Obtenir des photos nettes et piquées
Je continue cette semaine avec un nouvel article conseil ! Après vous avoir donné pas mal de conseils et technique en photo dans différents domaines, on vous parle ici d’un sujet intéressant : obtenir des photos nettes et piquées ! Une des premières choses que l’on souhaite souvent obtenir lorsque l’on passe à un appareil évolué comme un reflex ou un hybride, ayant des capteurs plus grands que les smartphones, les compacts et bridges traditionnels, c’est de voir plus de détails sur les images. Néanmoins, si ces appareils sont évolués, c’est aussi parce qu’ils demandent une bonne maîtrise. Il ne faut donc pas croire qu’il suffit d’acheter un appareil de ce type pour d’un coup obtenir des images parfaites. La gamme de l’appareil ne sera pas aussi importante que la maitrise que vous en aurez.

Je te propose de découvrir mes packs de fiches photo pratiques. C'est un moyen simple, sympa et ludique pour apprendre et progresser en photographie, en particulier sur le terrain !
Je continue cette semaine avec un nouvel article conseil ! Après vous avoir donné pas mal de conseils et technique en photo dans différents domaines, on vous parle ici d’un sujet intéressant : obtenir des photos nettes et piquées ! Une des premières choses que l’on souhaite souvent obtenir lorsque l’on passe à un appareil évolué comme un reflex ou un hybride, ayant des capteurs plus grands que les smartphones, les compacts et bridges traditionnels, c’est de voir plus de détails sur les images. Néanmoins, si ces appareils sont évolués, c’est aussi parce qu’ils demandent une bonne maîtrise. Il ne faut donc pas croire qu’il suffit d’acheter un appareil de ce type pour d’un coup obtenir des images parfaites. La gamme de l’appareil ne sera pas aussi importante que la maitrise que vous en aurez.
La première chose dont il faut se préoccuper est donc en priorité la zone de netteté, qui s’obtient avec la mise au point. Avec des objectifs de courtes focales, surtout avec de petites ouvertures, cette zone sera très étendue. Cependant, avec des focales un peu longues voire très longues et de grandes ouvertures, la zone nette sera souvent très courte. Ainsi, le moindre décalage vous fera paraitre la photo floue alors qu’en réalité, c’est juste que la zone nette ne sera pas là où vous la cherchiez. Ensuite, un autre paramètre qui risque d’affecter la netteté de votre image, qu’il s’agisse de toute l’image ou seulement du sujet, sera le temps de pose. En effet, vous avez certainement entendu parler de flou de bougé et de flou de sujet, qui sont simplement dus à des flous de mouvements qui seront liés dans le premier cas aux mouvements du photographe (donc les vôtres) et dans le deuxième cas aux mouvements du sujet (donc inexistants s’il est immobile).
Pour le piqué, d’autres éléments entrent en compte, mais principalement le capteur et l’objectif. L’ouverture par exemple, en-dehors de réduire ou agrandir la zone de netteté, ne délivrera pas toujours le même niveau de détails à toutes les valeurs et sur toute l’image. La gamme et le type d’objectif sont également importants. La sensibilité ISO a aussi une influence, car plus elle est élevée, plus elle fera apparaitre du bruit numérique. Enfin, de façon plus anecdotique, la propreté ou plutôt le manque de propreté de l’objectif et du capteur peuvent également influer. Je peux vous raconter par exemple l’histoire de cet objectif qui était censé être capable de délivrer un très haut niveau de détails. Je l’avais acheté d’occasion et il était arrivé avec un filtre tellement serré que je n’avais pas réussi à l’enlever tout de suite. Lors de mes premiers tests, les détails étaient particulièrement flous et je commençais à penser que la réputation de cet objectif était exagérée. C’était jusqu’à ce que je parvienne à enlever (enfin) le filtre qui n’était pourtant pas bas de gamme et les résultats étaient nettement (c’est le cas de le dire) différents.
