La vitesse d’obturation ou temps de pose en photo
Après vous avoir parlé de l’exposition en photographie, d’ouverture, et de la sensibilité ISO, je vous parle dans cet article de la vitesse d’obturation, dernier paramètre du fameux triangle d’exposition, élément indispensable pour comprendre comment exposer de manière correcte une photo. C’est la base pour apprendre la photo. Si vous avez acheté un reflex, c’est bien pour sortir du mode automatique, non ?
Il s’agit d’un paramètre très important en photographie puisqu’il sera à l’origine de nombreux ratés quand vous débutez en photo. C’est notamment à cause de ce paramètre que vous allez dire « mais je ne comprends pas, ma photo est flou, non !? »

La vitesse d’obturation vous permettra en effet soit de figer une scène, une action (photo de sport par exemple), soit au contraire de réaliser des temps de pose longs (pose longue) et de donner un effet de style à vos photos.

Je te propose de découvrir mes packs de fiches photo pratiques. C'est un moyen simple, sympa et ludique pour apprendre et progresser en photographie, en particulier sur le terrain !
Qu’est ce que la vitesse d’obturation et comment ça fonctionne ?
Cette vitesse caractérise le temps de pose pendant lequel l’obturateur de votre appareil s’ouvre et laisse ainsi rentrer de la lumière jusqu’au capteur. Pour parler simplement, c’est la durée durant laquelle la lumière rentre dans votre reflex. C’est un peu comme si on tirait un rideau plus ou moins longtemps pour éclairer une pièce. Au plus cette lumière sera importante (temps de pose long), au plus la photo sera claire (sans changer les autres paramètres). On en reparle plus loin.
Sur votre reflex, cette vitesse est exprimée en fraction de secondes ou secondes. Voici les vitesses standards utilisées sur la majorité des appareils photos de type reflex.
30 sec – 15 sec – 8 sec – 4 sec – 2 sec – 1 sec – 1/2 sec – 1/4 sec – 1/8 sec – 1/15 sec – 1/30 sec – 1/50 sec – 1/80 sec – 1/125 sec – 1/250 sec – 1/500 sec – 1/1000 sec – 1/2000 sec – 1/4000 sec – 1/8000 sec
Pour faire simple, plus le chiffre derrière le 1/ sera grand, plus votre photo sera prise rapidement. Retenez aussi (on l’a déjà vu ensemble dans l’article sur l’ouverture) que quand on double un paramètre de l’exposition (on se décale d’un cran), ce paramètre est soit doublé ou divisé. Ici, une vitesse de 1/500 sera deux fois plus rapide qu’une vitesse de 1/250.
La vitesse d’obturation, comment la régler ?
Pour faire simple, vous avez deux possibilités réelles pour influencer votre vitesse d’obturation. Une troisième technique semi-automatique est aussi possible. Vous pouvez ainsi utiliser :
Le mode « priorité à la vitesse d’obturation »
Souvent noté Tv ou S, ce mode disponible sur tous les reflex vous permet de choisir la vitesse de votre prise de vue. Concrètement, vous allez l’utiliser si vous désirez fixer une vitesse particulière pour une scène ou une action. Par exemple, si vous désirez figer un oiseau en plein vol, il sera nécessaire parfois d’utiliser une vitesse minimale de 1/2000. Vous pouvez alors la fixer sur votre boitier et ce dernier ajuste les autres paramètres (ouverture et ISO, si vous les avez laissé en automatique). En règle générale on utilise ce mode quand on veut absolument utiliser des vitesses rapides. Inutile par exemple sur de la photo de paysage. Vous souhaitez en savoir plus sur la sensibilité ISO ?
A l’inverse, vous ne gérez donc pas l’ouverture de votre objectif qui influencera principalement sur les possibilités de flou d’arrière plan (en jargon photo, le bokeh).

