Photographier avec une longue focale
Me voici de retour dans cette catégorie des astuces et conseils photo, une catégorie sur laquelle je n’avais pas pris le temps d’écrire depuis quelques temps. Et puis finalement l’idée m’est venue et j’avais en tête ce sujet que je n’avais pas traité sur notre blog : photographier avec une longue focale. Je vous parlerai de pas mal de termes techniques dans cet article, et je vous invite notamment à lire l’article sur comment maîtriser l’exposition en photographie.
Au premier abord, on pourrait penser que c’est un sujet simple à traiter, mais en y réfléchissant, je pense qu’il y a beaucoup à dire. C’est un sujet que j’apprécie particulièrement en photo et j’avoue qu’après avoir acheté et utilisé pendant pas mal de temps mon Canon 70-300 L IS, je me sens prêt à parler du sujet. Certes, je ne possède pas de très longues focales, ces fameux super-téléobjectifs au-delà de 300mm, mais j’ai eu l’occasion d’en tester plusieurs et finalement les conseils qui valent pour un 300mm se tiennent toujours pour un 500mm.

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Dans cet article, qui risque d’être long, je l’avoue et vous m’excuserez par avance, je vous parle de quoi alors ? Premièrement, on va évoquer ce que l’on peut considérer comme une longue focale, des rappels sur les angles de vue, la relation entre taille de capteur et focale et les différents types de téléobjectifs. Je vous expliquerai selon moi les intérêts majeurs d’utiliser une longue focale et on verra que cela va largement au-delà de l’utilisation animalière ou sportive.
J’évoquerai ensuite tous les conseils que je pourrai donner pour shooter avec une longue focale, aussi bien des conseils techniques que pratiques. En fin d’article, je vous donne également des conseils concernant le matériel photo, particulièrement pour choisir votre téléobjectif et les accessoires qui vont avec. Allez, c’est parti et bonne lecture !
Qu’est-ce que l’on peut considérer comme longue focale ?
Commençons donc par la base. Qu’est-ce qu’un objectif possédant une longue focale ? Comment on le reconnait ? Est-ce que ça change selon le type de boitier que je possède ? Je vous dis tout !
Focale, angle de vue et petits rappels
Pour comprendre et expliquer de manière simple ce que l’on peut considérer comme une longue focale ou un long objectif, je suis obligé de faire un petit rappel sur le terme de focale (que j’ai déjà détaillé dans le lien ci-avant). Pour faire simple, la focale, toujours exprimée en millimètre (mm), correspond à une caractéristique technique propre à chaque objectif. Elle peut être fixe (Ex : 85mm, 200mm) ou variable (18-55mm, 24-70mm). J’ai d’ailleurs également écrit un article complet sur les différences entre une focale fixe et un zoom (focale variable) si cela vous intéresse.
Il faut retenir que la focale correspond à la distance entre votre capteur et le centre de votre optique. Ainsi, la focale a une influence réelle sur l’angle de champ que vous allez avoir dans votre viseur. Aussi, on parlera de courte focale (ex : 12mm) pour un objectif grand angle, de focale standard (ex : 50mm) ou encore de longue focale (ex : 300mm).
Aussi, avec une focale courte, votre champ de vision sera très grand et concrètement, vous allez voir beaucoup plus de choses dans votre viseur. A l’inverse, une longue focale possédera un angle de vision bien plus réduit. Ce n’est pas pour rien qu’on surnomme les longues focales « zooms », car vous allez en réalité zoomer sur quelque chose de précis, réduire votre vision à un détail plus précis et faire ainsi apparaitre ce détail bien plus gros dans votre viseur et image finale. A savoir évidemment (comme pour tous les types d’objectifs) qu’il existe des longues focales de type zoom (Ex : 70-200mm, 200-400mm) ou des focales fixes (Ex : 400mm, 600mm).
Du fait de leur construction, notamment à la présence de nombreux éléments pour augmenter la vision, les longs objectifs sont généralement toujours lourds, longs et assez onéreux. Évidemment, après tout est relatif avec ce que vous considérez comme tel !

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La focale et la taille des capteurs photo
Je vais essayer de faire court et pas trop technique. Comme on l’a vu au-dessus, une focale est une caractéristique intrinsèque d’une optique. La référence pour mesurer une focale est la taille d’un capteur plein format, équivalent à un ancien 35mm. Cependant, à l’heure actuelle du numérique, tout le monde n’utilise pas un boitier possédant un capteur plein format (Full Frame).