Voici donc, de manière plus détaillée, mes conseils pour vous permettre d’obtenir une netteté et un piqué maximum quel que soit votre capteur et votre objectif. Attention, je parle bien de tirer le maximum de votre appareil en particulier, ne vous étonnez pas, si vous comparez une image faite avec un micro 4/3 et une optique bas de gamme, d’avoir le même niveau maximal qu’avec un plein format et une optique haut de gamme.
La profondeur de champ
Le capteur et la focale
Vous entendrez souvent dire que la taille du capteur change la profondeur de champ et que plus ce capteur est grand, plus la profondeur de champ est courte. En réalité, c’est une erreur, car ce n’est pas le capteur qui change cette profondeur de champ. Simplement, pour obtenir un cadrage identique, dans les mêmes conditions que sur un capteur plus petit sans avoir à vous déplacer, on pourra choisir une focale plus courte. Par exemple, si vous voulez un cadrage identique à ce que donnera un 35mm sur un plein format, vous allez mettre un 23mm sur un APS-C ou un 17mm sur mFT. A ce propos, un article sur la focale est disponible sur le site. Or, une focale plus courte comme un 12 ou un 16mm avec une même ouverture affiche une profondeur de champ plus grande (donc moins de flou). L’avantage dans notre recherche d’un haut niveau de détails est que les risques de décalage lors de la mise au point seront plus rares.
A l’inverse, sur des focales plus longues comme un 85 ou un 200mm, cette profondeur de champ sera plus courte et le risque de décalage plus important. Autrement dit, plus vous utiliserez des focales longues et cadrerez serré, plus la profondeur de champ sera courte et cela multipliera les dangers de ne pas avoir votre sujet dans la zone de netteté. C’est vrai quelle que soit la taille de votre capteur, bien que ça arrivera moins facilement avec des capteurs plus petits. Mais nous parlons ici d’hybrides et de reflex qui auront des capteurs au minimum de type micro 4/3, déjà assez grands pour obtenir des profondeurs de champ assez courtes facilement.

La focale et la distance
Comme évoqué plus haut, le cadrage imposera donc une certaine distance avec le sujet selon la focale que vous utiliserez, et là encore, plus vous cadrerez serré, plus la profondeur de champ se réduira, que ce soit en vous approchant du sujet ou en augmentant la focale. Même avec de courtes focales ou avec de petites ouvertures, vous pouvez obtenir des profondeurs de champ très faibles grâce à votre distance par rapport au sujet.
Par exemple, les photographes animaliers utilisent souvent des objectifs tels que les 150-600mm f/5-6.3, donc des objectifs qui n’ont pas de très grandes ouvertures maximales, et qui pourtant peuvent produire des images d’animaux bien nettes avec des arrière-plans très flous. En effet, la grande longueur focale combinée au fait qu’ils s’approchent au maximum des animaux pour les cadrer au plus serré, contribuent à réduire fortement la profondeur de champ (et à produire ces beaux flous d’arrières plans). Tout comme vous pouvez également le faire avec une très courte focale en vous approchant très près du sujet, voyez le champ de vision comme un cône devant vous et imaginez une zone colorée représentant la profondeur de champ cernant le sujet, puis imaginez comment elle évoluerait si vous vous en approchez.


L’ouverture
A propos de l’ouverture du diaphragme, cette dernière agira aussi sur la zone de netteté. Effectivement, plus elle sera grande comme f/2.8 ou f/1.4, plus la profondeur de champ sera réduite à distance et focale identiques. Par conséquent, plus elle sera petite comme f/5.6 ou f/11, plus la profondeur de champ sera grande. Vous entendrez d’ailleurs souvent les portraitistes vous mettre en garde, car avec de grands capteurs et de grandes ouvertures, vous aurez parfois une profondeur de champ tellement courte qu’elle n’englobera pas toute la personne, réduisant la zone de netteté au visage et noyant dans le flou l’arrière de la tête, donc les cheveux (s’il y en a, pensons aux chauves !), voire le bout du nez. Si la personne est de côté, vous verrez même l’œil sur lequel la mise au point est faite net mais pas le second.