Le mode « manuel »
C’est le mode le plus délicat à utiliser sur un reflex et je ne le conseille pas tant que vous ne maitrisez pas les trois paramètres du triangle d’exposition et leurs interactions. Dans ce mode, vous n’avez qu’à vous placer sur la vitesse et tourner la molette pour choisir la vitesse souhaitée.
Attention cependant, rappelez vous que tous les paramètres sont liés et qu’il vous faudra compenser en modifiant les ISO ou l’ouverture. Sans aucune modification, selon la vitesse, votre photo pourra être sur-exposée (vitesse d’obturation trop lente, photo trop claire), ou sous-exposé (vitesse trop rapide, photo trop sombre). Pour parler simplement, vous ne pouvez pas modifier la vitesse seule sans influencer l’exposition générale de votre photo. Il sera donc nécessaire de comprendre comment modifier les ISO et l’ouverture, et connaitre les conséquences sur votre photo. Je vous laisse vous référer aux deux articles que j’ai écrit !
Le mode « priorité ouverture »
Enfin, dernier mode sur lequel vous pouvez influencer la vitesse d’obturation : le mode priorité ouverture, souvent noté Av ou A. En réalité, vous ne pouvez pas choisir réellement la vitesse mais influencer le choix en modifiant votre ouverture.
Le mode Av permet en effet de choisir son ouverture et en admettant que vos ISO soit en auto, l’appareil photo va adapter automatiquement la vitesse pour équilibrer l’exposition de votre photo.
Exemple : vous aviez f/5.6 et 1/250, mais votre photo est toujours floue (par exemple dans le cas d’un sujet rapide). Vous pouvez décider d’ouvrir d’un cran votre diaphragme (par exemple de f/5.6 à f/4). Dans ce cas-là, rappelez-vous, vous avez laissé rentrer deux fois plus de lumière. Pour compenser, l’appareil va donc prendre deux fois plus vite la photo, à 1/500 donc. Vous voyez l’idée, si cela n’est toujours pas suffisant, vous pouvez descendre encore d’un cran à f/2.8, et l’appareil devrait prendre à 1/1000 maintenant.


Exemples de scènes où j’ai utilisé le mode Av pour maitriser la vitesse (et pour flouter mon arrière plan)
Une vitesse d’obturation trop faible : les flou de bougé et de mouvement
Une fois que l’on a vu et compris qu’est ce que la vitesse d’obturation et comment on l’utilise sur notre boitier, je vous explique maintenant les effets négatifs d’utiliser une vitesse trop basse lors de votre prise de vue. Comprenez la chose suivante, si vous utilisez une vitesse trop faible, vous risquez d’obtenir une photo floue, en tout cas à main levée (avec un trépied on fait ce qu’on veut…).
Le flou de bougé
Il s’agit tout simplement du résultat d’une photo floue du principalement à l’utilisateur et non à la scène que vous photographiez (paragraphe d’après). Je pourrai citer plusieurs cas de figures :
- Vous avez bougé lors de la prise de vue et votre vitesse était trop lente,
- Vous êtes dans des conditions de faible lumière (matin/soir), vous n’avez pas de trépied et les conditions ne vous permettent pas de shooter à main nue : votre photo est flou,
- Vous utilisez un objectif non stabilisé, ce qui vous enlève de 2 à 4 crans de stabilité (théorie),
- Enfin, vous utilisez une longue focale (ex : 300mm) et la vitesse choisie est trop réduite par rapport à cette focale. La règle générale est de prendre au minimum, la photo à la vitesse équivalente à la focale (Ex : pour un 300mm, 1/300 au moins).
Retenez qu’en majorité (cela dépend de vous et de la focale utilisée), vous aurez du mal à obtenir des photos nettes en dessous du 1/50ème.
Le flou de mouvement
Ce dernier est différent du précédent dans le sens qu’il n’est pas la conséquence de l’utilisateur mais bel et bien de la scène qui est présente devant vous. Cela peut-être un passant qui marche sur votre photo, un oiseau qui passe dans le ciel, ou encore un animal trop rapide par rapport à la vitesse choisie. Pour résumer, vous avez soit un sujet trop rapide par rapport à votre vitesse d’obturation, ou inversement, vous avez choisi une vitesse trop faible par rapport à la vitesse de votre sujet.
Sachez que certaines photos (animal ou avion en vol, antilope qui court en safari, etc.) nécessitent obligatoirement une vitesse élevée, supérieure au 1/1000 souvent, voir 1/2000ème.
Vous pouvez aussi souhaiter une impression de mouvements à votre scène en prenant une photo plus lentement (exemple d’un passant qui marche ou d’une cascade qui coule). Dans ce cas-là, vous allez donc devoir utiliser volontairement une vitesse plus réduite.

