La sensibilité ISO en photographie
Si vous débutez, souhaitez apprendre la photographie et que vous cherchez à améliorer vos photos, une meilleure compréhension de la technique et des termes associés reste à mon sens nécessaire. Cet article s’inscrit dans la continuité de l’article le plus important pour comprendre les bases en photo : l’exposition en photo. En effet, la sensibilité ISO est un des trois paramètres du triangle d’exposition (avec la vitesse d’obturation et l’ouverture photo).
Selon moi, c’est le paramètre le plus facile à comprendre des trois. Je me rappelle à mes débuts en photo taper sur Google « photo iso » ou « iso appareil photo » pour tenter de comprendre ce que ces 3 lettres (I.S.O) voulaient bien dire et comment elles pouvaient influencer mes photos.
Dans cet article, encore une fois un peu technique, je vous explique dans un premier temps qu’est-ce que la sensibilité ISO et comment ça fonctionne. Je vous présente ensuite comment régler et changer le paramètre. Ensuite l’influence de la sensibilité ISO sur vos photos et comment déterminer le paramètre idéal est expliqué. Enfin, je termine l’article en vous donnant une utilisation pratique des ISO en photo (quand utiliser tel paramètre en fonction de la scène) et des conseils/précisions vis-à-vis du matériel photo sur ce point. Rassurez-vous, pas besoin d’être un photographe professionnel pour comprendre l’idée. Allez, c’est parti.

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Définitions et bases de la sensibilité ISO
Je vous expliqué que c’était le paramètre le plus facile à appréhender du triangle d’exposition. Les ISO en photographie, c’est quoi alors ? Il s’agit tout simplement de la sensibilité du capteur de votre appareil photo à la lumière. Pour faire le rapprochement, à l’époque c’était la sensibilité de la pellicule. Alors que veut dire le terme ISO ? International Organization for Standardization, est donc pour parler simplement une mesure permettant d’évaluer la lumière qui arrive au capteur.
A l’inverse des deux autres paramètres du triangle d’exposition, les ISO se mesurent sur une échelle simple et facile à comprendre. Voici, ci-dessous les valeurs d’ISO standard en photo que l’on trouve sur les appareils photos, en règle générale.
ISO 50 – 100 – 200 – 400 – 800 – 1 600 – 3 200 – 6 400 – 12 800 – 25 600 – 51 200 – 102 400
Rappelez-vous, comme expliqué dans l’article sur l’exposition, que dès que l’on double un paramètre, la quantité de lumière est-elle aussi multipliée par deux. Concrètement, si vous passez de ISO 100 à ISO 200, vous avez deux fois plus de lumière qui arrive au capteur de votre appareil. Retenez que, plus le chiffre ISO est élevé, plus votre capteur est sensible à la lumière. Vous allez me dire, ça veut dire quoi en réalité ? Je vous détaille ça plus bas, mais l’idée générale est la suivante :
- Si votre scène est peu lumineuse, vous allez devoir rendre votre capteur plus sensible pour capter la lumière, et donc augmenter les ISO,
- A l’inverse, si votre scène est très lumineuse, vous n’avez pas besoin de rendre votre capteur sensible à la lumière puisque celle ambiante est suffisante. Vous règlerez alors les ISO au plus bas.


Le principe de l’utilisation des ISO est donc très simple en soi, mais se pose un problème. L’apparition de « bruit numérique » dès lors que l’on utilise des ISO élevés. Je ne rentrerai pas ici dans les détails de l’apparition du bruit, mais retenez qu’il s’agit d’une sorte de grain qui apparait sur vos photos, en particulier dans les zones sombres ou unies, ce qui amène un côté très inesthétique à la photo. Je vous expliquerai en bas de l’article, les rapports entre la sensibilité ISO et la matériel.
La difficulté d’utilisation de la sensibilité ISO sera la suivante : choisir les ISO les plus bas pour éviter le grain sur nos photos tout en s’adaptant à la scène devant nous. Je vous vois déjà penser « pourquoi ne pas utiliser tout simplement un ISO bas tout le temps, comme ça ne je n’ai jamais de bruit ? ». Le souci, c’est que selon les conditions de prises de vue, utiliser un ISO bas (ex : ISO 100), sera impossible, car la vitesse d’obturation pour prendre la photo sera insuffisante pour avoir une photo nette. Je rentre dans les détails dans les paragraphes ci-dessous, mais retenez cela :
Les ISO doivent servir en dernier recours une fois que tous les autres paramètres sont « à leur maximum » pour faire rentrer de la lumière (ouverture maximale et vitesse ralenti)
Comment régler et modifier les ISO ?
Une fois que l’on connait la base et à quoi servent les ISO en photo, voyons maintenant comme modifier ou régler cette sensibilité ISO. Je ne vais pas rendre les choses plus compliquées qu’elles le sont en réalité. C’est très simple. Vous avez deux cas :
- Soit vous utilisez un mode « ISO auto », qui se trouve dans plusieurs modes de l’appareil photo (Priorité ouverture/priorité vitesse ou mode automatique). Dans ce cas-là, vous décidé de ne fixer qu’un paramètre et l’appareil peut fixer les ISO automatiquement,
- Soit, et c’est le cas qui nous intéresse le plus, vous allez régler manuellement vos ISO (en mode manuel ou semi-automatique – Type Av/TV chez Canon). Généralement, sur l’ensemble des appareils reflex, vous avez un bouton ISO sur le dessus de votre boitier qui vous permet en utilisant la molette d’augmenter ou de diminuer les ISO.
Le réglage en soit n’est pas plus compliqué que ça.