Comme nous l’avons vu dans le point sur la focale et celui sur la distance, plus la focale est courte et la distance lointaine, plus la profondeur de champ sera grande. Ce qui veut donc dire qu’avec de courtes focales et un sujet lointain, la zone de netteté sera souvent très étendue même avec une grande ouverture, alors qu’avec de longues focales et un sujet proche elle sera bien plus réduite, même avec une petite ouverture. Il faudra donc faire plus attention dans le deuxième cas que dans le premier, ce qui peut sembler paradoxal étant donné que souvent on conseille de fermer fortement le diaphragme en paysage alors qu’on utilise souvent de très courtes focales et qu’on conseille de l’ouvrir au maximum en animalier car on manque plus souvent de luminosité qu’en paysage et qu’on a plus de difficultés à trouver des solutions pour compenser ce manque (par exemple le trépied, en animalier ça repose les bras mais ça ne stabilise pas l’animal). Vous me suivez toujours ou non ?
La mise au point
Toutes ces notions seront importantes car elles vont trouver leur sens au moment où vous ferez la mise au point sur le sujet. Selon le rendu que vous souhaiterez obtenir, en particulier si vous souhaitez accentuer les flous d’avant et d’arrière-plan, il faudra donc commencer par choisir le cadrage en fonction de votre focale et de la distance par rapport au sujet. Cela conditionnera déjà en grande partie l’étendue de votre zone de netteté. Puis il faudra sélectionner votre ouverture et enfin demander à l’appareil si vous utilisez l’autofocus, ou faire manuellement le point pour situer le sujet dans l’image.
La précision sera alors capitale, car plus cette zone de netteté sera courte, plus les écarts affecteront l’image. Petit aparté, sur les hybrides on ne rencontre à priori pas ce problème, mais si vous utilisez un reflex sachez que l’autofocus par détection de phase utilisé en visée optique se révèle très rapide mais aussi imprécis, et il n’est pas rare qu’il provoque des décalages. Pour dire, les constructeurs ont même inclus sur la plupart de leurs boitiers une option pour permettre de corriger (plus ou moins) ces décalages. Les marques Sigma et Tamron sont même allées jusqu’à proposer des consoles USB qui permettent de les corriger de façon plus fine. Il existe d’ailleurs de nombreux tutos sur internet vous montrant la procédure à suivre pour vérifier votre appareil. C’est d’ailleurs une chose que tout utilisateur de reflex devrait faire à chaque achat d’un nouvel objectif. Car il est illusoire de penser que les constructeurs puissent fabriquer, avec cet autofocus, des objectifs parfaitement calibrés tout le temps.
Concernant l’autofocus, il sera donc primordial de bien sélectionner son mode, simple ou continu, avec suivi sur un seul collimateur, un groupe de collimateurs ou tous les collimateurs de votre appareil. Retenez que plus il y en a, plus il sera précis, mais moins il sera rapide. Vous risquez tout autant de louper votre mise au point avec beaucoup de collimateurs précis mais pas assez rapides pour suivre le sujet, qu’avec peu de collimateurs plus rapides mais pas assez précis. Évidemment, plus l’appareil est haut de gamme, plus il a de chances d’être rapide ET précis. N’allez cependant pas vous persuader que vous devez absolument acheter un boitier à 5000€. La plupart des appareils même d’entrée de gamme actuels ont des autofocus suffisamment performants pour la plupart des situations dans la mesure où vous sélectionnez le bon mode.
Je vous conseillerais personnellement de vous mettre en mode continu, surtout avec une très faible profondeur de champ. En effet, le moindre de vos mouvements risque de vous faire louper votre mise au point et ce même si le sujet est immobile. Il n’est pas rare qu’entre le moment où l’on fait la mise au point et le moment où l’on déclenche, on se penche légèrement en avant ou en arrière. Sur des sujets immobiles et avec de grandes profondeurs de champ, le mode simple suffira souvent et accélérera un peu la mise au point. Bien sûr, si vous êtes en manuel, vous aurez plusieurs techniques. L’hyperfocale par exemple permet de maximiser la mise au point de la distance la plus proche de vous jusqu’à l’infini. Le focus peaking affiche la zone de netteté en surbrillance sur votre écran. Mais au final vous ne pourrez pas autant vous en prendre à votre appareil si vous loupez la mise au point, zut !

