La photo de portrait, mes meilleurs conseils.
Même si je ne suis pas un grand spécialiste du domaine, la photo de portrait est un domaine universellement répandu, mais souvent mal maîtrisé et parfois même confondu avec d’autres types de photo. Par exemple, combien de fois peut-on entendre quelqu’un parler de photo de rue alors qu’il n’a fait que prendre en photo des portraits de gens qui se baladaient dans la rue ? A partir du moment où le sujet est une personne, on peut parler d’un portrait. Évidemment, si vous faites une photo de rue et qu’il y a des gens dessus, tant qu’ils ne sont pas le sujet de la photo, c’est une photo de rue. Mais cadrer serré une personne dans cette même rue pour en faire le sujet principal de la photo est différent. Pour ceux qui débute en photo, l’idéal serait en premier lieu d’aller lire notre article détaillant l’exposition en photographie. Vous y trouverez tous les éléments nécessaires à la compréhension de cet article, notamment les notions d’ouverture, ISO et vitesse.

Je te propose de découvrir mes packs de fiches photo pratiques. C'est un moyen simple, sympa et ludique pour apprendre et progresser en photographie, en particulier sur le terrain !
La photo-portrait ne se limite pas non plus à cadrer la tête d’une personne ou au contraire à la photographier dans un environnement. En effet, il existe plusieurs types de cadrage pouvant tous être considérés comme des portraits. Je dirais que votre image est un portrait quand il est évident que le sujet est une personne, peu importe comment vous la cadrez ! Vous trouverez autant d’avis sur ce que doit être un portrait qu’il y a de photographes de portraits. Certains vous diront qu’il faut cadrer serré avec une faible profondeur de champ pour que seuls les yeux soient nets et le reste flou. D’autres vous diront qu’il faut intégrer le sujet dans son environnement et que tout soit net. Au final, de nombreux portraitistes se situeront entre les deux. Personnellement, je dirais qu’il faut choisir ce que vous préférez. Si vous estimez que dans une situation il vaudra mieux isoler au maximum le sujet pour le faire ressortir, faites-le ! Dans d’autres cas, il pourra être intéressant de montrer ce qui l’entoure. Bref, faites ce que vous estimez le mieux pour capturer et mettre en valeur votre sujet.
Pour réaliser des photos de portrait, il faut néanmoins du matériel photo. Mais rassurez-vous, c’est un domaine qui ne demande généralement pas beaucoup d’investissement pour obtenir des résultats. Du moins, peu d’investissement financier, car si vous voulez réaliser des portraits qui sortent du lot, l’investissement à faire sera plus sur la technique et la préparation. En effet, il ne suffit pas d’arriver devant une personne avec son boîtier, de lever son appareil photo et d’appuyer sur le déclencheur, pour faire une belle photo…Même si ça aura l’air d’un portrait…
Choisir son matériel pour la photo de portrait.
Sur le site, vous avez à disposition un article qui vous permettra de choisir votre matériel pour la photo de portrait. Pour faire simple, tous les appareils peuvent permettre de faire des photos portraits, du smartphone au Moyen-Format. Bien sûr, certains seront plus limités en particulier selon les objectifs dont vous disposerez ou dont ceux-ci disposent. En effet, les smartphones et certains compacts experts ont par exemple souvent une focale fixe pas forcément adaptée à certains types de portraits. Concernant les reflex et hybrides, ceux-ci ont des capteurs largement assez grands pour convenir à la majorité des situations et offrir des images de grande qualité. L’autofocus (AF) est aussi peu important dans le sens où la plupart des appareils ont un AF suffisamment performant pour du portrait. Les capteurs plus grands auront un avantage en particulier sur leur montée en ISO. Car pour des portraits en basses lumières, il faudra souvent pousser les ISO pour maintenir un temps de pose relativement court. Vous trouverez sur ce site un article pour vous aider à choisir entre hybride et reflex ainsi qu’un article sur les avantages/inconvénients des différentes tailles de capteur.