L’influence de la sensibilité ISO : le grain
Une fois les bases cernées et le réglage des ISO compris, intéressons-nous maintenant à l’influence de la sensibilité ISO. J’en ai parlé au-dessus, l’objectif sur votre photo va être de limiter au maximum (sauf si s’est souhaité volontairement), l’apparition du grain, autrement dit, d’éviter de monter au maximum en ISO. Le grain ne sera pas forcément visible sur un ordinateur en plein écran, jugez plutôt les photos ci-dessous prise à 400 ISO, 5000 ISO, 20 000 ISO. Voyez-vous une différence réelle ?
A noter que j’ai volontairement utilisé des extrêmes pour cet exemple, car le Canon 6D gère tellement bien la montée en ISO que si j’avais choisi ISO 100, ISO 400 et ISO 3200, vous n’auriez réellement vu aucune différence.



Le grain apparait dès lors que vous allez zoomer pour regarder un détail. Jugez maintenant les deux même photos zoomées à 100%, à ISO 400 à gauche et ISO 20 000 à droite. Voilà ce que cela donnera si on imprimait la photo en gros en taille réelle.
Comme vous pouvez le voir, le grain apparait de manière plus nette dans les zones sombres sur la photo. Au plus j’augmente les ISO, au plus vous voyez ce grain très inesthétique apparaitre.


Je vous l’accorde la calage entre les 2 photos n’est pas parfait mais vous voyez bien ce grain qui apparait, non ?
Comment déterminer la sensibilité ISO maximale à utiliser ?
Il n’y a pas de recettes miracles, mais retenez déjà les principes suivants :
- Restez tant que vous le pouvez à l’ISO le plus bas (ISO 100 ou 50 sur certains reflex) pour éviter au maximum le bruit,
- Quand les conditions de luminosité vont baisser, vous n’allez pas avoir d’autres choix que d’augmenter les ISO pour faire en sorte que le capteur de votre appareil photo puisse capter plus de lumière. Si vous ne le faites pas, globalement, la majorité de vos photos risque d’être floues (sauf sur trépied),
- Les 3 paramètres (ISO, vitesse, ouverture) du triangle d’exposition sont liés. Vous avez donc 2 autres possibilités pour faire rentrer plus de lumière vers votre appareil, avant de devoir monter les ISO,
- Doubler ou diviser de moitié les ISO vous permet de multiplier ou de diviser par deux la quantité de lumière qui arrive au capteur. Concrètement, cela vous permet d’ajuster un des deux autres paramètres (ouverture ou vitesse). En effet, si vous doublez les ISO et laissez les deux autres paramètres à l’identique, la photo aura trop de lumière (sur-exposée).
Ainsi, pour éviter de devoir monter en ISO (chercher plus de lumière), vous avez deux possibilités. Comprenez que dans les 2 cas évoqués ci-dessous, doubler les ISO ou modifier le paramètre est identique du point de vue de l’exposition de la photo mais pas en termes d’influences. Vous pouvez ainsi :
- Ouvrir votre diaphragme (ex passer de f/14 à f/11),
- Diminuer le temps de pose/vitesse d’obturation par deux (Ex : 1/100 à 1/50).
Les deux cas évoqués ci-dessous, permettent de doubler la quantité de lumière qui arrivent au capteur. Pour compenser cet excès de lumière, vous (ou l’appareil) devra modifier l’autre paramètre.
Ex n°1 : f/11 1/30 ISO 100 -> f/8 1/60 ISO 100
(la vitesse a été doublée)
Ex N°2 : f/5.6 1/100 ISO 200 -> f/8 1/50 ISO 200
(l’ouverture a été fermée d’un cran)
1) Ouvrir son diaphragme
Cette manipulation va réduire votre profondeur de champ. Rappelez vous (on en parle dans l’article sur l’ouverture), au plus votre ouverture est grande (petit chiffre), au plus votre profondeur de champ sera réduite (l’ensemble de la scène sera moins net partout). Si vous décidez d’utiliser cette technique pour limiter la montée en ISO, c’est le problème essentiel que vous allez rencontrer (la diminution de votre profondeur de champ). Selon la photo que vous souhaitez faire, cela peut devenir très handicapant. Je vous explique un cas concret ci-après.
2) Prendre la photo plus lentement
C’est le même principe pour la deuxième possibilité. Si vous décidez de prendre la photo plus lentement pour faire rentrer plus de lumière, vous allez être très vite confronté à la nécessité d’utiliser un trépied pour que la photo ne soit pas floue. Il ne sera pas possible de prendre des photos nettes en-dessous d’une certaine vitesse, sans trépied. Pour éviter d’augmenter le temps de pose, vous pouvez en contre parti, doubler les ISO.
Vous remarquerez dans les deux cas que l’idée générale est de n’utiliser la montée en ISO que pour éviter d’obtenir une vitesse trop limite lors de la prise de vue et d’éviter que la photo soit floue, soit pour éviter de diminuer sa profondeur de champ. Un équilibre devra être trouvé entre baisser d’un cran votre ouverture ou doubler le temps de pose par exemple et d’augmenter les ISO.
Pour garder un très bon repère de vitesse limite en photo, vous pouvez vous baser sur la focale que vous utilisez. Ce n’est pas une règle universelle, mais un repère que tous les photographes connaissent :
Essayez de garder une vitesse toujours au moins égale à la focale utilisée
Exemple
1/20 pour une focale de 20mm
1/100 pour un 100mm
1/300 pour un 300mm
etc.
J’espère avoir été clair sur cette partie, car c’est finalement le plus important de l’article. Si vous avez compris ça, vous avez tout compris. Je souhaite quand même vous proposer des cas concrets d’utilisation et de choix d’ISO, ceux les plus courants, au plus complexes. Ce passage n’est pas une obligation à lire mais il pourra selon moi vous aider à comprendre mieux les choses.
Quelques cas concrêts