Le piqué
L’optique et son diaphragme
Maintenant que vous avez choisi les réglages adaptés de votre appareil pour que la zone de netteté soit là où vous la souhaitez et s’étende sur la zone que vous voulez, nous pouvons nous intéresser d’un peu plus près, c’est le cas de le dire, au niveau de détails dans cette zone, à savoir le fameux piqué. La première pièce qui va l’influencer est l’optique, celle qui fait transiter la lumière vers votre capteur grâce à un jeu de lentilles. Bien entendu, au mieux ces lentilles amèneront la lumière avec finesse, meilleurs seront les détails. Comme souvent, le haut de gamme rime avec une meilleure qualité car les meilleures lentilles ayant subi les meilleurs traitements sont plus chères à fabriquer et se revendent donc plus chères.
Cependant, rien n’est jamais simple, les optiques des marques « constructeurs » comme Canon, Nikon ou Sony sont aussi plus chères parce qu’elles portent le nom de ces marques. Il n’est pas rare de trouver des optiques Sigma, Tamron, Tokina ou autres afficher d’aussi bons, voire meilleurs, résultats pour bien moins cher. Le 35mm f/1.4G de Nikon, par exemple, est globalement moins bon que le Sigma Art et encore moins que le récent Tamron, alors qu’il est le plus cher des trois. On trouve même dans ces marques des objectifs plus bas de gamme se révéler presque aussi bons que les versions haut de gamme, comme le 35mm f/1.8G de Nikon par rapport au f/1.4G, ou le 35mm f/2 IS de Canon par rapport au 35mm f/1.4L. La différence de génération peut également influer. Par exemple le 24mm f/1.4G de Nikon censé plus haut de gamme que le f/1.8G est moins bon et sorti bien avant, tout comme le 85mm f/1.2L de Canon par rapport au 85mm f/1.4L sorti récemment.

Voir en détail sur la Fnac
Et décidément, rien n’est jamais vraiment simple, car sauf exception, la plupart des optiques ont des différences de piqué selon l’ouverture et même selon la focale pour les zooms. Bien que sur les optiques haut de gamme, les constructeurs cherchent principalement à assurer une qualité optique de haut niveau dès la plus grande ouverture et de limiter donc les différences entre les ouvertures, il est rare qu’ils y parviennent. C’est encore plus évident sur les optiques plus bas de gamme où ils auront d’autres priorités (réduire les coûts, en fait, pourquoi chercher plus loin ahah). Fixes ou zooms, la plupart des optiques ont un niveau de piqué inférieur aux plus grandes ouvertures et pour les zooms la plupart seront moins bons aux focales extrêmes (24 et 105mm sur un 24-105, par exemple). Mais une dernière fois pour marquer le coup, rien n’est simple et il peut exister des zooms meilleurs aux extrémités qu’en milieu de zoom, il faudra donc se fier aux tests ou encore tester soi-même pour savoir sur quel pied danser.
Pour finir, dernier petit caillou dans la chaussure, le piqué n’est pas non plus toujours le même sur toute l’image ! En général, les bords de l’image sont en retrait par rapport au centre, mais là aussi il faut tester car on a parfois des surprises comme des bords aussi bons que le centre mais la zone entre le centre et les bords qui est moins bonne par exemple (ne me demandez pas pourquoi, mais ça arrive, bien que ce soit rare). Et en plus, même s’il s’améliore en fermant le diaphragme, il ne le fait pas forcément de façon uniforme et il n’est pas rare que le centre s’améliore plus vite que les bords ou à l’inverse que quand le centre est déjà très piqué à pleine ouverture, il n’y ait que les bords qui s’améliorent…Sachez donc qu’en général, les optiques fournissent le meilleur niveau de piqué aux ouvertures moyennes, autour de f/4 pour les optiques ouvrant à f/2 et plus, autour de f/5.6 pour les optiques ouvrant à f/2.8 et autour de f/8 pour les optiques ouvrant moins grand. Bien entendu, ce n’est pas absolu et il faudra là encore tester vos optiques pour vous en assurer.
