vous affiche le nom des modèles, le nombre de pixels, le format du capteur, le prix et la date de sortie, un score global et des mesures de profondeur de couleurs (portrait), de dynamique (landscape) et montée en ISO (sports). Le score global n’est pas un pourcentage, même s’il est échelonné de 0 à 100. Il est évolutif. D’ailleurs, certains appareils ont déjà dépassé la note de 100, et il y en aura sans doute d’autres à l’avenir.

Les scores « portrait », « landscape » et « sports » sont les chiffres sur lesquels certains prennent leur décision pour choisir un appareil. En théorie, ça semble pratique, mais c’est en réalité très trompeur. Voici pourquoi :
- Les scores « portrait » et « landscape » sont les mesures à la valeur ISO native la plus basse, par exemple pour le D850 c’est à 64ISO, pour le Canon R6 c’est à 100ISO… vous voyez donc en partie où est le problème. Même si DxO prend les valeurs normalisées pour gommer l’influence des définitions différentes (autrement, les capteurs les plus pixelisés seraient tous en bas de tableau), certains appareils sont donc plus avantagés que d’autres, comme dans l’exemple ci-dessus où le D850 bénéficie donc de sa valeur ISO plus basse. Et, comme nous le verrons plus tard dans le paragraphe des graphiques détaillés, certains appareils supportent mieux la montée en ISO que d’autres, en particulier sur la dynamique.
- Le score « sports » indique la valeur ISO à laquelle l’appareil assure encore un rapport signal/bruit de 30dB, une dynamique de 9EV et une profondeur de couleurs de 18 bits. Bien qu’ici aussi, on prend les valeurs normalisées, d’autres paramètres viennent perturber le résultat, en particulier l’écart entre valeurs réelles et valeurs affichées, que j’expliquerai également plus loin dans cet article. Par exemple, les Panasonic S1 et S5 sont mieux classés en mesure « sports » qu’ils ne devraient l’être en réalité.
Ajouté à cela le fait que certains appareils, comme la majorité des boitiers APS-C de Fujifilm ou une grande partie des derniers appareils micro 4/3, ne figurent toujours pas dans le tableau. Afin de faire un vrai comparatif, il faut donc aller dans les mesures détaillées, à condition que les boîtiers qui vous intéressent aient été testés. Mais, il y a toujours moyen d’interpoler avec d’autres boîtiers utilisant le même capteur. Par exemple, les Panasonic G9 et G90 n’ont pas été testés, mais le GH5 qui utilise le même capteur l’a été. Donc ses mesures devraient être quasiment identiques. Je me doute que certaines personnes ont plus de mal avec les notions mathématiques et les graphiques. Elles sont en fait assez simples à comprendre et à interpréter. Je vais donc vous parler des 4 mesures qui me paraissent les plus importantes, et surtout vous démontrer à quel point les capteurs de même taille ont peu évolué et proposent tous plus ou moins les mêmes performances.
Les mesures détaillées
Dans ce tableau, je vous ai mis 3 appareils à capteur plein format que j’ai volontairement choisi de 3 marques différentes et avec 2 appareils de même définition et un 3ème plus défini. J’ai entouré les 4 valeurs qui sont, selon moi, les principales à prendre en compte.

La première que vous voyez sur l’image est la sensibilité ISO. En effet, bien qu’il soit marqué sur votre appareil une valeur comme 800ISO, en réalité la sensibilité réelle du capteur n’est pas de 800ISO. La diagonale grise que vous voyez traverser le graphique représente un appareil qui aurait des valeurs affichées exactement identiques aux valeurs réelles du capteur. C’est-à-dire que si vous mettiez l’appareil à 400ISO, le capteur aurait réellement une sensibilité de 400ISO. Vous pouvez déjà constater sur ce graphique qu’aucun des 3 appareils sélectionnés n’affiche les vraies sensibilités du capteur, ce qui n’est pas inhabituel. Mais vous constatez également qu’ils n’indiquent pas les mêmes valeurs individuellement. En effet, le Panasonic S5 (points marrons) affiche des valeurs plus éloignées des valeurs réelles que le Canon R3, alors que le Nikon D850 affiche tantôt des valeurs plus proches que le Canon, tantôt des valeurs moins proches mais toujours plus que le Panasonic S5. Concrètement, cela veut dire que dans une même situation et pour la même exposition, le S5 va afficher des valeurs plus élevées que les 2 autres. Vous comprenez donc pourquoi, dans les tests qu’on peut voir habituellement, les comparatifs qui affichent des images aux mêmes valeurs ISO sont influencés (les testeurs n’ont quasiment jamais les moyens de s’assurer que les valeurs affichées correspondent aux mêmes valeurs réelles). Dans notre exemple, un testeur qui voudrait comparer le S5 au R3 devrait donc comparer des images du S5 à des valeurs légèrement plus élevées. En bref, il ne devrait pas comparer 2 images faites à 6400ISO mais l’une à 6400 sur le R3 et l’autre à pratiquement 12800 sur le S5. Autrement, le S5 aura virtuellement une meilleure montée en ISO qu’il ne l’aura réellement.