Photo de paysage - Pleine journée ensoleillée
C’est le cas le plus simple pour les ISO et le plus facile à retenir. Comme évoqué plus haut, vous allez toujours chercher à limiter le bruit. Vous n’avez pas de soucis de luminosité grâce au soleil. Vous commencez par fixer votre ouverture entre f/11 et f/14 pour votre paysage. Ensuite, vous n’avez qu’à fixer vos ISO au plus bas de votre appareil, soit très souvent ISO 100 ou ISO 50 (comme sur mon 6D). Vous n’aurez aucun problème de photo floue, la vitesse étant (dans cette situation) toujours largement suffisante pour que la photo soit nette.
Pour aller plus loin et comprendre la sensibilité ISO, vous pouvez vous amuser à doubler les ISO à ce moment-là. Si vous êtes en mode Av (priorité ouverture, un mode facile pour débuter), votre appareil va diminuer le temps de pose par deux pour compenser l’excès de lumière que vous avez crée en doublant les ISO. Ex : vous aviez f/11 ISO 100 1/500, vous obtenez f/11 ISO 200 1/1000. Votre photo est exposée de la même manière et le résultat est identique (sachant qu’à ISO 200, il n’y a pas de bruit).

Si maintenant, vous doublez encore les ISO (à 400), la vitesse va doubler est passer à 1/2000. Vous doublez encore (ISO 800), vous obtenez 1/4000. Et là, pour beaucoup, vous atteignez la limite des appareils numériques, car c’est très souvent la limite maximale de prise de vue de votre appareil. C’est une bonne manière de comprendre la relation entre les ISO et l’ouverture. Vous voyez aussi qu’en pleine journée, pour une photo de paysage au soleil, vous n’aurez jamais de bruit sur vos photos (même à ISO 800). Vous n’avez donc pas de soucis à vous faire. Retenez juste de vous limiter à l’ISO le plus bas.
Photo en pleine journée - grande ouverture souhaitée
Prenons maintenant un cas moins courant, qui concerne la prise de vue en pleine journée avec une grande ouverture, l’idée générale étant de flouter l’arrière plan pour mettre en valeur un sujet (le flou est appelé le bokeh). Cela pourrait concerner les photos de portrait en extérieur, ou la mise en valeur d’un détail d’un paysage ou d’un objet au soleil.
C’est finalement un cas simple du point de vue de la sensibilité ISO. Vous avez de la lumière, vous restez donc à l’ISO le plus bas de votre appareil. Je souhaitais l’évoquer pour vous montrer la relation entre les ISO et les 2 autres paramètres.