Enfin, ne pensez pas qu’il vous suffira alors de fermer au maximum votre diaphragme pour pallier à ce problème, surtout sur les optiques qui ferment à f/22 ou f/32. A ces ouvertures, un phénomène appelé diffraction fait son apparition et affecte les détails, de plus en plus fortement à mesure que vous fermerez le diaphragme. Et cette diffraction arrive d’autant plus vite que votre capteur sera petit. Ainsi, sur un plein format, quand elle intervient à f/16 alors sur APS-C elle commencera à affecter l’image à f/11 et en mFT à f/8. Si vous étendez encore ce principe sur les compacts à capteur 1’’ ou les smartphones, c’est encore plus tôt. Ne soyez donc pas impressionné par un bridge du type Panasonic FZ200 avec une optique 25-600mm f/2.8, avec son capteur 1/2.3’’ la diffraction est quasiment déjà à l’œuvre dès la pleine ouverture et empirera rapidement en fermant le diaphragme !
Les valeurs indiquées ci-dessus ne sont pas à prendre au pied de la lettre, elles sont correctes dans le cas où vous exploiterez une définition autour de 20MP, mais comme toujours en photo plus l’agrandissement est important plus on voit les défauts et inversement. Donc, si votre capteur ou le support sur lequel vous affichez vos images n’exploitent que 8MP, la tolérance est plus grande et la diffraction sera moins vite visible, alors que si vous avez par exemple un capteur de FF 60MP et que vous zoomez à 100% vous verrez déjà l’effet de la diffraction à f/8. Retenez donc que plus votre capteur est petit, plus il vaut mieux éviter de fermer trop le diaphragme.
Le temps de pose
La photographie est un instant fixé sur un support sensible, il faut donc indiquer à l’appareil le temps nécessaire pour fixer la lumière envoyée par la scène via l’optique. Ainsi, si vous avez déjà tenu un appareil photo, vous avez sans doute vu des chiffres tels 1/1000, 1/250, 1/10,2’…Là encore, si cette notion vous est vraiment peu familière, vous trouverez sur le site un article sur la vitesse d’obturation, on se met décidément en quatre pour vous ! Mais pour prendre un exemple simple, bougez rapidement votre main devant vous et vous vous rendrez compte que plus vous la déplacez vite, moins vous pouvez en distinguer les détails. Si vous photographiez votre main à un temps de pose trop long (Ex : 1 seconde), elle aura le temps de parcourir une certaine distance durant cette seconde et votre appareil l’enregistrera. C’est ce qu’on appelle le flou de sujet, votre main étant le sujet. Pour pouvoir la figer, il faudra trouver un temps de pose suffisamment court, et plus votre main bougera vite plus vous devrez raccourcir ce temps évidemment. Beaucoup de débutants se font avoir à cause de ce flou de sujet, car ils ne savent pas encore faire la différence entre ce flou et un manque de piqué. Sachez simplement que si le sujet en mouvement est flou mais que des éléments autour de lui dans la zone de netteté qui ne bougent pas sont bien nets, c’est que vous avez probablement à faire à du flou de sujet.