Avant de parler des autres caractéristiques, je dois faire un point sur les onglets « screen » et « print » que j’ai entouré sur l’image ci-dessous. Je vous parlais plus haut de mesures uniformisées, c’est-à-dire mesurées à une définition équivalente à 8MP comme si les capteurs avaient tous 8MP quelle que soit leur définition d’origine. Cela correspond donc à l’onglet « print » et aux mesures retenues dans le tableau récapitulatif, ce qui est logique puisque les images doivent être vues sur un support de même taille pour être comparées objectivement. La mesure « screen », quant à elle, affiche les mesures en visionnant les images à 100%, donc virtuellement sur des supports de tailles différentes en fonction du nombre de pixels d’origine. Comme je vous l’avais expliqué dans l’article sur le nombre de pixels, il est donc normal de voir que si en « print » le D850 et le S5 ont des courbes quasiment identiques au point de se confondre, en « screen » le S5 aura une courbe plus haute puisqu’il a moins de pixels d’origine (24MP contre 45MP). Mais si DxO avait mis un autre onglet de valeurs normalisées à 20MP, les courbes sur cet onglet se seraient à nouveau confondues (elles auraient été moins hautes qu’en « print » mais elles auraient subi la même baisse sur les 2 appareils). C’est pourquoi le discours de certaines personnes qui parlent sans cesse de taille des photosites est dénué de sens puisqu’elle est indépendante de la résolution du support. En bref, vous avez beau avoir 24 ou 50MP sur votre capteur, votre écran 4K n’en affichera jamais que 8 sur toute sa surface.

La courbe SNR 18% correspond au niveau de bruit selon la sensibilité ISO : plus le rapport est élevé, moins on voit le bruit. DxO considère une valeur de 30dB comme excellente, et une baisse de 6dB correspond à un bruit 2x plus important (ce qui signifie qu’il y a toujours du bruit, même à 100ISO). Il serait impossible d’avoir plus de bruit s’il y en avait 0 à la base ! Le but de cette mesure est donc d’évaluer à quelles valeurs d’ISO le bruit est suffisamment peu perceptible pour être gênant et à quelles valeurs il le devient, avec des paliers indiqués par DxO par des lignes pointillées vertes, jaunes et rouges (respectivement 38, 32 et 20dB). Vous vous doutez donc qu’au-dessus de 38dB, le bruit est virtuellement inexistant, entre 38 et 32 il sera facile à réduire par traitement, entre 32 et 20 il deviendra de plus en plus compliqué à gérer, et en-dessous de 20 il affecte tellement l’image qu’elle sera difficilement exploitable.
DxO compare, judicieusement, les mesures des capteurs selon les valeurs réelles de la sensibilité, ce qui correspond donc à un usage pratique. Mais les points indiqués sur les courbes sont les mesures selon la valeur affichée, forcément, sinon il aurait fallu que DxO puisse modifier les algorithmes du boîtier pour qu’ils affichent les mêmes valeurs selon le capteur, ce qui n’est pas faisable. On retrouve d’ailleurs le constat que l’on a fait avec la mesure de la sensibilité ISO : les points du S5 sont plus en avant par rapport aux 2 autres boîtiers. Par exemple, le point à 6400ISO se retrouve quasiment sur l’abscisse 3200ISO alors que les autres se situent entre 3200 et 6400. Aucun n’est vraiment à 6400, mais le S5 en est plus loin que les autres. Mais ce qui compte, ce sont bel et bien les courbes, avec le Canon R3 légèrement au-dessus des autres à partir de 400ISO et qui les rejoint au-delà de 25600. On peut donc en conclure que le D850 et le S5 monteront aussi bien en ISO et que le R3 sera légèrement mieux.