Il existe un très grande nombre d’optiques adaptées à la photographie de portrait – Le choix de cette dernière dépendre des conditions de prises de vues, de votre budget et de vos envies
C’est ensuite sur l’objectif qu’il faudra porter son attention. Comme indiqué dans l’article sur les objectifs pour portrait, on conseillera souvent des focales entre 35 et 200mm. Les focales en-dessous de 35mm sont plus réservées à des portraits où l’environnement sera très présent (d’où leur recommandation pour le paysage) ou des portraits serrés avec des effets de perspective certes intéressants mais rarement flatteurs et vite lassants. A l’inverse, les focales au-dessus (téléobjectif, zoom) nécessiteront généralement un recul important, dont vous ne disposerez pas souvent et rendra l’interaction avec votre sujet difficile. Attention cependant, même s’il est souvent conseillé d’allonger la focale pour cadrer plus serré et de la réduire pour rajouter du contexte, il est tout à fait possible, et même souvent intéressant, de cadrer serré au 35mm et large au 200mm. Dans le premier cas, il y aura cependant des risques de déformations des perspectives et dans le deuxième, une obligation de vous éloigner ce qui nécessitera de composer encore plus finement votre photo.
Enfin, certains accessoires s’avéreront de précieuses aides, en particulier pour maîtriser et modeler la luminosité comme les flashs et autres types d’éclairages, les diffuseurs et les réflecteurs. Ils peuvent se trouver à tous les prix mais demanderont une certaine maîtrise et ajouteront à l’encombrement de votre appareil. Il est évidemment plus compliqué de se servir d’éclairages de studio photo pour aller faire des photos en forêt ou de déployer des réflecteurs devant un sujet situé de l’autre côté de la rue à la volée. Ce sont donc, pour la plupart, des accessoires adaptés à des shooting photo préparés à l’avance, par exemple pour de la photo de portrait en studio. L’allié le plus intéressant sera donc, comme souvent, le flash qui permet une bonne maîtrise de la lumière quand il est bien exploité, bien qu’il soit limité par la portée de son éclair.
Mes meilleurs conseils pour la photo de portrait.
La technique
Les modes
Concernant le mode d’exposition, il est souvent conseillé de laisser l’appareil en mesure matricielle. En clair, l’ensemble de la scène est analysé pour estimer une exposition « moyenne ». Personnellement, je ne suis pas d’accord avec ce conseil et également en portrait car, à moins que vous ne fassiez un portrait très serré, beaucoup de zones risquent de décaler l’exposition. On le remarque souvent par exemple sur les portraits à contre-jour ( pendant un coucher de soleil) ou encore avec le ciel en arrière-plan et le sujet à l’ombre. La zone fortement lumineuse en arrière-plan trompe la mesure et conduit à des photos que l’on qualifiera de « sous-exposées ». En réalité, elles ne le sont pas. L’appareil a seulement fait ce que vous lui demandiez, à savoir tenir compte dans l’exposition de l’énorme zone lumineuse. Si la personne dans la scène est le sujet principal, je vous conseille donc de choisir le mode d’exposition selon la place qu’il occupera dans l’image. S’il occupe une grande partie du centre de l’image, vous pouvez vous placer en mesure pondérée centrale. Si ce dernier occupe une toute petite partie de l’image ou qu’il y a des zones autour de lui fortement lumineuses ou sombres, placez-vous en mesure spot. Attention, certaines mesures spots ne se font que sur le collimateur central comme chez Canon. Vous trouverez sur le site un article expliquant plus précisément les différents modes d’exposition.

Le mode de prise de vue dépendra quant à lui de votre intention. Si vous voulez avoir la main en priorité sur la profondeur de champ, vous devriez vous mettre en mode ouverture (A/Av), le mode le plus souvent conseillé en portrait. Si vous souhaitez avoir la main en priorité sur la vitesse d’obturation, car vous voulez figer un sujet remuant ou au contraire que vous voulez donner un effet de mouvement avec un temps de pose relativement long, vous allez devoir utiliser le mode vitesse (S/Tv). A titre personnel, j’aime avoir la main sur les deux paramètres et préfère me mettre en mode manuel, généralement avec la sensibilité ISO en automatique pour laisser l’appareil gérer le seul paramètre n’ayant pas vraiment d’intérêt « artistique ».
