Mes conseils pour la photographie animalière
Je dois dire que même si c’est un domaine que je ne pratique pas tous les jours, le domaine de la photo naturaliste, de la faune sauvage, de la vie sauvage, m’a toujours passionné. Quels photographes n’ont jamais rêvé de capturer de belles photos d’animaux comme on voit dans les reportages animaliers du National Geographic ? Je ne suis qu’un simple amateur passionné par les photos animalières mais les fois où j’ai eu l’occasion de m’essayer à cet exercice dans un milieu naturel, j’en ai gardé un excellent souvenir. Je pense en particulier à la découverte de la nature sauvage lors de mon safari en Tanzanie, de mon shooting d’Orang-Outangs dans la jungle à Sumatra, en Indonésie, ou encore des makis et autres oiseaux que l’on prenait souvent en photo quand je vivais sur l’île de Mayotte dans l’Océan Indien.

Je te propose de découvrir mes packs de fiches photo pratiques. C'est un moyen simple, sympa et ludique pour apprendre et progresser en photographie, en particulier sur le terrain !
Après vous avoir guidé concernant le choix de votre objectif pour l’animalier (mais aussi pour vos boitiers et accessoires), je vous propose aujourd’hui de vous donner mes conseils pour la photographie animalière. Car posséder un téléobjectif et regarder des galeries photo des meilleurs photographes animaliers pourra vous inspirer, mais cela ne fera pas de vous le roi de la photo animalière ! Pour ceux qui débutent, je vous invite à venir faire un tour sur les articles expliquant les bases de la photographie. Vous y trouverez l’essentiel pour commencer, comprendre les bases et toutes les notions techniques associées.
Quel animal et comment le débusquer ?
La photographie animalière peut être une discipline exigeante comme aisée, selon le type d’animaux qui vous intéresse. Bien évidemment, il est plus facile de photographier le chat dans le canapé qu’une buse fonçant sur sa proie. Néanmoins, dans les deux cas, il s’agit de photo animalière, qui regroupe donc différentes contraintes et forcément différents matériels. Par exemple, certains petits animaux peuvent nécessiter des objectifs macro ou au moins une faible distance minimale de mise au point, alors que d’autres nécessiteront de courtes focales ou au contraire de très longues. Ne vous lancez donc pas dans les animaux compliqués à photographier trop vite, commencez par des animaux simples comme la plupart des animaux domestiques qui ne demanderont pas souvent de technique particulière mais qui pourront vous aider à vous familiariser avec certaines réactions animales et vous entrainer à rester discret.
Mais bien sûr, quand on pense photo animalière, on pense tout de suite aux animaux sauvages, à crapahuter dans la nature à la recherche du cliché unique que peu de gens pourraient réaliser et surtout aux gros appareils photos professionnels qui coutent un bras. Heureusement, ces derniers ne sont pas nécessaires, encore plus de nos jours où on peut s’équiper à des prix plus que corrects comme vous pourrez le voir dans l’article sur le matériel pour la photo animalière. D’ailleurs, à ce propos, je vous invite à lire notre article détaillant nos meilleurs conseils pour utiliser un téléobjectif. Ce qui fera la différence, ce sera la préparation de la prise de vue, et je ne parle pas seulement de poser son appareil sur un trépied et tourner les molettes pour régler les paramètres. En effet, il vous faudra apprendre à connaitre les animaux, leurs comportements, savoir où les trouver et comment les repérer, ce qui n’est que le début car il vous faudra également du temps pour maitriser des techniques d’approches comme l’affut et la billebaude. Raison de plus pour commencer par sélectionner un type d’animal en particulier, celui qui vous intéresse le plus, parmi les mammifères, les oiseaux, les insectes, pour ne pas trop vous disperser car il y aurait une grosse masse d’informations à intégrer sur toutes les sortes d’animaux (quand on vous dit qu’il vous faudra du temps !). On est d’accord que l’on ne se prépare pas et on ne photographie pas un ours, une chouette, un lion ou un lièvre de la même manière…
Il y a également beaucoup de contraintes environnementales, de toute évidence vous ne trouverez pas forcément les animaux qui vous intéressent au bout de la rue et vous devrez vous déplacer dans des endroits où vous devrez parfois rester des heures, la météo et la lumière changeant régulièrement…et qui vous obligeront à préparer soigneusement chaque sortie avec des phases de repérage pendant lesquelles vous passerez plus de temps à chercher et à planifier qu’à faire des photos.