Si vous souhaitez flouter l’arrière plan, vous allez par exemple utiliser une grande ouverture (f/2.8 par exemple). Vous fixez les ISO au plus bas, et vous laissez l’appareil vous afficher la vitesse adéquate. Exemple : f/4 ISO 100 1/2000. Si vous doublez les ISO (pour l’exercice), l’appareil reflex va doubler la vitesse à 1/4000. Vous avez déjà atteint les limites de vitesse de prise de vue de votre boitier surement. Si vous souhaitez flouter encore plus le fond, vous décidez de passer à f/2.8, mais l’appareil ne peut plus compenser la vitesse car il est au maximum. Vous êtes ainsi bloqué avec une photo qui va être sur-exposée. Il existe des techniques pour ça (utiliser un filtre ND), mais je ne vous en parlerai pas ici.
Cela vous montre aussi l’importance de votre boitier et de la gestion de sa sensibilité ISO. Si l’appareil avait la possibilité de descendre à ISO 50, vous auriez pu alors passer à f/2.8, car l’appareil aura automatiquement ajusté la vitesse à 1/4000.
Photo au lever ou coucher de soleil - photo de paysage
Prenons un exemple courant chez les photographes de paysages. Ils cherchent souvent la meilleure lumière, qui se trouve soit au coucher soit au lever de soleil, les fameuses Golden Hours. Vous allez souhaiter généralement une grande profondeur de champ (f/11 à f/14). Vous arrivez sur un site en fin de soirée, fixez l’ouverture à f/16, l’appareil vous annonce 1/10s en vitesse, ce qui à main nu est impossible ou presque, et vous n’avez pas de trépied (j’explique plus tard ce point).
Pour prendre la photo à main nue, vous avez 2 solutions (sachant que vous pourrez compenser en prenant deux fois plus vite peu importe l’option que vous choisissez) :
- Ouvrir votre diaphragme (plus grande ouverture = plus petit chiffre, ex f/16 à f/11),
- Doubler vos ISO pour pouvoir doubler votre vitesse de prise de vue.
C’est le cas dont je vous ai parlé au-dessus. Il explique très bien l’impact et la relation entre ISO / Ouverture et profondeur de champ.
Vous décidez d’ouvrir votre diaphragme de plusieurs crans (par exemple jusqu’à f/5.6). Dans ce cas précis, vous allez ainsi pouvoir gagner en vitesse, mais votre scène ne sera plus nette partout. Or, c’est ce que vous souhaitez au départ. Il sera donc le moment de se poser la question si une montée en ISO n’est pas le choix le plus adapté à ce moment là, plutôt que d’ouvrir son diaphragme.

Le tout sera de trouver un équilibre. Vous pouvez décider d’ouvrir un cran seulement (f/16 à f/11) ce qui vous permet de doubler la vitesse de prise de vue, mais est-ce suffisant ? Pas sur. Dans ce cas-là, vous pouvez toujours doubler les ISO aussi à ce moment précis.
Il faudra donc jouer avec cela, car ouvrir d’un cran votre ouverture ou doubler les ISO amène au même résultat, soit, pouvoir doubler votre vitesse de prise de vue et obtenir une photo nette. Seulement, la montée en ISO amènera à un moment donné du bruit. Cela dépend essentiellement de la capacité de votre boitier à monter en ISO (on en parle à la fin de l’article). Et ouvrir votre diagramme amènera a une diminution de la profondeur de champ.
Vous avez votre dilemme : profondeur de champ réduite ou apparition de bruit ?
Évidemment, le problème ne se pose plus dès lors que vous avez un trépied, car vous serez en mesure de prendre une photo a très faible vitesse avec une télécommande ou votre retardateur. Cela vous montre aussi l’importance de la gestion de la montée en ISO par votre boitier, car à défaut soit votre photo sera floue, soit il vous faudra utiliser un trépied dans ces conditions.
Photo en pleine journée nuageuse/couverte
Voici un cas que vous allez rencontrez très souvent, dans la vie quotidienne ou en voyage. Dans ce cas présent, tout va dépendre de ce que vous souhaitez prendre en photo en réalité. Souhaitez-vous faire de la photographie de paysage ? Un portrait ? De la faune ou flore ? Une mise en valeur d’un sujet précis ?
Vous l’avez compris, en fonction de votre envie, vous allez très probablement choisir en priorité une ouverture adaptée pour la scène et votre volonté photographique.
Si vous souhaitez mettre en valeur un sujet et choisir donc une grande ouverture, vous n’allez pas avoir de problème avec les ISO en règle générale. A f/2.8, la vitesse est généralement encore suffisante pour prendre une photo nette dans ce genre de situation. Tout dépend bien sur de la focale que vous utilisez.