De nombreux constructeurs, pour ne pas dire tous, proposent des boitiers photos possédant des capteurs plus petits. On y retrouve essentiellement deux types de capteurs : les capteurs APS-C et les Micro 4/3. Vous allez me dire et alors ? J’y viens. A l’inverse de ce que vous pouvez croire, une focale ne change pas, elle reste toujours la même. Une focale de 50mm sera toujours une focale de 50mm, peu importe sur quel boitier elle est montée. Ce qui change, c’est le champ de vision obtenu avec le couple boitier + focale, en fonction de la taille du capteur.
Avec un boitier plein format, vous avez un rapport de grossissement de 1x. Avec un boitier APS-C, vous avez un rapport de 1,5x (pour résumer) et sur un capteur MFT, vous avez un rapport de x2. C’est tout simplement lié à la taille du capteur qui est par exemple deux fois plus petit sur un mTF que sur un plein format. Pour rappel, voici la taille des capteurs :
- Capteur Plein format : 36 x 24mm,
- Capteur APS-C : 23,7 x 15,7mm (ceux de Canon font 22,3 x 14,9mm – rapport de 1,6x),
- Capteur MFT : 17,3 x 13mm.
Vous pouvez vous référer à mon article sur la taille des capteurs en photo dans la section matériel photo. Aussi, pour revenir à nos moutons, le champ de vision obtenu pour une même focale va varier selon la taille du capteur utilisé. Voici 3 exemples de focales différentes utilisées sur des boitiers possédant des capteurs différents.
Focale | Plein format | APS-C | Micro 4/3 |
---|---|---|---|
12mm | 12mm | 18mm | 24mm |
24-70mm | 24-70mm | 36-105mm | 48-140mm |
85mm | 85mm | 136mm | 170mm |
200mm | 200mm | 300mm | 400mm |
Aussi, il faudra faire attention à ce que vous allez choisir comme matériel photo par rapport au boitier que vous allez utiliser et surtout à l’angle de champ que le couple boitier/objectif donnera. Certains objectifs sont destinés aux capteurs APS-C et d’autres au Full-Frame, sachant qu’un objectif FF se montera toujours sur un boitier APS-C. L’inverse est en théorie aussi tout le temps vrai (sauf pour les boitier Canon de type reflex – vous allez voir apparaitre du vignettage sur les bords de vos images). C’est simplement le boitier plein format qui va recadrer automatiquement l’image car l’optique dédiée au APS-C n’est pas adaptée à son capteur.
Du coup, attention, un objectif de 12mm sur un boitier plein format équivaut un à grand angle, ce qui ne sera la même chose sur un capteur M4/3 par exemple avec une focale équivalente d’un 24mm. Généralement, les marques proposent des focales adaptées au type de capteur qu’elles produisent. L’exemple le plus classique est celui des objectifs standards de type zoom. Il est généralement proposé un 12-35mm en MFT, un 17-55mm en APS-C et un 24-70mm en plein format. Bien que les focales soient différentes, le rendu en termes de vision dans votre viseur (angle de champ) sera quasiment le même.
Les différentes longues focales
On distingue généralement plusieurs types de longues focales, appelées téléobjectifs. On fait toujours référence à un capteur plein format ici. De manière très générale, retenez que plus on choisit une longue focale, plus il y a de chance que cette dernière soit stabilisée, que son ouverture max diminue et que son prix augmente. Pour l’instant, les téléobjectifs restent encore plus avantageux financièrement sur les appareils reflex selon moi. On distingue généralement :
- Petits téléobjectifs : entre 85 et 135mm
- Téléobjectifs : entre 135 et 300mm
- Super-téléobjectifs : au-delà de 300mm
A quoi sert une longue focale alors ?
Après avoir vu ce qu’on pouvait considérer comme une longue focale et dans quel cas, je vous présente brièvement les utilités d’une longue focale.
La photographie de sport
C’est évidemment un classique. Alors oui, tout va dépendre de quel sport on parle. Mais globalement, j’inclue tous les sports dans lesquels vous n’avez pas un accès proche (tennis, handball, baseball, volley-ball, rallye automobile, voltige en avion, etc.). Tous ces sujets-là seront trop loin et utiliser une longue focale sera évidemment obligatoire si vous souhaitez photographier de près ces détails. Je viens d’ailleurs de publier un article complet expliquant comment choisir son matériel photo pour la photographie de sport.
L’animalier
C’est une des autres utilisations classiques. Encore une fois je mesure mes propos. Vous n’avez pas besoin d’une très longue focale pour prendre en photo votre chat ou votre lapin dans votre jardin (quoi que, cela peut avoir son intérêt !). Mais, comme pour le sport, dès que vous allez vouloir prendre en photo des animaux lointains ou craintifs, l’utilisation d’une longue focale sera nécessaire. Je pense à la photo d’oiseaux, de safari, tous les animaux dans un milieu naturel globalement. La macro est un domaine particulier et il existe des objectifs dédiés.