Le mode AF dépendra de votre sujet. S’il s’agit d’un portrait posé pour lequel vous allez pouvoir diriger le sujet, le mode AF-S/one-shot sera le plus simple. A l’inverse, s’il s’agit d’un portrait en action, le mode AF-C/Ai-servo sera plus adapté. Dans tous les cas, je vous conseille de régler votre AF afin que vous puissiez sélectionner vous-même le collimateur actif. En le laissant en automatique, il y a des éléments qui risquent de perturber l’appareil. Néanmoins, sur beaucoup d’appareils et en particulier les récents hybrides, il existe des modes avec mise au point sur le visage, voire les yeux qui sont de plus en plus performants. N’hésitez pas à les utiliser si c’est le cas sur votre appareil. Avec une mise au point manuelle, que ce soit par choix ou parce que vous avez un objectif qui n’a pas d’AF, la question ne se pose pas et vous devrez donc trouver le meilleur moyen de réaliser votre mise au point avec les aides, que ce soit avec l’indicateur de mise au point dans le viseur des reflex, la loupe et/ou le focus peaking en visée électronique.
Le triangle d’exposition
L’ouverture du diaphragme, notée f/x, permet de choisir la profondeur de champ (l’étendue de la zone nette devant et derrière l’endroit où on fait la mise au point) et de réduire ou augmenter la quantité de lumière envoyée au capteur par l’objectif. Plus le chiffre est petit, par exemple f/2, plus le capteur recevra de lumière et plus la profondeur de champ sera courte. Evidemment, avec un grand chiffre comme f/8, c’est l’inverse. Dans l’idéal, l’ouverture devrait être en priorité sélectionnée selon la profondeur de champ souhaitée. En effet, quand elle est utilisée pour rattraper une mauvaise lumière, il ne s’agit donc plus d’un choix artistique mais d’un palliatif. Si vous voulez réduire fortement la profondeur de champ ou faire des photos en très basses lumières, vous devrez donc vous orienter vers des optiques à grande ouverture maximale, comme f/1.8 ou f/1.4 (généralement des focales fixes, donc). Mais assurez-vous de vraiment en tirer un bénéfice réel avant de vous lancer dans l’achat d’optiques à très grandes ouvertures, ces dernières étant généralement plus chères, plus lourdes et plus encombrantes. Je dirais que, pour débuter, vous pourrez vous tourner vers des focales fixes ouvrant à f/1.8-f/2 et des zooms ouvrant à f/4, éventuellement f/2.8 si le prix est correct.


Le temps de pose, noté en seconde ou fraction de seconde, permet de figer le sujet quand il est assez court ou de faire des filés de mouvement quand il est relativement long. Tout dépendra donc de la vitesse de déplacement du sujet et encore une fois de votre intention. Plus le sujet se déplacera vite, plus vous devrez utiliser un temps de pose court si vous voulez le figer. Pour un portrait posé, certains conseillent de régler le temps de pose à 1/90ème de seconde minimum. En réalité, cela dépend d’autres facteurs comme la longueur focale que vous utilisez ou la taille et le nombre de pixels de votre capteur. Plus la focale est longue, le nombre de pixels grand et la taille du capteur petite, plus il y a de risques que les mouvements, les vôtres ou ceux du sujet, provoquent des floues. La règle empirique consiste à utiliser un temps de pose au minimum de 1 fois la focale pour éviter le flou de bougé du photographe. Par exemple si vous utilisez un 50mm, vous devriez être à au moins 1/50ème de seconde. Mais selon les équivalences de focales, si vous mettez ce 50mm devant un capteur micro 4/3, il cadrera comme un 100mm et il vous faudra donc mettre le temps de pose à 1/100ème de seconde minimum. Cette règle sera plus souple si votre capteur, votre objectif ou les deux sont stabilisés. Pour un sujet en mouvement, cette règle aura moins d’importance car vous serez souvent à des temps de pose assez courts pour éviter les flous de bougé. Par exemple, si vous photographiez un enfant en train de courir, vous allez souvent être à 1/250ème de seconde voire moins, donc vous n’aurez probablement pas de problème avec toutes les focales en-dessous de 200mm. Avec des capteurs ayant beaucoup de pixels, les flous pourront également être plus faciles à mettre en évidence. Si vous voulez faire des filés de mouvement, vous allez au contraire devoir utiliser des temps de pose assez longs et une stabilisation sera aussi dans ce cas un atout précieux ou il vous faudra alors suivre les mouvements de votre sujet en même temps qu’il se déplace. Je vous conseillerais donc de sélectionner votre temps de pose en fonction des mouvements de votre sujet puis de vous assurer que, s’il est relativement peu remuant, vous n’allongiez pas trop le temps de pose au risque de provoquer des flous de bougé.