Si le temps est couvert/nuageux, et que vous souhaitez avoir une grande profondeur de champ (ensemble net, exemple photo de paysage), vous allez devoir surement devoir monter en ISO. Si vous fixez f/11 sur votre boitier, et que la luminosité est faible, la vitesse choisie par le boitier ne sera peut-être pas suffisante. Comme repère rappelez-vous ce qu’on a dit au-dessus. Vitesse de prise de vue = focale de votre objectif.
Au plus votre focale sera longue, au plus vous allez donc devoir monter en ISO, car la vitesse nécessaire minimale pour que la photo ne soit pas floue sera plus grande. Dit autrement, si vous faites de la photo de paysage avec une focale de 14mm, vous pouvez en théorie aller jusqu’à une vitesse aussi faible que 1/10s avant que la photo soit floue. A l’inverse, si vous avez une focale de 300mm et que vous faites des photos d’oiseaux, une vitesse minimale de 1/300 pourrait être requise pour éviter le flou.
Par temps nuageux, pour obtenir une vitesse de 1/300, une montée en ISO sera presque obligatoire. Ce qui nous amène au dernier cas, ci-après.
La photo animalière - l’importance de la sensibilité ISO et de la focale en photo
Dernier exemple concret. Je vous parle de photographie animalière et en particulier deux exemples précis personnel : la photo en safari (Tanzanie) et la photo animalière en sous-bois dans la jungle à Sumatra (Orang-Outans). Ces deux exemples vous montrent l’importance de l’utilisation des ISO en photo et la relation avec la focale.
Retenez l’élément suivant : au plus votre focale sera longue, au plus la montée en ISO sera obligatoire. Pourquoi ? Car, vous allez devoir obtenir une vitesse assez importante pour éviter une photo floue et selon les conditions de prises de vue (pleine journée soleil, nuage, etc.), se sera tout simplement impossible.
Exemple 1 : photo en safari en Tanzanie
Même si les conditions de luminosité sont correctes en pleine journée (soleil essentiellement, parfois nuageuses), je prenais les photos avec mon Canon 70-300mm L IS. En théorie donc, j’avais comme repère une vitesse minimale de 1/300. C’est le minimum, qui peut passer pour de la photo de paysage en savane par exemple ou si les animaux sont fixes.
Mais dès lors que vous photographiez des animaux qui bougent ou qui courent, 1/300s sera trop peu rapide et les photos sont floues. Pour expliquer, je souhaitais donc généralement isoler les sujets, je choisissais donc l’ouverture la plus grande que j’avais à 300mm, soit f/5.6. En pleine journée, avec cette ouverture, avec des ISO au plus bas, je me retrouvais parfois avec des vitesses de 1/200 ou 1/300. J’étais très souvent trop limite si je restais avec mes ISO les plus faibles. Si en plus le ciel était un peu couvert, la vitesse était encore plus faible.
Que faire dans ce cas-là, vous n’avez pas le choix, monter en ISO pour pouvoir doubler votre vitesse de prise de vue. Du coup, la majorité de mes photos de safari ont été prises entre ISO 400 et ISO 800, ce qui n’engendre pas de bruit encore. Au plus la luminosité baissait en fin de soirée, au plus j’étais alors obligé de monter en ISO. Au bord de la nuit ou au lever de soleil, il m’est arrivé de prendre des photos en ISO 1600, 3200, voire, 6400 pour arriver à une vitesse correcte.

Tout cela était principalement du aux conditions de prises de vue, mais aussi et surtout à la focale que j’utilisais (300mm) et son ouverture maximale (f/5.6). Encore une fois, vous voyez bien l’importance du matériel photo et sa relation avec la sensibilité ISO. Évidemment je n’aurai pas eu besoin de monter aussi haut en ISO si :
- Mon objectif avait une ouverture maximale plus grande (f/4 ou f/2.8). Rappelez-vous à f/4, on a deux fois plus de lumière qui rentre qu’à f/5.6,
- Si j’utilisais une focale plus courte, qui aurait nécessité une vitesse plus faible lors de la prise de vue. Par exemple, pour la photo de paysage avec mon 24mm, je pouvais rester dans des vitesses faibles et donc ne pas nécessairement monter en ISO.
Ce qui m’amène à mon exemple n°2.
Exemple 2 : photo de singes en sous-bois
Je termine là-dessus. On vient de voir l’importance de la focale, de l’ouverture maximale en relation avec les ISO. Je me trouvais il y a quelques années de ça dans la jungle en Indonésie, en train de prendre des photos d’Orang-Outans. Pour l’histoire, j’avais le même objectif (300mm avec ouverture maximale de f/5.6) mais je n’avais pas le même boitier (500D pour commencer).
La situation était la suivante : très faible luminosité, nécessité d’utiliser une longue focale (les singes étant loin), et limité par mon ouverture maximale à f/5.6.