Les portraits en extérieur
C’est une autre utilisation fréquente. J’insiste sur l’extérieur car en intérieur, en studio par exemple, vous allez souvent manquer de recul pour pouvoir utiliser un 100 ou 135mm pour shooter quelqu’un. En extérieur, vous avez plus de marge et le fait d’utiliser une longue focale vous permettra d’isoler le sujet de son fond, en plus d’utiliser, bien sûr, une grande ouverture. Contrairement à ce qu’on peut penser, ce n’est pas la focale elle même qui déforme le sujet, mais bel et bien la distance par rapport au sujet. Pour parler simplement « avec une focale courte, pour cadrer serré, on devra se rapprocher, ce qui déforme le sujet ». En portrait, utiliser une focale plus longue permettra de garantir une « forme correcte » du visage.
D’ailleurs, si vous souhaitez en savoir plus sur le domaine, nous avons écrit un article listant nos meilleurs conseils pour le portrait.
Mettre en avant un sujet en le séparant de l’arrière-plan
Comme évoqué ci-dessus, l’une des utilisations principales ou du moins une de ses conséquences, est notamment le fait de pouvoir détacher du fond son sujet et ainsi de le mettre en avant. C’est la notion de profondeur de champ qui entre en jeu ici et je vous invite à lire l’article sur le lien ci-avant. Bien évidemment, cette séparation sujet/fond ne dépend pas uniquement de la focale utilisée mais principalement de l’ouverture utilisée, de la distance de mise au point avec le sujet, de la distance de l’arrière-plan par rapport au sujet ou encore de la taille du capteur.
Compresser les perspectives
Même si le terme compresser n’est pas parfait, les longues focales ont tendance à écraser en quelque sorte les perspectives d’une image. Vous avez ainsi en shootant avec une longue focale l’impression que les différents niveaux de votre image sont plus proches que ce qu’il n’y paraît. L’exemple typique c’est de shooter des bâtiments avec une longue focale. Vous pouvez donner l’impression (en utilisant un téléobjectif) que deux bâtiments (avant et arrière-plan) sont très proches, alors qu’ils peuvent être distants de plusieurs Km en réalité. A l’inverse les grand-angle donnent une impression d’immensité et émettent l’idée que le sujet et l’arrière-plan sont très éloignés alors qu’ils ne le sont pas en réalité.
Mettre en avant un détail divers
Finalement, c’est une sorte de conclusion, car elle reprend l’ensemble des points évoqués ci-dessus. Utiliser une longue focale permet généralement de mettre en avant un détail, qu’il s’agisse d’un sujet animalier, humain, sport ou autre. Vous pouvez aussi isoler un détail d’un arbre, d’une fleur, d’une voiture, d’un bâtiment en zoomant pour cadrer avec précision un bout du sujet.


Les deux photos ci-dessus ont été prises avec mon Canon 70-300mm L IS USM f/4-5.6
Conseils pour photographier avec une longue focale
Je vous donne ci-dessous mes conseils pour bien photographier avec une longue focale, aussi bien des détails techniques que pratiques.
Utiliser la bonne vitesse de prise de vue
C’est finalement le meilleur conseil et celui sur lequel vous devez porter votre attention. Car qui dit longue focale, dit souvent un objectif lourd. Imaginez-vous porter un boitier d’environ 1kg (comme mon 6D) sur lequel vous allez rajouter un objectif du type 70-200mm ou un 300mm, qui va vite peser plus d’un kilo. Au final, vous pouvez vite avoir 2kg/2,5Kg au bout du bras, ce qui pèse son poids quand même. Indéniablement, vous allez finir par bouger légèrement ou trembler lors de la prise de vue. Il en résulte quoi ? Une photo légèrement floue ! Certes, cela ne sera peut-être pas catastrophique, mais idéalement c’est quand même mieux d’avoir des photos nettes, non ? En réalité, on pourrait dire que pus le cadrage est serré (donc avec une longue focale), plus les mouvements se voient dans le viseur.
Par convention on va dire, pour un boitier plein format, on conseille d’utiliser au moins la même vitesse que la focale utilisée. Par exemple, si vous utilisez une focale de 300mm, on conseille de shooter à au moins 1/300. SI vous avez la possibilité de shooter plus vite, en montant par exemple d’un cran les ISO, je le conseille finalement. Pour des capteurs plus petits (APS-C / MFT) c’est encore plus vrai et j’irai même jusqu’à appliquer le crop factor. Soit utiliser une vitesse de 1/450 pour un boitier APS-C et 1/600 pour du MTF. Après, tout dépendra de votre capacité à tenir votre boitier et de si le boitier est stabilisé par exemple aussi.