Un autre flou lié au temps de pose est le flou de bougé, lui aussi dû à des mouvements, mais cette fois-ci aux vôtres. En effet, quand vous tenez votre appareil à main levée, même si vous pensez être très stable avec des nerfs d’acier, vous bougez toujours un peu et ces mouvements peuvent affecter vos images. La « règle » que vous retrouverez souvent indiquée un peu partout est celle de 1/focale. En admettant que vous soyez donc à main levée et que vous n’ayez de stabilisation (ni sur le capteur ni dans l’optique), si vous utilisez un 50mm vous devez utiliser un temps de pose de 1/50ème de seconde ou plus court pour éviter le flou de bougé. Cette règle s’applique à tous les formats de capteur mais elle doit être adaptée car elle concerne avant tout le plein format. Avec un capteur plus petit, vous devez au moins appliquer le fameux « crop factor », à savoir qu’un APS-C a par exemple une diagonale 1.5x plus petite que celle d’un plein format. Vous devez donc multiplier la focale par 1.5. Dans notre exemple du 50mm, vous allez donc devoir utiliser une vitesse de 1/75ème de seconde minimum. Avec un mFT, vous devez la multiplier par 2 et pour d’autres formats, je vous invite à vous renseigner sur leur diagonale et la comparer à celle du plein format. Je vous conseillerais même de prendre une marge de sécurité avec des capteurs plein format plus pixélisés ou des petits capteurs : multiplier par 2 pour l’APS-C et 3 pour le mFT par exemple.
Si vous avez une optique, un capteur ou les deux, disposant d’une stabilisation, la règle s’applique toujours mais la stabilisation vous permettra d’allonger encore un peu le temps de pose selon son efficacité. Par exemple, un 100mm stabilisé ou monté devant un capteur disposant d’une stabilisation, pourra supporter des temps de pose plus longs que 1/100ème. Si la stabilisation offre un gain de disons 2 stops, vous pouvez donc diviser par 4 le temps de pose, soit utiliser une vitesse jusqu’à 1/100×4 = 1/25ème. Pour cette raison, les appareils avec des capteurs stabilisés comme la plupart des Panasonic et Olympus récents ou encore les derniers Sony et Nikon plein format hybrides, ont un avantage car la stabilisation sur le capteur permet d’en bénéficier même si l’optique n’en possède pas. C’est surtout très intéressant sur les longues focales. Si vous avez compris la règle, plus la focale est longue plus le temps de pose doit être court, ce qui nécessite souvent de monter en ISO mais nous reviendrons sur ce point plus loin. C’est la raison pour laquelle les téléobjectifs sont plus souvent stabilisés que les grands angles, et également en vidéo puisque vos mouvements sont visibles en continu.
Vous devrez donc souvent vous préoccuper d’abord des mouvements du sujet s’il est mobile, car à moins d’utiliser une focale assez longue, le temps de pose nécessaire pour figer un sujet sera généralement plus court que celui nécessaire pour éviter les flous de bougé. Pour les sujets fixes en revanche, il vaudra mieux porter l’attention sur vos propres mouvements. Mais dans les deux cas, il existe des solutions pour réduire voire éviter totalement ces flous comme le monopod, le trépied ou le flash. Le monopod vous permettra par exemple de réduire les risques de flou de bougé, comme le ferait une stabilisation même si ça reste aussi limité. Le trépied pour sa part vous permettra d’utiliser le temps de pose de votre choix, mais n’oubliez pas que, comme le monopod et la stabilisation, il ne réduit pas les risques de bougé du sujet. Pour le sujet, dans la mesure où il n’est pas trop éloigné de vous, le flash sera très efficace car il fige l’action à un temps de pose différent de celui réglé sur l’appareil.
La sensibilité ISO
Après l’ouverture et le temps de pose, il ne manquait qu’un paramètre pour valider le triangle d’exposition en photo, voilà qui est fait avec la sensibilité. Le numérique a permis une grande latitude sur ce paramètre, car au temps de l’argentique les pellicules étaient limitées à une sensibilité quasiment unique, même si on pouvait les « pousser » un peu mais pas trop au risque de dégrader fortement l’image, il fallait donc changer de pellicule pour changer de sensibilité. Aujourd’hui, on peut passer de 100 à 128 00ISO avec quelques tours de molette ou carrément en laissant l’appareil le faire automatiquement en un millième de seconde. Grâce à ce paramètre, on permet au capteur d’être plus sensible à la lumière, bien qu’en réalité ce ne soit qu’une amplification électrique du signal, mais je vous passe les détails techniques.