Conclusion ? J’ouvre au maximum mon ouverture (f/5.6) à 300mm. J’ai une vitesse d’obturation très faible. Je monte les ISO au maximum (ISO 1600), ce qui m’apporte encore une vitesse trop limitée, très souvent en dessous de 1/300. Quel est donc le problème ? J’étais bloqué et j’avais atteint les limites de mon matériel, à la fois mon objectif (ouverture maximale limitée) et mon boîtier (ISO élevé trop bas).
Imaginez maintenant ce qui suit pour voir si vous commencez à comprendre. Si j’avais eu une ouverture maximale à f/4 au lieu de f/5,6, qu’est-ce que cela aurait changé ? N’oubliez pas que vous doublez la quantité de lumière entre les deux. Les deux paramètres étant liés, j’aurais pu prendre la photo deux fois plus vite à f/4 qu’à f/5,6. Maintenant, imaginez que j’aurais pu monter à 3200 ISO (au lieu de 1600 ISO), c’était toujours le même et j’aurais pu prendre la photo encore plus vite.
Vous voyez l’importance de l’équipement dans la photographie aussi ?
L’utilisation pratique des ISO en photo : un résumé
Un petit chapitre rapide qui sert de récapitulatif. Il n’y a pas de recette miracle malheureusement et il est impossible de dire qu’il faut utiliser tel ISO dans telle situation. Cela dépend de 4 éléments principaux :
- Les conditions de prises de vue (soleil, photo de nuit, nuage, etc.),
- L’ouverture maximale de votre objectif,
- La montée en ISO de votre boitier et surtout la gestion du bruit de ce dernier. Un ISO 1600 sur mon 500D était vraiment plus que limite niveau bruit et la qualité était mauvaise. Monter en IS0 1600 sur mon 6D se fait sans réfléchir tellement le boitier gère très bien le bruit. La différence entre les deux, vous demandez ? Un boitier APS-C, l’autre un Full-Frame, et 1500€ d’écart…
- La focale que vous allez utiliser (car plus votre focale sera longue et plus vous aurait besoin d’une vitesse plus grande, et donc potentiellement de monter en ISO).

Exemple de longue focale nécessitant très souvent une montée en ISO pour éviter le flou de bougé (ici un 150-600mm)
Quand utiliser une sensibilité faible ?
On parle de sensibilité faible entre ISO 50 et ISO 400 environ. Vous pouvez l’utiliser en pleine journée ensoleillée ou même un peu nuageuse. Dans de bonnes conditions avec de la lumière, il faudra utiliser l’ISO le plus faible possible.
On pourrait aussi dire que dans la majorité des cas, avec une focale courte (inférieur à 100mm par exemple), une sensibilité faible sera suffisante pour faire une belle photo nette, par exemple en photo de paysage. Dès lors que vous utiliserez une longue focale pour un besoin précis (oiseaux, avion dans le ciel, etc.), vous serez amener à devoir pousser les ISO.
Quand utiliser une sensibilité élevée ?
On va imaginer une sensibilité élevé à partir de ISO 400 ou ISO 800. Vous l’aurez compris, vous allez utiliser des ISO élèves dès lors que (voici les cas les plus courant) :
- Vous avez déjà ouvert au maximum votre ouverture,
- Vous avez déjà réduit la vitesse d’obturation au max et vous n’avez pas de trépied pour pouvoir prendre la photo plus lentement,
- Vous êtes dans une situation de faible luminosité qui vous oblige à devoir monter en ISO au risque de faire des photos floues (nuit, concert, etc.) et vous n’avez toujours pas de trépied !
- Si vous souhaitez faire des effets spéciaux sur vos photos (effet un peu old school avec du grain…mais ça se fait en post-traitement maintenant très bien),
- Vous utilisez une longue focale et les conditions ne sont pas excellentes (ex : mes orangs-outans),
- Si vous êtes limités à cause d’un des deux autres paramètres du triangle d’exposition : ouverture petite volontairement souhaitée ou vitesse d’obturation importante nécessaire par exemple, le tout dans des conditions de faible à très faible luminosité.