Bien évidemment, c’est possible de shooter et de réussir des photos à des vitesses inférieures. Tout dépendra aussi du sujet (fixe/actif et si vous avez pu poser votre objectif quelque part ou sur un trépied).
Enfin, sachez qu’il existe aussi sur certains boitiers (comme mon 6D) la possibilité de fixer une vitesse d’obturation minimale. Elle fonctionne en mode Av sur mon Canon 6D et me permet par exemple de fixer une vitesse minimale de 1/80 dès lors que j’utilise mon Canon 85mm f/1.8. C’est un exemple, mais je l’utilise souvent pour éviter de descendre trop bas en vitesse.
Gérer correctement ses ISO
Les ISO font partie du fameux triangle d’exposition avec la vitesse d’obturation et l’ouverture. Comme on vient de le voir, le fait d’utiliser une longue focale va très souvent demander d’utiliser une vitesse rapide à la prise de vue. Je dirais que de manière générale, vous allez rarement utiliser de petites ouvertures avec un téléobjectif (ex f/11), mais plutôt des ouvertures assez grandes (type f/4), voire plus grand encore (rappelez-vous grand = petit chiffre).
Aussi, l’essentiel ici va être de trouver le juste milieu entre votre matériel, la situation dans laquelle vous vous trouverez et le sujet. Car pour utiliser une vitesse rapide, et ce même avec une grande ouverture, vous allez devoir souvent monter en ISO sur votre boitier. Dans des situations en plein jour, il n’y aura que peu de soucis, la lumière étant suffisante pour ne pas avoir à trop monter en ISO, même si le sujet est rapide. Mais dès que la lumière va baisser, vous allez avoir plus de mal.
Rappelez-vous, à propos des ISO, qu’à chaque fois que vous les doublez, vous pouvez shooter deux fois plus vite en gardant la même exposition de votre image. Pour autant, plus vous allez monter en ISO, plus vous allez avoir du bruit apparaître sur votre image et la qualité va clairement se dégrader. L’essentiel va donc être de trouver le juste milieu pour avoir une vitesse suffisante pour shooter en toute sérénité votre sujet (et donc garder un ISO plus bas) et prendre un peu plus de marge côté vitesse, mais cela va impliquer de devoir souvent monter en ISO. Si vous n’êtes pas à pleine ouverture, c’est aussi le moment d’ouvrir d’un cran ou deux votre ouverture pour gagner en vitesse, mais vous allez perdre un peu en profondeur de champ selon la situation.
Chacun verra midi à sa porte ici, mais il vaut mieux selon moi monter en ISO un peu plus haut et réussir à capturer son sujet (par exemple s’il bouge) que de vouloir à tout prix rester sur un ISO faible et louper complètement sa photo. Ce n’est pas idéal, mais c’est mieux que rien.
A savoir que vous pouvez souvent aussi fixer sur les boitiers (c’est le cas de mon 6D) une plage d’ISO pour le mode auto par exemple, ce qui peut être utile si vous souhaitez par exemple ne pas descendre ou monter au-delà/en-dessous d’une certaine valeur.
Attention à son ouverture
Après vous avoir parlé des ISO au-dessus, je souhaitais ajouter quelques mots sur l’ouverture à utiliser dans le cas d’utilisation de longues focales. Si on prend le cas des photographes de sports, vous allez souvent les voir shooter à pleine ouverture, principalement pour deux raisons : ils ont besoin d’utiliser une vitesse d’obturation très rapide et ils ont besoin généralement de flouter le fond. Le fait d’utiliser des longues focales avec de grandes ouvertures permet cela. On retrouvera par exemple des photographes utilisant des Canon 400mm f/2.8…
Pour autant, vous n’allez pas forcément toujours avoir besoin de shooter à pleine ouverture. Je prends l’exemple de photo de portrait en extérieur ou d’un détail lointain. Vous allez certes vouloir isoler le fond pour mettre en avant votre sujet, mais vous avez aussi envie de voir une plus grande partie de votre sujet nette. Le fait de fermer d’un cran ou deux d’ouverture (ex : au lieu de shooter à f/1.8 avec mon 85mm, fermer à f/2 ou f/2.8) me permettra non seulement de gagner en profondeur de champ (pdc – la partie nette de mon sujet sera plus grande pour parler simplement) mais aussi souvent de gagner en qualité d’image. Pour un portrait, le fait de fermer légèrement aussi son diaphragme permettra de gagner en pdc et vous permettra d’avoir autre chose que la pupille de l’œil du sujet nette, haha !