La sensibilité ISO amplifie le signal pour permettre une plus grande sensibilité du capteur à la lumière, ce qui permet d’exposer correctement une photo même si la lumière manque. Ce serait génial si la montée de cette sensibilité ne détériorait pas la qualité d’image, car plus vous montez en ISO, plus l’image contient ce que l’on appelle du bruit (des « grains » colorés répartis sur toute l’image) et une perte de la dynamique et de la qualité des couleurs. Le but du jeu sera alors de trouver, selon l’appareil que vous utilisez et vos exigences, la valeur limite jusqu’à laquelle vous l’autoriserez à monter. Plus votre capteur sera grand, moins la qualité se dégradera en montant en ISO. Idéalement, vous devriez faire en sorte d’être à la valeur la plus basse possible, mais dans beaucoup de situations, il sera nécessaire de monter la sensibilité. Si vous tenez absolument à avoir des valeurs de référence, je peux vous conseiller de rester en-dessous de 1600ISO en micro 4/3, 3200ISO en APS-C et 6400ISO en Full Frame avec la plupart des appareils. Certains appareils ont de meilleurs traitements de réduction du bruit et certains logiciels peuvent faire encore mieux, à vous d’adapter en fonction de ce que vous utilisez.
La composition.
La mise au point.
Que vous soyez en AF ou en mise au point manuelle, l’endroit où vous ferez la mise au point est très important. Classiquement, on conseille de faire la mise au point sur les yeux, au point que les constructeurs proposent, comme évoqué dans le chapitre précédent, une mise au point automatique qui détecte les yeux du sujet. C’est en effet la zone que l’on recherche instinctivement le plus souvent quand on se trouve face à un portrait. Dans le cas où le sujet n’est pas de face et que vous aimez réduire la profondeur de champ au point qu’un seul des deux yeux soit net, privilégiez l’œil le plus proche de vous.
Cependant, personne n’a interdit de mettre la zone nette ailleurs que sur les yeux, dans le cas où vous voudriez porter l’attention sur une autre zone du sujet. Mais dans ce cas-là, il sera parfois plus pertinent de ne cadrer que cette zone, quitte à ce que les yeux n’apparaissent plus dans l’image. On pourrait cependant presque commencer à se rapprocher de la proxy-photo, voire de la macro.



La mise au point s’accompagnera de la profondeur de champ. Plus vous utiliserez une grande ouverture, plus celle-ci sera courte, ce qui peut s’avérer utile pour isoler le visage ou la personne, en particulier si les autres plans ne sont pas intéressants et desservent la mise en valeur du sujet. Mais l’ouverture n’est pas le seul élément déterminant la profondeur de champ. La distance entre vous et le sujet ainsi que la focale utilisée influenceront également. A retenir que, plus vous êtes prêt du sujet ou plus votre focale est longue, plus votre profondeur de champ se réduira, même si vous utilisez la même ouverture. Là non plus, aucune règle ne vous impose de réduire la profondeur de champ à l’épaisseur d’une feuille de cigarette. Il pourra être plus intéressant de l’agrandir pour inclure le contexte autour de votre sujet.
Attention, si vous changez la distance, vous changerez aussi les perspectives, prenez donc bien garde à ce que celles-ci ne desservent pas le sujet. Cela vous donne la possibilité de réduire la profondeur de champ même si vous avez un appareil avec un petit capteur. Les petits capteurs donnant un cadre plus serré pour une même focale, vous devrez donc vous reculer pour avoir le même cadrage ou prendre une focale plus courte, ce qui agrandit la zone de netteté. Puisque vous pourrez vous éloigner et prendre une focale plus longue, cela vous évitera de devoir acheter un appareil plus onéreux, d’autant que s’éloigner du sujet aura une influence généralement moins négative sur les perspectives que de s’en rapprocher.
Méfiez-vous cependant, quand vous utilisez un appareil avec un grand capteur et une grande ouverture, que la profondeur de champ soit assez grande si vous avez plusieurs sujets et que vous voulez les avoir tous nets. J’ai souvent ce problème là quand je souhaite prendre des photos de ma famille et que mon fils de 5 ans fait le pitre et se retrouve légèrement derrière ou devant. Le plus simple étant bien entendu de fermer le diaphragme mais s’ils se situent sur des plans assez éloignés, il vous faudra parfois vous reculer et/ou prendre une focale plus courte. Dernière solution, vous pouvez leur demander de se mettre sur le même plan. Ainsi, ce n’est pas vous qui devez adapter la profondeur de champ, mais eux qui viennent s’y placer.