Limitation par rapport à l’ouverture : je vous en ai déjà parlé au-dessus. Vous souhaitez absolument garder une petite ouverture (f/14) pour votre photo de paysage dans des conditions de faible luminosité et vous n’avez pas de trépied. Vous n’avez d’autres choix que de monter en ISO pour récupérer une vitesse suffisante vous permettant d’éviter les flous de bougés.
Limitation par rapport à la vitesse : vous souhaitez par exemple prendre en photo des avions dans le ciel, des oiseaux en vol, des animaux qui bougent dans des conditions de faible luminosité. C’est le même soucis, si vous devez garder une grande vitesse (Exemple : 1/2000), vous n’aurez pas d’autres choix que de monter en ISO.
Exemple pour isoler un oiseau en vol avec un 600mm :
- f/2.8 ISO 100 1/500 (vitesse non suffisante),
- f/2.8 ISO 200 1/1000 (vitesse limite si ça bouge rapidement),
- f/2.8 ISO 400 1/2000
- f/2.8 ISO 800 1/4000
Comme vous pouvez le voir, si l’on souhaite prendre une photo rapidement tout en gardant une grande ouverture, la montée en ISO est obligatoire pour compenser le peu de lumière qui arrivera au capteur de l’appareil (lié à l’importante vitesse de prise de vue).
Matériel photo, prise de vue et sensibilité ISO
Bon, je sais que cet article est très long et je félicite déjà ceux qui sont arrivés à tout lire jusqu’ici ! Je termine par un point très important sur le matériel photo et la relation avec la sensibilité ISO en photo. Vous allez comprendre pourquoi le matériel photo a une importance capitale avec les ISO.
Quelques points clefs à retenir :
Concernant votre boitier
- La montée en ISO de votre boitier est très importante car elle permet de pouvoir photographier dans des conditions de faible luminosité et de ne pas être bloqué (comme c’était le cas avec mon 500D, rappelez-vous mes histoires d’Orang-Outans). Généralement, au plus votre boitier monte en ISO, au plus la gestion du bruit sera meilleure. L’exemple type ce sont les boitiers Full-Frame (24×36), qui propose des montée en ISO jusqu’à plus de 100 000 ISO,
- Les ISO minimum sur votre boitier : Cela peut jouer son rôle aussi comme de pouvoir descendre à ISO 50 au lieu du standard ISO 100. C’est particulièrement intéressant pour ceux qui souhaitent utiliser de grandes ouvertures (ex f/1.4) en plein soleil. La possibilité d’ISO 50 permet de pouvoir prendre encore plus vite et d’être moins limité par la vitesse maximale du boitier (souvent 1/4000),
- Le cout de votre boitier : retenez que dans la majorité des cas, un boitier plus cher gèrera toujours mieux la montée en ISO et donc, in fine, le bruit. Les boitiers Full-Frame (en comparaison avec les boitiers aps-c) gèrent beaucoup mieux la montée en ISO. A noter aussi qu’en règle générale, plus le boitier est cher, plus il propose des possibilité d’ISO élève (même si en théorie, vous n’allez jamais shooter à ISO 100 000).
Quel appareil pour votre utilisation choisir ? C’est un autre débat, que j’ai déjà en partie traité dans l’article expliquant quel appareil photo choisir pour un voyage.