Autre exemple, la photo animalière. Si vous avez déjà une belle séparation entre votre animal et l’arrière-plan, le fait d’utiliser une longue focale sera déjà suffisant pour produire un beau bokeh, un beau flou d’arrière-plan. Vous pouvez du coup envisager de fermer un peu votre ouverture pour les raisons évoquées ci-dessus : gagner en profondeur de champ et en qualité d’image. Cela sera très utile pour la photo animalière car certains d’entre eux sont assez longs/grands et si vous utilisez une ouverture trop grande, vous n’aurez qu’un bout de l’animal net (en fonction du cadrage).
J’en ai déjà parlé sur ce blog, mais les objectifs ont généralement un « sweet spot » comme les anglais disent, c’est-à-dire une ouverture à laquelle la qualité est meilleure. Majoritairement, il vous suffit de regarder quelques courbes MTF pour vous rendre compte que le meilleur piqué d’un objectif n’est jamais à pleine ouverture, souvent 2/3 crans après. Après, si vous êtes obligé de shooter à pleine ouverture car vous manquez de vitesse et que le fait d’ouvrir va vous permettre de réussir votre photo, il n’y a pas débat. Bon après, sur des objectifs de qualité de plusieurs Kg, comme un 300mm f/2.8, la différence de qualité d’image entre la pleine ouverture et les ouvertures moyennes est souvent faible.


Limiter les focales maximales et déplacez-vous !
En plus de posséder une ouverture à laquelle le piqué est le meilleur, les objectifs possèdent également « une meilleure focale ». De manière générale, sur les téléobjectifs et les super-téléobjectifs, la qualité d’image sera moins bonne à fond de focale, à fond de zoom comme on dit. Concrètement, si vous utilisez un objectif Sigma 150-600mm, il ne faut pas s’étonner d’une moins bonne qualité à 600mm.
Si vous n’avez pas le choix, d’accord. Mais si, comme pour de la photographie animalière, vous pouvez parfois bouger et vous rapprocher de votre sujet, il faudra mieux se déplacer un peu, avancer vers le sujet et shooter à 500mm, plutôt que de rester à votre place et shooter à 600mm. Après, je ne vous dis pas de vous coller à un ours sous prétexte que vous ne souhaitez pas utiliser votre focale la plus longue, hein !
Utiliser le limitateur de mise au point
C’est une chose à laquelle on ne pense pas forcément souvent mais c’est très utile dans le cas de l’utilisation de longues focales. Pour expliquer la chose simplement, c’est un outil (réglable sur la majorité des longs objectifs mais aussi sur certains boitiers) permettant de limiter le secteur sur lequel l’objectif va tenter de faire la mise au point. C’est vraiment très pratique, surtout pour le sport, l’animalier et même pour un portrait par exemple.
Concrètement, vous allez dire à votre objectif de se limiter à essayer de faire sa mise au point à partir d’ici et pas plus loin que là. Sur les téléobjectifs, vous avez souvent un bouton sur le côté noté par exemple « 10 – ∞ ». Si vous savez d’ores et déjà que votre sujet ne sera jamais plus proche que 10m, c’est déjà un moyen parfait pour aider votre objectif à faire sa mise au point.
D’autres boîtiers hybrides récents par exemple permettent de fixer précisément une distance avant/arrière ou même de sélectionner les zones précises sur lesquelles l’objectif doit se focaliser. En utilisant cette astuce, vous allez gagner en rapidité de mise au point et mettez toutes les chances de votre côté pour réussir vos photos, surtout si le sujet est en mouvement par exemple.
Choisir le type de stabilisation
Je ne m’étalerai pas ici car les choses sont plutôt simples. Vous avez plusieurs types de stabilisation : celle dans les boitiers (comme les Nikon Z ou les derniers Canon R5 / R6) et celle dans les objectifs. Dans tous les cas, retenez qu’utiliser un système de stabilisation vous permettra de shooter à des vitesses de prises de vues plus basses et de limiter les flous de mouvements ou de bougés. En clair, limitez vos mouvements, les mouvements des sujets ne sont pas eux limités par la stabilisation !
Généralement, les longues focales disposent d’au moins 2 types de stabilisations. Le Mode 1 correspond au mode simple que vous pouvez utiliser quotidiennement. Le mode 2 est très utile si vous souhaitez suivre un sujet qui bouge, comme par exemple pour les filés ou un sujet que vous souhaitez suivre tout simplement.