Vous remarquerez également que les valeurs en « screen » sont moins bonnes qu’en « print », ce qui signifie bien que plus on augmente la taille et la résolution du support, plus l’image sera affectée. Mais également que plus on la réduit, moins les défauts seront gênants. Vous imaginez donc que, si 8MP correspond à un tirage A4, si vous imprimez vos images en 10×15, votre capteur sera encore plus tolérant et vous pourrez donc shooter à des valeurs que vous estimeriez trop hautes si vous vous arrêtez aux mesures « screen ». Dans notre exemple, le Canon R3 affiche une valeur de 21.3dB à 12800ISO. Vous auriez donc tendance à ne pas dépasser cette valeur, mais si vous regardez la mesure « print », vous constaterez qu’il affiche 22.9dB à 25600ISO. Vous pouvez donc imprimer des images à 25600ISO en A4 sans que le bruit ne soit plus gênant qu’une image à 12800ISO sur votre écran affiché à 100%. Et si on avait les valeurs pour un tirage 10×15, vous pourriez même voir que vous pouvez shooter à 51200ISO pour cette taille de support.

La courbe de dynamique indique les valeurs de dynamique selon la sensibilité ISO du capteur. Il s’agit de la capacité du capteur à couvrir une grande plage de tonalités de lumière, du plus sombre au plus clair. C’est une valeur difficile à apprécier car, pour le coup, on peut voir pas mal d’écarts entre les capteurs, même dans la même marque. Par exemple, Canon a longtemps été lésé dans le tableau récapitulatif car la note de dynamique faisait baisser le score global et leurs appareils finissaient donc derrière les appareils d’autres marques. Beaucoup de personnes ont d’ailleurs pointé du doigt ce « retard » de Canon pour affirmer la supériorité de leur boîtier d’une autre marque en se basant sur la note du tableau, alors que les mesures sont beaucoup plus nuancées que ça. En effet, la plupart des capteurs de boîtiers Canon avaient effectivement un retard à bas ISO (je rappelle que la valeur du tableau est celle en mesure « print » à l’ISO le plus bas, donc 100ISO) mais qui était rattrapé dès qu’on montait en ISO, au point que certains appareils bien plus bas dans le classement de dynamique par rapport à un boîtier d’une autre marque avaient une dynamique supérieure à ce même boîtier dès qu’on passait les 800ISO.
Là encore, la courbe affiche la dynamique selon les valeurs réelles du capteur et les points de mesure sont ceux aux valeurs affichées. DxO considère qu’une dynamique supérieure à 12EV est excellente et affiche toujours 3 paliers avec les mêmes couleurs vertes, jaunes et rouges (respectivement 10, 8 et 6EV). Dans les faits, toujours selon DxO, un écart de 0.5EV est généralement imperceptible. Si on regarde les valeurs entre ces 3 boîtiers, il semble donc que l’on peut les considérer comme très proches en dynamique puisque l’écart n’est quasiment jamais de 0.5EV. Néanmoins, on constate que si le D850 peut se vanter d’avoir la meilleure dynamique à bas ISO, ce n’est plus le cas à partir de 400/800ISO, et qu’il est même moins bon sur toutes les valeurs suivantes. Le Canon R3 est meilleur que les autres à hauts ISO mais « yoyote » un peu aux valeurs plus basses, bien que pour le coup, plus personne ne pourra prétendre que Canon ait du retard sur les autres puisqu’à bas ISO il reste proche des 2 autres boîtiers.
La note de dynamique intéresse souvent les photographes pour la photo de paysage, qui estiment que c’est dans ce domaine qu’on rencontrera le plus souvent des situations à forte dynamique et que, dans beaucoup de cas, on pourra souvent être à bas ISO (vu qu’on sera souvent en journée, sur trépied, avec des courtes focales en pouvant allonger le temps de pose…). En réalité, beaucoup de scènes présentent de grands écarts de dynamique, et à hauts ISO elle sera aussi importante pour l’astrophoto, par exemple, un domaine où il sera intéressant de pouvoir distinguer un maximum de tons de lumière entre le noir spatial et la forte clarté d’une étoile.

