On a testé le paddle à Morne-à-L'Eau
Je continue cette semaine en parlant d’une activité que l’on a eu l’occasion de tester avec Mélanie durant notre semaine passée sur l’île de Grande-Terre, ici en Guadeloupe. En effet, avec l’arrivée des parents, nous avons décidé de prendre une matinée tous les deux pour aller tester quelque chose que l’on ne connaissait pas encore : du stand-up paddle, du paddle que l’on fait debout, tout simplement. Quelques jours avant, nous avons eu l’occasion (enfin Mélanie, cette chanceuse) de survoler toute la Pointe des Châteaux, la Désirade et les îles de Petite-Terre en ULM. Quel magnifique survol en ULM au-dessus de la Guadeloupe ! Mélanie en garde un excellent souvenir.
Je dois avouer que, vivant à l’autre bout de la Grande-Terre, nous ne venons pas souvent ici et c’était donc l’occasion pour aller tester quelque chose dont on avait entendu le plus grand bien. Nous avions en effet entendu avec Mélanie qu’il était possible de faire du paddle à plusieurs endroits en Guadeloupe, notamment en bordure de mangrove. C’est donc avec plaisir que nous sommes allés tester cette activité.
Comme nous le précisons à chaque fois, cet article a été écrit en collaboration avec le site internet d’activité en ligne Manawa et avec Get Up – Stand Up, une entreprise spécialisée dans le stand up paddle en Guadeloupe. Nous laissons les enfants à la maison de Saint-François que nous avons louée pour la semaine et nous filons donc direction Morne-à-L’eau pour profiter de notre matinée.
En ce qui me concerne, c’était la première fois que j’essayais vraiment du stand-up paddle. J’avais déjà essayé mais de façon vraiment très limitée, un peu en Polynésie française en bord de mer. Mélanie de son côté n’est pas non plus une grande spécialiste, et la seule fois qu’elle avait essayé, c’était pour faire un cours de yoga. C’était donc franchement différent quand même.
Nous ne savons pas trop à quoi nous attendre, mais nous y allons gaiement. Malheureusement, le temps est quand même gris et plutôt menaçant. Affaire à suivre, on verra bien ce qui se passe.
Avant de rentrer dans la balade, je vous invite à considérer la découverte du Musée du Cacao de Guadeloupe. Situé à Pointe-Noire, sur la côte ouest, c’est une très belle visite à envisager lors de vos vacances ici.
En partenariat avec Manawa, nous avons également eu l’occasion de faire une magnifique excursion aux Saintes à la voile. C’est une superbe moyen de découvrir ces îles de manière plus calme ! N’hésitez pas à lire notre récit de nos quelques heures !
Ma première sortie de paddle en Guadeloupe
À notre arrivée et briefing
Une heure après être partis de Saint-François, nous arrivons sur place. Pour vous rendre compte à quel point nous ne connaissons pas l’île de Grande-Terre, je n’avais jamais entendu parler du village de Vieux-Bourg. Il est situé à l’extrême ouest de la Commune de Morne-À-L’eau, et c’est en continuant la route quelques kilomètres à l’ouest que nous arrivons enfin à la plage de Babin, plus ou moins en face de l’îlet Macou, dans ce que l’on appelle ici le Grand Cul-de-Sac Marin. C’est un coin que l’on ne connaît pas du tout, loin des circuits vraiment touristiques des visiteurs qui viennent découvrir la Guadeloupe. Mais j’avoue que, de plus en plus, moins un lieu est touristique et plus je l’apprécie.
Nous faisons la connaissance de Matt, le moniteur de Stand-up paddle (ou SUP comme on le surnomme parfois), qui nous attend tranquillement. Nous découvrons les lieux qui ont l’air très sympas, malgré le temps qui reste couvert aujourd’hui. Dommage pour la sortie, mais cela ne va pas pour autant gâcher le plaisir que l’on va prendre. Le soleil m’aurait cependant aidé à sécher plus vite après être (lamentablement) tombé du paddle, haha.
D’ailleurs, pour la petite anecdote, cette plage de Babin est très connue localement car elle dispose (en mer) d’argile qui a la réputation de soulager les rhumatismes, l’arthrose, les problèmes articulaires et de rendre la peau douce ! À notre arrivée, nous voyons donc pas mal de locaux enduits de cet argile grisâtre, en train de sécher !


Matt nous montre le matériel que l’on va utiliser : des paddles gonflables (mais très durs), notre rame, et nous sommes prêts à partir. Avant le départ, nous avons le droit à une présentation de la sortie avec au programme du jour : une balade jusqu’à l’îlet Macou, sa traversée dans ses tunnels de palétuviers rouges, un arrêt sur une petite plage déserte et des informations sur la mangrove (rôle, composition, etc.).
Matt nous fait également un petit topo sur les lieux avant de partir, ce qui est très intéressant, même si nous en connaissons déjà plus ou moins le contenu.