Sélectionner le bon mode
J’ai écrit un article complet au sujet des différents modes en photos (de votre boitier). Même si c’est un article dédié aux conseils pour shooter avec une longue focale, on peut très bien parler des boitiers aussi. Car en effet, tous les boitiers offrent différents modes, les plus connus et utilisés étant les modes AV, TV et M (ou A, S et M).
Globalement, je dirais que si vous photographiez un sujet fixe ou qui bouge peu, le mode Av (priorité ouverture) ira très bien. Vous fixez vos ISO en automatique (ou en manuel), votre ouverture et le boitier calcule la vitesse idéale.
Si le sujet bouge, il pourra être plus intéressant de fixer la vitesse de prise de vue, disons par exemple 1/2000. Vous pouvez fixer les ISO en auto (ou non) et l’appareil calcule automatiquement l’ouverture qu’il doit utiliser. Quand la luminosité manque, l’appareil propose de toute façon l’ouverture max dans la majorité des cas.


Réussir de meilleurs arrière-plans
Rien de bien surprenant ici vous allez me dire et c’est un conseil qui ne vaut pas uniquement pour les longues focales. Le fait d’utiliser une longue focale, une grande ouverture et une distance de l’arrière-plan lointaine, vous permettra de réussir de très beaux bokeh. Je vous invite à lire mon article sur la profondeur de champ si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet.
Mais clairement, avec de longues focales, les possibilités de fonds parfaitement flous sont encore plus grandes. Il vous suffira donc d’utiliser les bons paramètres et surtout de parfois bouger pour séparer volontairement l’arrière-plan de votre sujet. Avec de telles focales, il vous suffit parfois de changer et de faire varier le cadrage de quelques centimètres pour faire une grande différence sur un arrière-plan et sa qualité.
Shooter sur trépied/monopod
C’est une évidence mais c’est un conseil très important. En plus de vous aider à porter votre ensemble boitier+longue focale qui pèse un âne mort, cela vous permettra de gagner en stabilité et de pouvoir shooter avec des vitesses plus faibles. C’est particulièrement vrai pour la photo de sport, d’animalier et même sur des portraits. D’ailleurs, vous pouvez regarder les photographes de sport autour d’un stade de foot ou autre, ils sont tous ou presque sur trépied/monopod et même parfois sur un petit tabouret. Personne n’a envie de porter pendant plusieurs heures 2, 3 ou 4Kg de matos.
Certes, ce n’est pas obligatoire tout le temps mais si vous faites des techniques d’affût par exemple dans votre jardin ou que vous êtes stoppés à un endroit précis pour attendre un animal ou une scène particulière (par exemple lors d’un safari), vous allez être content de disposer d’un trépied ou d’un monopod.
Pour la photographie de safari, vous pouvez également envisager l’achat d’un bean-bag, accessoire photo très utile pour stabiliser votre long objectif et limiter les flous de bougés/mouvements.
Entraînez-vous !
Et finalement, c’est le dernier conseil que je vais donner ici, il faut s’entraîner. C’est con, mais vous allez avoir besoin de temps et de pratique pour maîtriser une longue focale, apprendre à connaître ses limites, ses défauts et qualités. Il n’y a que le temps et l’entrainement qui vont vous aider. Je vous conseille d’ailleurs de vous entraîner durant plusieurs jours avant le jour J, par exemple si vous partez en safari.
Matériel photo et longue focale
Je souhaitais terminer cet article par quelques éléments de précisions purement techniques concernant notamment le choix de votre longue focale et des accessoires associés. Car il est possible que si vous tombez sur cet article, vous êtes sur le point d’acheter un téléobjectif ou de changer votre ancien.
Comment choisir la focale qu’il vous faut ?
Commençons tout simplement par là. Comment choisir votre longue focale ? Je dirais que cela va dépendre de plusieurs éléments que je reprends ci-dessous :
Votre niveau en photographie
Cela pourrait faire sourire, c’est vrai. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Je ne dirais jamais sur ce blog que telle optique est plus adaptée aux débutants et celle-là aux professionnels. Tout sera souvent une question de budget, d’envie et moins souvent quand on débute de besoins. Si vous débutez en photo et que vous vous allez acheter votre premier téléobjectif, il y a deux façons de voir les choses.