La sensibilité des couleurs est, selon moi, encore moins importante que les précédentes dans le sens où on aura renoncé à monter en ISO à cause du bruit et de la perte de détails qui va avec, avant que la sensibilité des couleurs n’engendre des dérives trop importantes. DxO considère une sensibilité de 22bits comme étant excellente, avec des paliers de 20, 17 et 14bits (vert, jaune et rouge, on commence à comprendre !). Si la dynamique affiche les nuances de luminosité, la profondeur des couleurs affiche donc les nuances de couleurs que le capteur peut enregistrer. Comme la dynamique et le bruit, elle s’amenuise à mesure que l’on monte en sensibilité ISO. Personnellement, même à 12bits, j’estime que ça reste exploitable. DxO estime qu’un écart de moins de 1bit est insignifiant.
On voit une nouvelle fois la limite du tableau récapitulatif. Celui-ci indique 25bits pour le Panasonic S5 et 25.1bits pour le Canon R3 alors que la courbe montre clairement que plus on monte en ISO et plus le Canon R3 se démarque du S5. Si vous vous basez sur le tableau, vous penserez que les 2 seront aussi bons dans la profondeur des couleurs alors que dès que vous dépasserez 1600ISO, ce ne sera plus le cas, le R3 prendra l’avantage. On remarque aussi à nouveau, comme pour la dynamique, que le D850 est avantagé par le fait que sa valeur ISO native la plus basse est de 64ISO et non de 100, contrairement au Canon et au Panasonic, ce qui lui permet d’afficher des valeurs plus élevées alors qu’on voit bien qu’à 100ISO il ne fait pas autant mieux que les autres.
Utiliser DxO Mark en pratique et observations personnelles
Cet article n’a évidemment pas pour but de vous démontrer que le Canon R3 est génial, que le D850 s’en sort toujours bien ou que le S5 a un meilleur rapport qualité/prix. Bien que tout ceci soit vrai, si on ne tient compte que des mesures détaillées présentées ici. Le R3 est souvent légèrement meilleur mais il est plus cher que le D850, et le S5 est parfois légèrement en-dessous des 2 autres mais c’est de loin le moins cher des trois. Aussi, les chiffres de DxO ne sont que des indications des performances des capteurs de ces appareils, sans prendre en compte
- leur gamme
- leur prix
- leurs caractéristiques physiques (dimensions et poids)
- leurs performances AF
- leurs ergonomies et prises en mains
- leurs conforts de visée
- le traitement des Jpegs
- etc.
Un tas de caractéristiques qui pourront être bien plus importantes sur le terrain que de savoir si un capteur à 0.2EV de moins à 1600ISO ou 0.3bits de plus à 400ISO, et que DxO ne peut mesurer. Et encore, je n’ai pas parlé de la taille du capteur ni de l’objectif qui sera monté devant ! DxO propose aussi les mesures d’appareils ayant des capteurs autres que le plein format ainsi que des mesures détaillées pour certains objectifs.
Pour avoir comparé de nombreuses mesures proposées par DxO Mark, je peux vous assurer de quelques points rapides à garder en tête :
- les capteurs récents ont quasiment tous plus ou moins les mêmes performances quelle que soit la marque, à condition qu’ils soient de la même taille, et ne sont pas tellement meilleurs que d’anciens capteurs de même taille (le Nikon D700 de 2008 n’a pas une montée en ISO et une profondeur des couleurs tellement moins bonne que le Sony A1 de 2021, par exemple)
- les capteurs plus petits sont évidemment moins bons que les plus grands, et contrairement à certaines croyances, les capteurs APS-C récents ne sont pas encore aussi bons que les anciens plein format sur beaucoup de points (la plus grosse évolution concerne surtout la dynamique). Pour reprendre le Nikon D700, il a toujours une meilleure montée en ISO et profondeur de couleurs qu’un Sony A6600 récent, mais il est battu sur la dynamique. En fait, la dynamique est la seule caractéristique pour laquelle l’amélioration permet aux capteurs plus petits de rattraper les plus grands, les derniers micro 4/3 arrivant même à faire mieux que d’anciens plein format.
- ce qui fait penser que les capteurs récents sont bien meilleurs doit plutôt se chercher du côté des traitements des boîtiers et des logiciels qui fournissent des jpegs de meilleure qualité. D’ailleurs, quand on compare des capteurs de même taille et définition mais dans des boîtiers de gammes différentes, on constate que leurs performances sont quasiment les mêmes et pourtant tous les tests indiquent que le plus haut de gamme semble meilleur. Par exemple, lors de la sortie du Nikon D750, la plupart des testeurs prétendaient voir une nette amélioration de la montée en ISO par rapport au D610 sorti précédemment. Si vous allez voir les mesures DxO Mark, vous constaterez (très logiquement, d’ailleurs, puisqu’ils ont le même capteur) que les performances sont pratiquement identiques, et dans l’absolu, s’il fallait désigner un vainqueur, ce sont plutôt les courbes du D610 qui sont très légèrement plus élevées. Seulement, les testeurs ont comparé les jpegs sortis du boîtier donc avec des algorithmes de traitement qui ont évolué entretemps.