Cadrage et ratio.
Il existe plusieurs cadrages classiques en portrait
- le portrait en pied, consistant à cadrer la personne en entier,
- le plan américain, consistant à couper les pieds et le bas des jambes,
- le plan taille, consistant à couper à la taille (facile à retenir, non ?),
- le plan buste, consistant à couper soit en bas soit en haut de la poitrine,
- le plan serré/gros-plan, consistant à isoler le visage en incluant ou non les épaules.
Pour s’initier au portrait, le plan serré est le plus pratique car il isole quasiment au maximum le sujet et vous permet de ne pas être trop décontenancé par le contexte ni par une mauvaise pose du sujet (la main sur la braguette ou le pied à l’envers, pas grave puisqu’ils ne seront pas dans l’image). Le portrait en pied vous imposera une plus grande exigence sur la pose du sujet et le choix de l’endroit où vous allez le mettre car il inclura le contexte. Combien de fois on fait un portrait en pied pour se rendre compte par la suite qu’il y avait une branche d’arbre, un tag disgracieux ou un vieux sèche-linge dans un coin du cadre (ou encore une fois la main sur la braguette, sauf que cette fois elle est dans l’image). Les cadrages entre les deux sont aussi assez exigeants puisqu’il vous faudra vous concentrer sur le sujet et en partie sur sa pose mais aussi sur le contexte, même s’il sera plus restreint. Bien évidemment, plus vous cadrerez serré, plus vous porterez l’attention sur le visage et en particulier le regard du modèle.
A propos du regard, laissez un peu de place devant, dans la direction vers laquelle il se dirige afin de « donner de l’air » à votre sujet. C’est en fait un conseil assez basique. Vous vous rendrez très vite compte si vous faites des photos d’une personne en train de regarder à gauche ou à droite que si le cadre s’arrête juste devant ses yeux, le résultat n’est pas très agréable. De manière générale, que ce soit le regard ou le corps qui se « dirige » dans une direction, laissez de l’espace dans la zone correspondante à cette direction. Si le sujet est de face et vous regarde, ça ne posera évidemment pas de problème et ce sera même souvent plus logique de centrer le visage. Demander au sujet de diriger son regard de face sera souvent plus intéressant sur les plans serrés. Comme le contexte est peu présent il sera moins pertinent de le faire regarder ailleurs. En revanche, ce sera plus dynamique de lui faire tourner son corps dans une autre direction en particulier pour les femmes (le portrait de 3/4, par exemple), cela mettant en relief ses formes.
Le ratio de l’image permet aussi de mettre en valeur le sujet, comme souvent en photo. Le format carré a souvent été associé au portrait, surtout quand il est serré et que le sujet est de face. Pour les portraits un peu plus larges, les ratios 3/2 et 4/3 seront intéressants car les sujets sont souvent plus hauts que larges et inversement s’ils sont allongés. D’ailleurs, quand ils sont debout, prenez l’habitude d’orienter votre appareil en mode portrait…Ça ne s’appelle pas le mode portrait pour rien, bien que personne ne vous y oblige ce sera généralement une orientation naturelle pour cadrer le sujet. Pour des portraits intégrant le contexte, ils seront également assez adaptés, même jusqu’au 16/9. Encore une fois, c’est une observation somme toute assez logique mais toujours pas une règle, si vous voulez faire du plan large au format carré et du plan serré au 16/9, personne ne vous en empêchera, et dans les cadres où le contexte aura une grande importance, l’orientation en mode portrait de l’appareil sera moins souvent cohérent.
La lumière.
S’il y a bien une chose importante en photo, c’est la lumière ! C’est d’ailleurs la définition de la photographie, écrire avec la lumière, et le portrait ne fait pas exception. Comme souvent, on vous conseillera d’éviter les lumières dures, en particulier en milieu de journée. Néanmoins, il y a toujours moyen de s’arranger pour maîtriser cette lumière, que ce soit en mettant le sujet à l’ombre, en ajoutant de la lumière avec un flash, en la diffusant ou en la faisant réfléchir sur des surfaces présentes sur place ou que vous ajouterez. Si vous voulez mettre votre sujet dans la lumière naturelle sans pour autant que celle-ci ne provoque des zones de fort contraste sur lui, privilégiez les heures où le soleil est rasant, donc celles qui suivent son lever et celles qui précèdent son coucher.