-
- Vous pouvez souhaiter vous faire la main sur quelque chose de basique et dans ce cas-là je recommanderais de rester sur un téléobjectif pas cher que vous allez trouver chez toutes les marques. Canon/Nikon proposent des 70-300mm par exemple aux alentours de 500/600€ (voire moins si vous prenez un téléobjectif pour un capteur APS-C, comme le Canon EF-S STM 55-250 mm F/4-5.6 IS ou le Nikkor AF-S DX 55-200mm f/4-5.6G ED VR II). A ce prix-là, vous n’avez pas le meilleur objectif du monde évidemment, mais pour commencer c’est amplement suffisant et vous pouvez déjà commencer à vous familiariser avec votre nouveau caillou. J’ai personnellement commencé avec un Canon 55-250mm…
- Soit vous avez un peu plus de budget et même si vous débutez vous avez envie de vous faire plaisir en achetant quelque chose de mieux que le téléobjectif de kit à petites ouvertures glissantes dont je parle au-dessus. Vous allez pouvoir vous tourner vers des classiques 70-200mm, 700-300mm proposant des ouvertures fixes plus grandes, de type f/4 ou f/2.8 (mais le prix double ou triple, il faut le savoir).
Votre pratique photo
Comme on l’a vu dans les conseils, tout va dépendre de ce que vous allez souhaiter photographier. Si vous souhaitez vous focaliser sur le sport, il sera intéressant de se tourner vers une longue focale possédant une grande ouverture (ex f/2.8), ce qui vous permettra de figer plus facilement les mouvements. Rappelez-vous, comme évoqué ci-dessus, une ouverture de f/2.8 comparé à f/4 vous permettra de shooter deux fois plus vite. Sachant que les téléobjectifs « pas chers » proposent souvent des ouvertures de type f/4-5.6, voire f/6.3…
Si vous n’êtes pas vraiment focalisé sur le sport mais que vous souhaitez par exemple l’utiliser plutôt en voyage et dans la vie quotidienne, l’intérêt de posséder un téléobjectif ouvrant à f/2.8 sera plus limité. Attention, je ne dis pas que ce sera inutile. Il faut savoir qu’un téléobjectif ouvrant à f/2.8 à la place de f/4 vous permet certes de shooter deux fois plus vite, mais aussi de mieux flouter vos arrière-plans. Cependant, la contrepartie est que l’objectif est plus cher, plus imposant en taille et plus lourd.

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Votre budget
Je suis d’accord, ça reprend un peu les éléments évoqués ci-dessus. On pourrait généraliser de cette manière : plus vous allez choisir un téléobjectif possédant une longue focale, plus généralement : il coûtera cher, il sera plus long, l’ouverture max sera moins grande, il sera plus lourd.
Vous allez ainsi avoir du mal à trouver des objectifs à grande ouverture dès que vous allez choisir des focales au-delà de 300/400mm. Attention aussi à comparer ce qui peut l’être lors de votre achat. J’en parle dans mon article sur les différences de capteurs, mais un 200mm sur un boitier Micro 4/3 ou sur un plein format ne proposera pas le même rendu en termes d’angle de champ et également en termes de profondeur de champ. Il vous faudra comparer à focale et ouverture équivalente… Mais c’est un autre sujet…
Sinon, je vous propose ci-dessous quelques références sérieuses chez Canon et Nikon pour exemple. Pour rappel, le sigle EF rappelle la comptabilité au plein format (Reflex) chez Canon alors que EF-S rappelle que l’optique est destinée aux boitiers APS-C (reflex) – RF = boitier Canon hybride. Chez Nikon : FX = plein format et DX = APS-C. Nikon Z = hybride Nikon.
Type | Objectif | Focale | Ouv. Max | Ø filtre | Stab. | Autofocus | Vérifier le prix |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Téléobjectif zoom | Canon EF 70-200mm f/2.8L IS III USM | 70-200mm | f/2.8 | 77mm | OUI | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif zoom | Canon EF 70-200mm f/4L IS II USM | 70-200mm | f/4 | 72mm | OUI | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif zoom | Canon EF 70-300mm f/4-5.6L IS USM | 70-300mm | f/4.5-5.6 | 67mm | OUI | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif zoom | Canon EF 70-300mm f/4.5-5.6 IS II USM | 70-300mm | f/4.5-5.6 | 67mm | NON | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif fixe | Canon EF 85mm f/1.8 USM | 85mm | f/1.8 | 58mm | NON | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif zoom | Canon EF 100-400mm f/4.5-5.6L IS II USM | 100-400mm | f/4.5-5.6 | 77mm | OUI | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif fixe | Canon EF 300mm f/4L IS USM | 300mm | f/4 | 77mm | OUI | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif fixe | Canon EF 400mm f/4 DO IS USM II | 400mm | f/4 | - | OUI | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif zoom | Canon EF-S 55-250mm f/4-5.6 IS STM | 55-250mm | f/4-5.6 | 58mm | OUI | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif zoom | Canon RF 70-200mm f/2.8 L IS USM | 70-200mm | f/2.8 | 77mm | OUI | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif zoom | Canon RF 24-240mm f/4-6.3 IS | 24-240mm | f/4-6.3 | 72mm | OUI | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif zoom | Nikon Z 70-200mm f/2.8 S VR | 70-200mm | f/2.8 | 77mm | OUI | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif fixe | Nikon Z 85mm f/1.8 S | 85mm | f/1.8 | 67mm | OUI | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif zoom | Nikkor AF-P DX 70-300mm f/4.5-6.3G ED | 70-300mm | f/4.5-6.6 | 58mm | NON | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif zoom | Nikkor AF-S 70-200mm f/4G ED VR | 70-200mm | f/4 | 67mm | NON | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif zoom | Nikkor AF-S DX 55-200mm f/4-5.6G ED VR II | 55-200mm | f/4-5.6 | 52mm | OUI | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif zoom | Nikkor AF-S 200-500mm f/5.6E ED VR | 200-500mm | f/5.6 | 95mm | OUI | OUI | Fnac / Amazon |
Téléobjectif fixe | Nikkor AF-S 85mm f/1.8G | 85mm | f/1.8 | 67mm | NON | OUI | Fnac / Amazon |
Comment choisir le trépied qu’il vous faut ?