Les cas Olympus et Fujifilm
Je fais une petite parenthèse pour ces 2 marques car elles ont toutes les deux la même « dérive ». En effet, je vous ai parlé précédemment de l’écart entre les valeurs ISO réelles et les valeurs ISO affichées par les boîtiers en vous expliquant que cet écart pouvait être différent selon les marques, voire selon les boîtiers (par exemple, le Panasonic S1R a un écart moins important que le Panasonic S1). Cependant, si certaines marques peuvent être plus ou moins facilement comparées à mêmes valeurs d’ISO car leurs écarts sont souvent assez similaires (en gros Sony, Nikon, Canon et Panasonic), il n’en est pas de même pour Olympus. Dans cette marque, la majorité des boîtiers affichent des valeurs ISO bien plus éloignées de leurs valeurs réelles que les autres marques.
Bien que DxO Mark n’ait testé quasiment aucun boîtier Fujifilm, les retours de la plupart des testeurs qui s’y sont penchés arrivent à la même conclusion : leurs valeurs affichées sont moins proches que les autres marques des valeurs réelles du capteur. Ça semble anodin, mais ça explique pourquoi certains tests et certaines personnes continuent de penser que les micro 4/3 d’Olympus montent mieux en ISO que les Panasonic (alors que ce sont les mêmes capteurs pour les 2 marques !), ou que les capteurs X-Trans de Fujifilm auraient « redéfini » les performances de montée en ISO du format APS-C (terme repris d’un site de tests assez connu) au point de les considérer proche du plein format, alors qu’en réalité les capteurs des botiers Olympus montent aussi bien en ISO que les Panasonic et les capteurs APS-C de Fujifilm n’ont pas une supériorité aussi importante sur les autres APS-C que ces tests le laissent croire.
Attention, je ne prétends nullement que ce que proposent ces marques ne soient pas de bonne qualité. Les capteurs X-Trans de Fujifilm ont probablement un avantage sur la profondeur des couleurs voire sur la dynamique, et les deux marques proposent des boîtiers performants et des optiques de haut niveau. Mais retenez cependant que sur la qualité d’image « technique », vous aurez globalement les performances du format, donc des Olympus micro 4/3 avec une moins bonne montée en ISO que les APS-C, et des APS-C Fujfilm avec une moins bonne montée en ISO que les plein format.
Conclusion, DxO Mark est-il utile pour choisir ?
Les mesures de DxO Mark sont donc intéressantes et très complètes, même si on peut regretter l’absence de certaines marques comme Fujifilm ou de certains modèles comme la plupart des micro 4/3 récents (aucun Panasonic de la série 9 ni d’Olympus sorti ces 5 dernières années n’y figurent, par exemple). Mais il faut savoir interpréter les chiffres sans se contenter des tableaux récapitulatifs et comprendre qu’il vaut mieux commencer par réduire vos choix en fonction de votre budget, votre pratique et de vos exigences avant de vouloir les utiliser pour comparer les quelques choix qu’il vous restent.
Au final, sur les capteurs, DxO Mark ne bouscule pas les faits sur les performances des capteurs : oui, ils évoluent au fil du temps même si c’est dans des proportions moins grandes qu’on ne l’imagine. Oui, un capteur plus grand donnera généralement une meilleure qualité d’image « techniquement » qu’un plus petit. Oui, une fois que vous avez choisi une taille de capteur, le choix de la marque se fera plus sur la gamme optiques disponibles ou les performances d’autofocus que sur les performances du capteur. DxO Mark n’est donc là que pour vous donner une idée du potentiel de votre capteur et vous démontrer que, si vous trouvez que la dynamique de votre Z6 n’est pas suffisante à 1600ISO, changer de boîtier ou de marque dans le même format n’améliorera pas grand-chose et qu’il vaudra mieux trouver des techniques pour réduire la sensibilité ISO !
J’espère que cet article vous aura été utile et que vous avez maintenant de meilleures idées de lecture des infos trouvées sur le site de DxoMark.
Je vous dis à bientôt,
Sylvain