Cependant, cette amplification ne se fait pas sans inconvénient (ce serait trop facile !). Plus vous monterez en ISO, plus vous ferez apparaitre ce qu’on appelle du bruit numérique, qui se caractérise par des points colorés répartis aléatoirement sur toute l’image. Grâce à des algorithmes de traitement, on peut réduire ce bruit. Les logiciels vont l’analyser et tenter de les faire disparaitre, mais il en résultera un lissage des détails ainsi que ce qu’on pourrait appeler du moutonnement, souvent désigné comme du « grain ». Mais ce terme ne devrait pas s’appliquer en numérique. Au temps de la pellicule, celle-ci se constituait de grains d’argent, d’où le terme « argentique », mais en numérique ce moutonnement n’est en fait même pas du bruit mais une conséquence de sa réduction.
Ainsi, plus vous monterez en ISO, plus les détails de vos images seront affectés. Idéalement, si vous voulez obtenir des images avec le plus de détails possibles, vous devrez rester à la sensibilité ISO la plus basse. Mais évidemment dans beaucoup de conditions ce sera difficile, si ce n’est impossible. Il vous faudra donc utiliser toutes les techniques vues précédemment, le flash, le trépied, une grande ouverture…Le mieux étant bien entendu de shooter dans les conditions les plus lumineuses possibles. Mais il est parfois compliqué d’invoquer le Dieu Soleil au milieu de la nuit (enfin, vous pouvez le tenter mais pas sûr qu’il vous réponde).
Les vibrations
« Mais quelles vibrations ? » me direz-vous…Je ne parle pas des good vibrations de la chanson, évidemment. Et oui, malgré toutes les précautions que vous aurez prises en suivant les conseils indiqués dans cet article, il y a encore moyen d’améliorer les chances d’obtenir des images encore plus détaillées. Dans un appareil photo, il y a souvent beaucoup de pièces mécaniques qui bougent, comme l’obturateur ou le miroir, et qui, en bougeant, font vibrer légèrement l’appareil et viennent ajouter des micro flous de bougé. Il y a également les micro mouvements provoqués par ces choses que vous avez au bout des mains, je parle évidemment de vos doigts qui, rien qu’en pressant sur le déclencheur, ajoute aussi des micro flous de bougé et ce même si vous utilisez un trépied.
N’allez pas jusqu’à la paranoïa non plus, si vous avez suivez tous les autres conseils vous aurez déjà des images très détaillées, quel que soit votre appareil. Mais pour aller encore plus loin dans la recherche des plus fins détails, vous aurez encore d’autres « petites » astuces, comme utiliser le retardateur ou la télécommande afin de ne pas avoir à presser sur votre appareil avec vos grosses mains pleines de doigts, haha ! Sur la plupart des reflex, vous trouverez un mode Mup, voulant dire mirror up (miroir levé), qui consiste à faire lever le miroir pendant un laps de temps défini avant que le capteur ne commence à enregistrer la lumière, afin de ne pas subir ses vibrations lorsqu’il se lève et se ferme. Vous avez aussi sur certains appareils la possibilité de choisir entre obturateur mécanique et électronique, l’obturateur électronique ne provoquant pas de vibration mais qui peut provoquer d’autres phénomènes indésirables, surtout sur de grands capteurs, bien que ce soit de moins en moins le cas.


On récapitule et on conclut
Quand on débute en photographie, toutes ces choses sont souvent obscures et on a vite tendance à s’en prendre à son matériel, surtout quand il nous fournit des images qui ne semblent pas meilleures que celles qu’on peut faire avec son smartphone ou son vieux compact de l’an 2000. Combien de fois j’ai pu entendre certains se plaindre par exemple des détails de leur 50mm f/1.8 sur leur reflex APS-C pour se rendre compte que leurs photos étaient faites au 1/30ème de seconde. Et pour être honnête, combien de fois je m’en suis plains moi-même pour la même raison à mes débuts.