Relation Vitesse d’obturation / Ouverture / ISO
Comme évoqué dans l’article sur l’exposition en photographie, vous devez maintenant avoir compris que les 3 paramètres (ISO, ouverture et vitesse) sont donc étroitement liés. Impossible de modifier l’un sans influencer le résultat de la photo.
L’essentiel est donc de comprendre dans quel cas vous allez devoir utiliser une vitesse lente, ou une vitesse rapide et ce que ça va influencer lors de votre prise de vue.
Dans certaines situations précises, vous n’aurez pas d’autres choix que d’utiliser une vitesse rapide, voire très rapide pour capter les mouvements de votre scène. Je pense essentiellement aux photographes animaliers (safari, oiseau, etc.). Très certainement, une vitesse de 1/1000, voire plus sera nécessaire. Vous avez plusieurs possibilités ici.
- Vous pouvez utiliser le mode Tv (priorité à la vitesse) et fixer votre vitesse à 1/1000. L’appareil va caler son ouverture en fonction de la vitesse choisie. En fonction de la lumière, l’appareil affichera une grande ouverture pour compenser la perte de lumière. Je rappelle qu’au plus vous prenez vite une photo, moins il y a de lumière qui rentre. Il est possible par exemple que vous arriviez aux limites de votre objectif ici, dans le sens qu’une fois l’ouverture maximale atteinte de l’objectif (par exemple f/4), vous n’aurez pas d’autres choix que de monter en ISO. A chaque fois que vous allez doubler les ISO, vous allez pouvoir prendre deux fois plus vite.
- C’est un peu la même chose que d’utiliser le mode Av de manière à forcer l’appareil à flouter votre arrière plan. L’exemple type est de vouloir faire ressortir un animal sur un fond flou. Vous allez alors fixer l’ouverture maximale de votre objectif (disons f/4). L’appareil va calculer automatiquement la vitesse associée. Dans le cas où cette dernière est suffisante, vous allez pouvoir déclencher. Si la photo est floue car l’animal va trop vite, vous n’aurez pas d’autres possibilités que d’augmenter d’un cran les ISO, pour doubler votre vitesse.
f/4 ISO 200 1/1000
OU
f/2.8 ISO 100 1/1000
OU
f/2.8 ISO 200 1/2000
Pour rappel, ces trois paramètres seront identiques du point de vue de l’exposition. Les différences se feront tout simplement sur le fait qu’à 1/2000, vous avez moins de chance que votre photo soit floue qu’à 1/1000.
Les effets créatifs avec la vitesse d’obturation
Il s’agit là du denier point important à comprendre sur la vitesse en photo. Ce paramètre reste avec l’ouverture, celui qui permet de proposer des effets créatifs à vos photos. Je vois 3 cas concrets intéressants en jouant sur la vitesse :
Figer le mouvement d’une scène


Exemples de scènes où une vitesse d’obturation rapide était obligatoire (oiseau en vol à gauche ou danseuses à droite)
C’est évidemment la première chose à laquelle on pense. Si vous souhaitez figer une scène précise, c’est ce paramètre là auquel il faudra faire attention. Les boitiers d’entrée et moyenne gamme proposent des vitesses maximales de 1/4000, tandis que les boitiers professionnels iront jusqu’à 1/8000.
Réaliser un filé
Il s’agit là d’une technique particulière, que je ne maitrise pas entièrement (je l’avoue). L’idée est d’utiliser sur un sujet en mouvement rapide (voiture de course, vélo, etc.) et avec une vitesse relativement faible (inférieur à 1/200 souvent) cette technique pour créer un dynamisme sur un sujet en mouvement en obtenant un arrière plan non pas flou en tant que tel mais « filé », comme en mouvement. Cette technique se pratique surtout pour les courses automobiles. Quand je maitriserai parfaitement la technique, je vous ferai un tutoriel pour savoir comment réaliser un filé.

La pose longue
Dernier effet créatif et pas des moindres, la pose longue. C’est sûrement ce qui intéresse le plus de monde, en particulier pour les photographes natures et pour la photographie de paysage. Cette technique permet, en allongeant le temps de pose (vitesse plus lente donc) d’obtenir des effets créatifs extraordinaires sur des sujets qui s’y portent très bien. Pour ne citer que les plus adaptés à la pose longue : cascade, mer, nuage, manège, étoiles.
Les poses peuvent êtres relativement lentes (quelques fractions de seconde), moyennes (quelques secondes ou dizaine de secondes), voir très longue (plusieurs minutes). Cette technique photo nécessite cependant un minimum d’apprentissage et de matériel (filtre ND, télécommande, trépied, etc.). Vous souhaitez connaitre en détail comment faire une pose longue ?

J’arrive au bout de cet article sur la vitesse d’obturation. J’espère qu’il vous a plu et qu’il n’est pas trop technique ? Vous avez maintenant les clefs en main pour maitriser le fameux triangle d’exposition. Si vous l’avez manqué, je vous invite à venir lire l’article sur l’ouverture en photo, pour compléter votre compréhension du concept.
Je vous dis à bientôt pour un autre article sur les bases en photos. Les détails sur les notions de profondeur de champ, balance des blancs, différence entre aps-c/Full Frame, etc devraient suivre.
D’ici là, bon apprentissage. Si vous avez des questions sur l’article, vous souhaitez échanger, préciser des choses, n’hésitez pas à laisser un commentaire en bas de l’article !
Sylvain