Il ne faut pourtant pas pour autant bannir les photos dès que votre sujet est en plein soleil et que vous n’avez pas ces accessoires. L’avantage (façon de parler) des lumières dures, c’est qu’elles provoquent des zones de contraste évidentes que vous pouvez utiliser pour mettre en valeur certaines parties de votre sujet. Par exemple, certains utilisent le contre-jour pour provoquer un effet de halo sur les cheveux. D’autres mettent une partie du sujet dans une zone très lumineuse et le reste dans une zone très sombre, puis font l’exposition sur l’une ou l’autre afin que la partie choisie soit bien exposée et que l’autre soit très sombre voire noire ou très lumineuse, voire cramée.
Certaines techniques permettant de jouer avec la lumière sont même associées aux portraits, comme le high-key et le low-key. La première consiste à surexposer à la limite du cramé et faire en sorte que l’image ne contienne aucune ombre et presque uniquement des teintes claires, afin de donner une vision romantique, douce et immaculée. La seconde consiste à faire plus ou moins l’inverse, c’est-à-dire sous-exposer pour faire en sorte que l’image contienne beaucoup de teintes foncées et ne mettre en lumière que quelques détails afin de donner du caractère. Pour faciliter ces techniques, il faut préparer vos sujets, par exemple leur demander de porter des vêtements clairs pour du high-key et sombres pour du low-key. Il sera plus facile de réaliser ces techniques dans un environnement contrôlé (type studio) avec des éclairages, mais il est possible de le faire en lumière naturelle. Pour le high-key, les lumières douces (soleil rasant, ombres…) seront préférables alors que pour le low-key il faudra trouver un endroit où la lumière sera concentrée sur une ou quelques zones précises.
Si vous ne disposez pas d’un studio (c’est bien connu, tout le monde en a un chez soi), les accessoires évoqués précédemment vous permettront également de réaliser ces techniques et bien plus encore. Le flash a beaucoup d’avantages dans le domaine du portrait. Il permet d’ajouter et de maitriser la lumière et son éclair est souvent assez puissant pour éclairer votre sujet car il sera rarement à plusieurs dizaines de mètres de vous. Il peut également être combiné à d’autres flashs pour éclairer plusieurs zones précises ou pour étendre sa portée, entre autres. Il demande cependant une certaine expérience pour être utilisé à bon escient. Les réflecteurs, comme celui-ci permettent de faire réfléchir la lumière pour déboucher des ombres. Il vous suffit de l’orienter vers la zone où la lumière manque. Ils disposent souvent de faces argentées et dorées qui permettent de modifier la teinte et même d’une face noire pour, au contraire, rajouter de l’ombre. Les diffuseurs permettent de diffuser la lumière, il suffit simplement de les placer entre la source de lumière et le sujet. Les flashs sont d’ailleurs souvent livrés avec un petit diffuseur à placer directement sur sa tête (celle du flash hein, pas la vôtre).

Le modèle
Après avoir préparé votre appareil et votre scène, il s’agit de préparer votre sujet. La phrase qui reviendra le plus souvent quand vous voudrez prendre quelqu’un en photo sera « je ne suis pas photogénique ». Il y a probablement des personnes qui le sont plus et d’autres qui le sont moins, mais en général quand un portrait est raté, c’est que le photographe n’a pas correctement fait son travail.
Si vous photographiez des sujets assez éloignés, il sera difficile d’établir un contact et de les diriger. Dans ce cas, il va falloir être patient et rester à l’affût tout en anticipant autant que possible afin de trouver le bon moment et la bonne pose. Mais si vous photographiez des sujets assez proches, n’hésitez pas à dialoguer avec eux, à leur expliquer ce que vous attendez d’eux et à leur demander ce qu’ils attendent de cette séance photo. Comme durant la prise de vue, vous serez concentré sur votre appareil et la composition, il vaudra alors mieux commencer à leur parler avant. Souvent, quand vous photographiez une personne, comme elle est persuadée de ne pas être photogénique, elle a tendance à être mal à l’aise et peu motivée. Pensez à toutes les fois où vous deviez faire quelque chose en vous disant que ça allait forcément rater, ça n’aide pas à se concentrer. Votre premier objectif sera donc de l’aider à se détendre et à s’amuser, non seulement ce sera plus agréable pour elle, mais en plus vous aurez plus de chances d’obtenir des expressions plus naturelles et plus intéressantes. Dès que vous aurez gagné sa confiance, ne trainez pas pour la shooter (utiliser le mode rafale) car plus elle attendra en fixant votre appareil plus elle se crispera et moins ses expressions seront sincères. Une bonne astuce consiste à lui demander de ne regarder l’objectif qu’au dernier moment, et comme c’est vous qui déclenchez ce sera donc à vous de lui faire comprendre que c’est le moment. Soyez également précis dans vos instructions, ne lui demandez pas par exemple de regarder d’un côté ou de l’autre mais de regarder un endroit précis.