Le 6D Mark II, un Full Frame récent qui gère parfaitement la montée des ISO
Concernant vos objectifs photo
- L’ouverture maximale de votre objectif : je le rappelle mais au plus l’ouverture maximale de votre objectif sera grande (un petit chiffre f/), au plus vous n’aurez pas forcément la nécessité de monter en ISO. Doubler les ISO ou ouvrir d’un cran son diaphragme revient au même en termes d’exposition. Si vous avez un objectif très « lumineux », vous n’aurez pas besoin de monter en ISO puisque vous aurez déjà plus de lumière qui arrivera avec votre capteur. Ce n’est pas pour rien que le prix d’un objectif entre f/4 et f/2.8 est doublé,
- Le cout de votre objectif : le point précédent amène forcément à celui-ci. Un objectif lumineux coute en règle générale cher, surtout pour des longues focales. Il existe cependant de très bons rapport qualité prix pour des objectifs très lumineux comme le Canon 50mm f/1.4 ou le Canon 85mm f/1.8. Retenez que les téléobjectifs lumineux sont chers (f/2.8),
- La focale de votre objectif : j’ai parlé de ce point dans l’article. Au plus vous allez utiliser une longue focale (ex : 300mm ou 600mm), au plus vous allez avoir besoin d’une vitesse importante pour éviter de faire des photos floues. Et qui dit vitesse importante, dit à tous les coups, un très bonne montée en ISO, en particulier dans des conditions de faible luminosité (les zones sombres, sous-bois, coucher/lever de soleil, etc.). Si vous ne shootez qu’avec un 14mm, la montée en ISO est moins importante car vous n’avez pas besoin d’un vitesse importante. A 500mm, pour de la photo animalière en sous-bois, c’est une autre histoire.
Concernant votre pratique photo
- Ne pas hésiter à monter en ISO : en effet, les boitiers aujourd’hui gèrent de mieux en mieux la sensibilité ISO et il ne faut pas avoir peur de pousser un peu son boitier dans les hauts ISO. Il vaut mieux doubler ou tripler les ISO que d’avoir une photo floue, non ?
- Que faites-vous comme type de photo : selon votre pratique photographique, vous allez plus ou moins nécessiter une montée importante en ISO. Si vous photographiez essentiellement des paysages en pleine journée, votre intérêt sera limité. De la photo en sous-bois, cela pourra servir. Dans des conditions de faible luminosité, encore plus. Si vous utilisez aussi des longues focales, la montée en ISO sera importante sur votre boitier,
- Enfin, commencez à réfléchir sur la nécessité de prendre des photos au format RAW plutôt qu’au format JPEG. En effet, ce dernier correspond à l’équivalent d’une « image brute », alors que le JPEG sorti de votre appareil a déjà été traité par ce dernier. Vous aurez donc moins de latitude pour pouvoir récupérer des couleurs dans des zones sombres ou trop claires (surexposées). Pouvoir monter en ISO de manière correcte permet de pouvoir aussi mieux récupérer des éléments perdus dans les zones bouchées (trop sombres) ou cramées (trop claires) de votre image.
Conclusion
Bon, je dois avoue que cet article est très long mais j’espère qu’il vous sera utile pour bien comprendre la notion de sensibilité ISO. Si vous trouvez des choses qui vous paraissent pas claires, faites-moi signe en commentaire. Vous souhaitez en savoir plus sur la sensibilité ISO et les anciennes échelles de mesures ?
En attendant, je vous invite à aller découvrir mon article sur l’ouverture photo, un des deux autres paramètres du fameux triangle d’exposition.
Je vous dis à bientôt pour le dernier article sur la vitesse d’obturation.
Je vous souhaite un bon apprentissage et de belles photos !
Sylvain
Bonjour,
merci pour ces explications qui sont très claires, mais moi je fais de la photo portrait mais surtout de la photo de sport, basket en salle et de compétition, et j’avoue que mes photos ne sont pas toujours celles que j’espère. Je souhaite m’acheter un nouvel objectif, que peux tu me conseiller et comptes tu faire un article sur la manière de gérer les photos en salle ??
Merci pour ta réponse
Marie
Hello,
je m’excuse de ma réponse tardive et content que mon article plaise. Un nouvel objectif, c’est une bonne idée, mais il faut vraiment bien cibler ce dont tu as besoin. En salle et du port, il te faudra un objectif lumineux et la focale dépendre de ton sport, si tu peux t’approcher ou non en gros ?
Bonjour Sylvain,
j’aimerai bien avoir la possibilité d’enregistrer tes fiches en pdf ou de les imprimer, pourrais-tu rajouter ces possibilités sur ton blog.
En tous cas, je viens de faire l’acquisition d’un NIKON D5600 avec lequel je m’initie et des explications sont très bien faites, merci pour toutes tes explications
Cordialement,
Bernard
Hello,
c’est un point qui faut que je m’occupe, je l’avoue 🙂
Sylvain
Bonjour Sylvain,
C’est la toute première fois que je découvre ton site et j’en suis ravi. Je cherchais sur le web l’impact de la montée en iso , si la photo serait plus exposée en montant les isos, je m’y perds un peu, je l’avoue et j’ai ouvert par hasard ton site vraiment très complet et très compréhensible pour moi.
Pour comprendre les cas que tu évoques ( n°1 et etc…. ) je me suis permis d’imprimer le tableau pour mieux m’y retrouver.
C’est plus clair dans ma tête maintenant malgré encore quelques questions…
Encore merci pour tout ce travail qui doit t’avoir pris beaucoup de temps.
Cordialement.
Christian
Coucou Christian,
Ton commentaire fait plaisir à lire et je suis content d’avoir éclairé quelques lanternes 🙂
Sylvain
Bonjour Sylvain,
Attention, certains puristes pourraient être mécontents de l’appellation « grain », pour le numérique on parle de bruit. Mais juste les puristes, dans le fond ça désigne un phénomène assez similaire ^^.
Coucou Alex, tu as raison, j’avais simplifié en espérant de ne pas tomber sur des puristes, hein ? 🙂
Sylvain
De loin le meilleur article!!! Sincèrement merci beaucoup !!!
Coucou Selima,
Un grand merci et je suis vraiment content que l’article te plaise 🙂
Sylvain
Merci beaucoup pour cette explication détaillée
Coucou,
merci pour ton message qui fait plaisir à lire ! Bon apprentissage !