Préparer la prise de vue
Vous pouvez donc commencer par sélectionner les espèces que vous souhaitez photographier et vous renseigner sur les lieux où ils habitent (logique, si vous cherchez des cerfs sur la place du village vous serez sans doute déçus…). Vous devez ensuite en apprendre le maximum sur son comportement, s’il est diurne ou nocturne, ce qu’il mange, s’il vit en groupe ou non, s’il migre, ses mœurs et tout ce qui vous permettra de faciliter les recherches y compris bien entendu de savoir repérer les signes de sa présence (empreintes, restes de repas y compris après digestion, poils, abris etc.). Faites attention aussi à bien savoir les reconnaitre physiquement, certaines espèces s’identifient rapidement mais d’autres se ressemblent et peuvent se confondre (normalement vous ne pouvez pas confondre un tigre avec un éléphant, on est d’accord, haha). Vous pourrez trouver toutes ces informations dans des livres spécialisés ou sur internet.
Une fois que vous saurez où ils se trouvent, il va falloir trouver un point de vue et observer (une paire de jumelles n’est pas une mauvaise idée) afin de définir les zones où ils passent, où ils se posent, où ils cherchent leur nourriture etc. Vous pouvez d’ailleurs prendre des notes avec les lieux, heures et quelles photos vous pourriez faire avec ça, surtout si vous essayez de suivre plusieurs espèces en même temps. N’oubliez pas également de penser au sens du vent pour choisir votre point d’observation, car la plupart des animaux ont un odorat très développé et vous risquez de les faire fuir. Vous pouvez également utiliser des accessoires comme les abris, évoqués dans l’article sur le matériel, ou vous habiller en tenue de camouflage par exemple (on est d’accord que pour vos animaux de compagnie dans le jardin, ce n’est pas nécessaire, hein !). N’hésitez pas non plus à revenir régulièrement aux mêmes endroits pour ajouter des observations dans votre carnet de notes.

Bien sûr, je parle ici de la technique de l’affût, consistant à éviter au maximum de déranger les animaux dans leur quotidien. En théorie, un bon affût permettra souvent de s’approcher assez près pour peu que vous ayez bien préparé votre sortie en ayant fait les bonnes observations. Cependant, il vous faudra parfois carrément construire un « terrier » pour que les animaux s’y habituent. C’est donc une technique où la patience sera une qualité essentielle, car vous passerez beaucoup de temps à faire du bricolage et de la surveillance. Une autre technique, l’approche ou billebaude, consiste à aller à la rencontre de l’animal. En gros vous n’attendez pas que les animaux arrivent, vous allez les chercher. Cette technique demande beaucoup de savoir-faire car elle nécessite également beaucoup de préparations et d’observations. Il faudra aussi être discret en devant porter un équipement lourd et les déceptions seront souvent nombreuses pour ceux qui ne savent pas bien s’y prendre.
Le moment de déclencher
Une fois toutes ces observations réalisées, que vous aurez défini où vous placer et à quels moments le ou les animaux qui vous intéressent pourront être immortalisés, il vous restera encore à diriger votre viseur, choisir les heures et les emplacements où vous aurez une bonne lumière, orienter votre appareil dans le sens le plus adapté…
Généralement, les premières et dernières heures du jour offrent de belles lumières rasantes. Visez en priorité, quand c’est possible, les endroits éclairés où ces animaux passent. N’hésitez pas à faire quelques essais « à vide », quand les animaux ne sont pas encore sur les lieux, pour peaufiner vos cadrages et apprécier les différents plans, quitte à vous déplacer légèrement ou encore à vous mettre en plongée ou contre-plongée en cas d’arrière-plan disgracieux. Les mouvements de la plupart des animaux étant rapides et difficiles à anticiper, il faudra parfois faire avec et les suivre même si l’harmonie des plans est rompue. Dans ce cas, dites-vous que finalement avec des longues focales et des capteurs relativement grands (même micro 4/3), la profondeur de champ est assez courte et les arrière-plans seront souvent noyés dans le flou. Il faut donc surtout vous assurer de bien cadrer l’animal.
Pour débuter, je vous invite à relire l’article sur la règle des tiers, mais n’oubliez pas que bien que l’on appelle ça une « règle », ce n’est qu’une convention. Elle permet d’obtenir une certaine cohérence visuelle assez facilement mais vous incite surtout à penser en permanence à votre composition, même quand vous ne la suivez pas. Sauf si vous souhaitez faire un effet particulier, je vous conseille d’appliquer le même type de principes que pour un portrait. Visez l’œil, laissez de la place à votre sujet, idéalement dans le sens de ses mouvements. S’il se déplace vers la droite, laissez de la place sur la droite de l’image, idem à gauche, en haut ou en bas, et orientez votre appareil selon la morphologie et la posture de l’appareil pour donner une meilleure dynamique à l’image. Par exemple, une girafe debout se prête plus à une orientation verticale qu’un renard allongé.