Pour les poses, à vous de décider de ce qui vous intéresse le plus. Vous pouvez diriger complètement la personne pour qu’elle prenne une pose précise que vous avez en tête ou la laisser prendre des poses au hasard, ou encore un mix des deux. En réalité, quand je dis à vous de décider, c’est plutôt à la personne de décider car certaines personnes ont plus de facilité à suivre les directives et d’autres sont plus à l’aise et peuvent se montrer imaginatives (peut-être plus que vous) quand on leur laisse leur liberté.
Si vous faites un portrait « classique » avec mise au point sur les yeux, à priori vous voulez les mettre en valeur et dans ce cas, il y a des techniques pour les mettre encore plus en évidence sans forcément les entourer d’un maquillage grossier. Par exemple, demandez à la personne de baisser légèrement le menton, ce qui affine un peu le visage et met naturellement les yeux en évidence. Testez devant votre miroir, mettez-vous bien droit de face puis baissez fortement le menton, plus vous le baisserez plus vos yeux seront mis en avant. Evidemment, si vous le baissez trop, ça devient vite effrayant, c’est pourquoi il faut le baisser légèrement. En photographiant en plongée, donc en vous mettant plus haut que votre modèle, ce sera un peu la même chose, les yeux seront mis en avant mais attention aux perspectives car vous écraserez votre modèle (comme on peut le voir souvent avec les photos d’enfants). Pour réaliser un portrait un peu large, la contre-plongée permettra « d’agrandir » le modèle, mais là encore, attention à ne pas exagérer sauf si c’est un effet recherché et maitrisé. Pour le corps, essayez de jouer avec les courbes. Il faut que votre modèle soit vivant, n’oubliez pas que, contrairement à la réalité, il sera figé sur la photo et il faudra donc trouver des façons de donner du dynamisme. Faites attention en particulier aux bras et aux jambes, des bras le long du corps et des jambes droites comme un I ne font vraiment pas de belles photos, tout comme un cou rigide. Faites aussi attention aux extrémités, pieds et mains, car on a souvent tendance à les couper sur des plans larges. Une façon d’éviter ça serait d’ajouter à la composition des accessoires, en demandant à la personne de tenir un objet dans une main par exemple car si vous lui demandez de tenir quelque chose c’est pour que cette chose ait un intérêt donc vous aller y penser et par extension vous penserez à la main qui la tient…Évidemment, dans un pied c’est plus dur ! Si vous avez peur de les couper ou d’oublier de vérifier, coupez-les carrément ! Il vaut mieux faire des choix francs car des pieds complètement coupés sont moins suspects que s’ils ne le sont qu’à moitié.
Voilà, j’espère que tous ces conseils photos vous aideront à vous lancer dans la photo de portrait. Une fois que vous aurez appliqué toutes ces astuces photo, n’oubliez pas de ne plus les suivre ! Ceux-ci vous permettront de réussir plus facilement vos portraits pour débuter, mais quand vous serez aguerri il sera souvent intéressant de prendre le contre-pied et tenter des choses qui ne paraissent pas logiques mais peuvent avoir un intérêt si elles sont faites avec maîtrise et audace. Pour aller plus loin, je vous invite à lire notre article expliquant comment photographier avec une longue focale. Vous y trouverez d’autres types de conseils !
A très vite.
Sylvain
Bonjour Sylvain,
Merci pour les conseils, l’article est très bien réalisé ! J’espère que vous continuerez à nous partager vos bonnes pratiques 🙂
Mat
Merci Mat,
Je continue bien entendu !
Sylvain