Sachez donc qu’actuellement, les boitiers et les objectifs qu’on vous vend sont capables de fournir des images très détaillées et même excellentes dans la mesure où vous savez correctement les utiliser. Avant d’acheter un nouvel objectif sous prétexte que celui que vous utilisez manque de détails, commencez par suivre tous ces conseils et vous verrez que très souvent il sera capable de vous fournir des images très piquées. Apprenez donc à bien maitriser votre appareil et à en tirer le meilleur. Vous réaliserez que dans la plupart des cas, il fera ce que vous attendez de lui avec qualité et que les résultats obtenus seront encore améliorés par les traitements d’images, en particulier l’accentuation pour le piqué. Mais cela s’inscrit dans un autre aspect de la photo (le traitement et la retouche) qui mériterait un et même plusieurs autres articles (patience, ils arriveront bien un jour !).
Par ordre d’importance, si on peut dire, voici donc les étapes à suivre pour obtenir une image nette et le meilleur piqué :
- Réglez votre mise au point,
- Choisissez votre vitesse de prise de vue (pensez aux flous de bougé et flous de sujet et tenez compte de la stabilisation si disponible),
- Réglez votre ouverture (évitez l’ouverture max et les ouvertures amenant de la diffraction),
- Fixez votre sensibilité ISO (la plus basse selon les conditions, quitte à utiliser un trépied ou un flash si possible),
- Réduisez au maximum les vibrations (souplesse sur le déclencheur, retardateur, télécommande…).
N’oubliez pas également qu’une bonne photo ce n’est pas nécessairement une photo pleine de détails sur laquelle on peut compter les brins d’herbe et les poils de c…C’est avant tout une photo qui dégage une certaine émotion. Attelez-vous d’abord à assurer la netteté avec la mise au point, surtout si vous utilisez des grands capteurs et de longues focales avec de grandes ouvertures. Autre point important. Vous êtes beaucoup à vouloir regarder vos images à 100% sur un logiciel ou sur votre boitier, ce qui pourra mettre en évidence le manque de détails (quand ils sont bien là). Rappelez-vous une chose, ceux qui regardent vos photos ne verront que rarement de si grands agrandissements. De plus, comme c’est indiqué dans l’article sur les mégapixels, plus vous agrandissez plus vous risquez de percevoir le manque de détails et moins vous le ferez moins vous le percevrez. Vous montrez souvent des posters en A0 de vos vacances à vos amis, vous ?
Concernant la qualité des objectifs, par chance, beaucoup de sites de tests circulant sur internet vous permettront d’obtenir de précieuses informations sur leurs caractéristiques et en particulier, le piqué. Mais méfiez-vous de certains sites, même ayant l’air sérieux, qui n’usent pas toujours d’une méthodologie stricte. Beaucoup oublient par exemple la dernière phrase du paragraphe précédent et ce qu’elle implique en comparant des crops 100% d’objectifs testés sur des boitiers de différentes définitions. Un site sérieux comme DxO aura un certain intérêt, car ils réalisent leurs tests dans des labos sans influence des conditions et uniformisent les résultats pour comparer équitablement tout le matériel. Lensrentals est aussi un des rares sites à tester plusieurs exemplaires d’un même modèle afin de tenir compte des variations entre les exemplaires. Attention néanmoins, ce sont des sites qu’on peut qualifier d’assez techniques et qui demandent de savoir interpréter leurs résultats pour que ce soit vraiment utile.
J’espère que cet article vous aidera à exploiter votre matériel à son plein potentiel et vous fera prendre conscience qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités…Non ça c’est Spiderman ! Qu’une bonne photo implique une grande maîtrise et beaucoup d’expérience bien avant d’avoir un gros appareil super performant et des objectifs hors de prix qui ressemblent à des bazookas. Il vaut d’ailleurs mieux une belle photo chargée d’histoire et d’émotions qu’une photo banale, nette, sans bruit et sans flou, non ?
A bientôt,
Sylvain
Explications Très claires et compréhensibles .
Bel article , intéressant et utile.
Merci beaucoup alors 🙂