Contrairement à la photo d’architecture, vous aurez rarement des bâtiments, des routes ou toute autre construction offrant des références géométriques, et pourtant vous pouvez facilement en trouver et vous en servir comme lignes directrices, que ce soit les arbres, les branches, les reliefs du sol…bref, servez-vous de l’environnement autour de l’animal pour diriger le regard sur vos images, ça ne peut qu’être bénéfique. Pour aller plus loin, je vous invite à relire l’article sur la composition en photographie, il pourra vous être utile !

Les modes
Pour la plupart des animaux, vous aurez généralement plus besoin de contrôler votre temps de pose que votre profondeur de champ. C’est particulièrement vrai avec de longues focales où elle sera de toute façon très courte. Il sera donc plus judicieux d’utiliser le mode S/Tv (priorité vitesse) et de laisser l’appareil décider de l’ouverture. De toute façon, il se mettra généralement à pleine ouverture, ce que vous auriez souvent fait dans beaucoup de cas où la lumière aurait manqué ou qu’il aurait fallu un temps de pose très court. Pour la sensibilité ISO, l’appareil pourra également s’en charger automatiquement, sauf si vous voulez une uniformité dans vos prises de vue. Dans ce cas, vous pouvez carrément vous mettre en mode M et paramétrer tous vos réglages, ce en quoi les autres articles du site pourront vous aider.
Pour le mode de mesure de la lumière, tout dépendra du cadrage et de l’espace qu’occupera l’animal que vous photographiez dans ce cadre. Vous pouvez vous référer à l’article sur les modes de lumière pour en apprendre davantage, mais disons que par défaut, la mesure pondérée centrale sera un bon compromis. Si le sujet est petit ou à contre-jour, vous pourrez passer en mesure spot. Attention, sur un reflex Canon, il faudra donc le centrer car la mesure spot sur ces appareils ne se fait que sur le collimateur central.
Concernant le mode autofocus, un mode permettant de suivre l’animal dans ses déplacements sera évidemment bien plus adapté, par exemple un mode continu (AI Servo chez Canon par exemple). Pour des animaux relativement lents, vous pourrez limiter ce mode à un seul collimateur et le suivre vous-même, mais pour d’autres plus remuants il vaudra mieux utiliser un suivi sur un nombre de collimateurs plus ou moins grand. Un nombre plus grand fera perdre en réactivité mais risque moins de perdre le sujet, à vous de trouver le meilleur compromis selon l’animal et ses mouvements.
Pour la rafale, les appareils haut de gamme vous offriront souvent un meilleur confort et auront donc un avantage, car dans le domaine de la photo animalière, les instants sont très fugaces et une bonne rafale sera vraiment intéressante. Passer des heures à observer un animal et manquer le bon moment à cause d’une mauvaise réactivité de l’appareil, que ce soit sur la rafale ou sur l’autofocus d’ailleurs, est toujours frustrant. Faites néanmoins attention à ne pas en abuser. Le bruit de certains appareils finira par alerter les animaux, sans parler du fait que vous allez saturer très vite votre carte mémoire !