Encore une fois, c’est un sujet qui a déjà été traité en détail sur l’article dédié aux choix des trépieds sur notre blog. Je ne vais donc pas tout réexpliquer ici. Retenez que si vous avez l’intention d’acheter un trépied / rotule pour votre futur/nouveau téléobjectif, il vous faudra considérer le poids de votre futur couple boitier + téléobjectif. C’est donc l’élément principal à considérer lors de votre achat, la charge maximale que votre trépied peut supporter. En d’autres termes, choisissez un trépied qui puisse porter au moins le double (pour plus de sécurité) du poids max de votre couple.
Utiliser des multiplicateurs de focale ?
Je n’ai pas encore écrit d’article dédié à ces accessoires photos (aussi connus sous le nom de TC, Extender ou Téléconvertisseur), mais sachez qu’ils permettent de faire « grandir la focale » de vos téléobjectifs. Ils agissent comme une loupe et sont placés entre votre boiter et l’objectif. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais ils peuvent être utilisés si vous vous trouvez trop court en termes de focale et que vous souhaitez ponctuellement zoomer plus loin.
Retenez cependant que :
- Il existe une perte de qualité de piqué plus ou moins importante en utilisant des multiplicateurs de focale. Cela dépendra de la marque et du TC utilisée, mais aussi de la qualité de l’optique,
- Il existe globalement des TC x1,4 et x2. Attention cependant, vous perdez un cran de lumière en utilisant un TC x1,4 et 2 crans pour le doubleur (TCx2),
- Selon les modèles et la focale utilisés, vous allez parfois perdre votre autofocus avec ces accessoires photos,
- Les TC sont plus intéressants si l’optique a de base une ouverture assez grande, idéalement f/2.8 ou f/4.
Selon moi, ils peuvent être un moyen de dépanner mais je ne les utiliserais pas de manière continue.
Voilà, j’arrive à la fin de cet article sur les conseils pour photographier avec une longue focale. J’espère que vous avez appris des choses. N’hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous en avez pensé et surtout me donner d’autres conseils que j’aurais pu oublier !
Si vous souhaitez d’autres conseils et astuces photo sur des domaines précis, n’hésitez pas à aller jeter un coup d’œil sur la page de catégorie du site.
A bientôt,
Sylvain
Bonjour,
Existe-t-il une bague d’adaptation pour monter un extender 1,4x sur canon 70-300 IS USM II nano ?
Bonjour,
oui n’importe quel extender qui s’adapte pour la monture Canon EF ira normalement
Bonjour Sylvain, et fidèles lecteurs
Merci pour cet éclairage sur les focales longues. Des infos claires sont toujours bonnes à parcourir et relire d’ailleurs. Pas plus tard qu’hier j’ai relu le sujet sur les bagues d’adaptation pour un achat
Donc très précieux tes mémos Sylvain.
Pour le facteur crop, oui je confirme qu’il est mieux de le prendre en compte pour la vitesse d’obturation. Ayant un nikon j5, donc x2, 7( car c’est un capteur 1 pouce), j’ai testé . 1 a 2 cran sont bien venus, Iso ou vitesse pour l’animalier.
Merci de ton travail de synthèse Sylvain. Bisous à Mélanie et les garçons. Marc
Merci Marc de ton message. Content que l’article plaise,
Sylvain