Les réglages d’exposition
Le temps de pose est donc souvent le paramètre le plus important. Selon votre matériel, les animaux et la façon dont vous voulez retranscrire le mouvement, votre temps de pose à choisir risque de varier. Il pourra varier du 1/10ème au 1/8000ème de seconde. Cela dépendra aussi de la focale de votre objectif, s’il est stabilisé ou non, ou encore si vous utilisez un monopod ou un trépied. En plein format, la « règle » conseille un temps de 1/focale (1/300ème pour un 300mm, par exemple) à main levée sans stabilisation sur l’objectif et le boitier. En APS-C, il faudra au moins multiplier le chiffre de la focale par 1.5 voire 2 pour plus de sécurité (1/500ème pour un 300mm, pour reprendre le même exemple). En Micro 4/3, il faudra le multiplier par 2 voire 3 (1/1000ème pour un 300mm). Évidemment, s’il y a une stabilisation, comme sur la plupart des hybrides micro 4/3 ou des hybrides Sony récents, vous pourrez utiliser des temps plus longs. Mais dans l’ensemble, c’est d’abord l’animal et ses mouvements qui définiront le temps de pose nécessaire. Pouvoir shooter sans flou de bougé au 1/10ème de seconde quand l’animal ne tient pas en place n’a pas grand intérêt.


Comme dit plus haut, avec les longues focales, l’ouverture ne sera pas tellement un critère important. Non, en réalité, il le sera, mais vous aurez sûrement envie d’un objectif qui ouvre au maximum pour récupérer plus de lumière, afin d’éviter de monter dans les ISO. Rappelez-vous bien qu’un objectif qui ouvre à f/2.8 vous permet de prendre un animal deux fois plus vite que si vous aviez un objectif avec une ouverture de diaphragme maximale à f/4. De plus, un objectif qui possède une ouverture plus grande vous permettra de mieux flouter votre arrière-plan et de réaliser de plus beaux bokeh. Dans les situations où vous ne manquez pas de lumière (ou si les animaux sont nombreux dans le cadre), vous pourrez toujours utiliser des ouvertures plus petites comme f/5.6 ou f/8 si vous voulez agrandir un peu la profondeur de champ ou améliorer le niveau de détails de l’image. Certains téléobjectifs, notamment les zooms, sont souvent moins bons aux plus grandes ouvertures.
La sensibilité ISO pose toujours le même problème. Idéalement, on aimerait pouvoir la mettre à sa valeur la plus basse mais les conditions de lumière ne le permettent que rarement. C’est particulièrement vrai quand on a besoin d’utiliser des temps de pose courts, d’autant que ce genre de photos ne permet pas souvent d’utiliser un flash et encore moins d’installer des systèmes d’éclairage ! Il faudra donc faire avec la sensibilité nécessaire pour assurer le temps de pose voulu, ne soyez donc pas trop exigeant à ce niveau. Heureusement les appareils actuels savent gérer la montée en ISO assez bien et vous pourrez monter tranquillement jusqu’à 3200ISO sur la plupart des formats et même plus sur les plus grands. Je me suis vu shooter des animaux en Tanzanie, ou dans la jungle à Sumatra, avec des ISO à 6400 sans trop de soucis.
Conclusion
Vous pouvez le constater, la photo animalière est un domaine exigeant, comme beaucoup de domaines en photo d’ailleurs mais peu le sont autant, notamment par rapport au matériel photo. Vous devrez donc bien préparer vos prises de vue si vous voulez avoir des résultats satisfaisants, y investir beaucoup de temps et vous armer de patience car les déchets sont nombreux. Personnellement, j’ai pris l’habitude de shooter en RAW et de réaliser un post-traitement derrière.
C’est la fin de cet article, j’espère que ces conseils vous aideront à « piéger » nos petites bêtes. N’oubliez pas de faire un tour sur les autres articles de ce site, entre autres celui sur le matériel pour l’animalier et celui où je donne des conseils pour réussir ses photos en safari.
Coucou,
Comme d’hab, article sympa!
Dommage que je ne puisse mettre une de mes photos d’oiseaux! Car je sui plus en billebaude à la recherche d’un oiseau qui en général n’est pas là le jour J malgré un repérage! Mais la chance me sourit j’ai celui que je recherchais depuis un bon moment! Donc la théorie du repérage tombe souvent à l’eau pour les oiseaux!
Biz de Gwada
Coucou Anita,
merci encore une fois de ton message ! Bises de Tahiti
Merci Mel
Cet article » conseil et pratique » est vraiment très bien fait Il reprend pas à pas les informations utiles pour la photo animalière. En plus il complète parfaitement d’ autres articles. Me concernant, je retiens le mot » patience’ ‘et’ ‘préparation’ » car je suis toujours ( trop) pressés de shooter… Merci de partager tes pratiques, et tes belles photos avec nous. Marc
Un grand merci Marc de ton commentaire 🙂
Au plaisir,
Sylvain