Il nous explique notamment que la zone du Grand-Cul-de-Sac Marin est protégé par la plus grande barrière de corail des Petite Antilles. On peut observer d’où nous sommes l’îlet Fajou, le plus grand îlet du Grand-Cul-de-Sac marin, et l’îlet Caret sur l’ouest, connu localement pour être un très bel îlet où les touristes et locaux viennent profiter de ses belles eaux turquoise. Il nous rappelle également la différence entre les îles de Basse-Terre et de Grande-Terre, la première étant d’origine volcanique et la seconde d’origine calcaire. Les deux îles sont très différentes d’un point de vue géologique, mais aussi par la végétation ainsi qu’au niveau météo.
Effectivement, l’île de la Basse-Terre est volcanique, avec beaucoup plus de relief, et possède le volcan le plus haut des Petites Antilles, le volcan de la Soufrière (1467m). Les précipitations y sont beaucoup plus intenses et longues et tombent sur le sol argileux qui aura tendance à absorber et conserver l’humidité. Il en ressort une végétation plus verte, plus dense, que l’on commence à très bien connaître avec Mélanie et que l’on découvre dans nos randonnées du week-end depuis notre arrivée en Guadeloupe. Vous pouvez observer cette végétation luxuriante sans trop vous fatiguer au Bassin bleu, par exemple.
Une fois que l’on traverse la Rivière Salée, on arrive sur l’île de Grande-Terre, complètement différente : il y pleut globalement beaucoup moins, la végétation est plus sèche et le sol est entièrement calcaire, sol qui ne retient pas l’eau. Je ne vais pas faire un cours de géologie ici (je ne m’y connais pas encore assez sur la Guadeloupe), mais de ce que j’ai pu en lire, la Grande-Terre est tout simplement le résultat d’un empilement de sédiments datant de millions d’années. Ces sédiments ont été mis à jour suite à des mouvements tectoniques, puisque l’arc actuel des Petites Antilles est le résultat de l’enfoncement de la Plaque Atlantique sous la Plaque Caraïbes, à hauteur de 2 cm par an. Concrètement, quand vous êtes sur Grande-Terre (mais aussi à Marie Galante ou la Désirade, majoritairement), vous marchez sur du très vieux corail.
Voilà pour le petit briefing de Matt, très intéressant, surtout pour les personnes qui ne connaissent pas le fonctionnement des îles tropicales, volcaniques ou sédimentaires.
Notre sortie en paddle à Morne-à-l’Eau
Nous attaquons sur les coups de 10h le début de notre balade en paddle, en premier lieu assis sur la planche. Matt nous donne les conseils nécessaires pour savoir manier la bête et, comme à mon habitude, je ne suis pas la personne la plus douée pour coordonner mes membres, haha. J’ai toujours franchement eu du mal bizarrement avec tout ce qui est pagaies, comme pour le kayak par exemple. D’ailleurs, à chaque fois que l’on fait du kayak avec Mélanie, je pense que l’on frise la rupture à chaque fois, haha. On se demande souvent combien de couples s’engueulent à chaque fois qu’ils font du kayak !
Nous débutons notre balade en longeant, assis sur le paddle, la côte sur notre droite qui offre rapidement de belles vues sur la mangrove et sa forêt de palétuviers rouges. Le temps n’est pas au top, mais malgré ça, on peut clairement deviner que l’eau est très belle, translucide et par beau temps, avec du soleil, ça doit être de toute beauté. Matt nous fait monter debout et nous explique les techniques à connaître pour diriger le paddle là où on le souhaite. Je passe un petit moment à me battre avec mon Sony A7III et la carte mémoire qui fait des siennes. Heureusement que j’ai une deuxième carte mémoire que je peux intégrer dans un deuxième slot du boîtier. On peut également observer tout un tas de taches blanches au sol, qui sont en réalité des méduses accrochées au sol en place.



Dans tous les cas, vu comme je suis stable (haha), je ne prends pas le risque de sortir mon appareil quand je suis debout sur la planche. Heureusement, car 5 minutes après, je perds l’équilibre et tombe dans l’eau. Rien de grave, mais je suis trempé. Ça fait marrer Mélanie au moins, qui elle gère bien l’équilibre… Nous continuons à longer cette belle forêt et ce qui frappe le plus, c’est le calme et l’ambiance des lieux. Il faut dire que nous ne sommes que tous les 3, et c’est vraiment top ! C’est appréciable. Quel calme, et c’est là que je suis vraiment content de ne pas être allé tester un jet-ski… Même si je peux comprendre que certaines personnes aiment la sensation d’un jet-ski, pouvoir se balader tranquillement au beau milieu de la mangrove avec pour seul bruit le paddle qui avance dans l’eau, c’est assez magique. Nous croisons même sur la route une superbe raie pastenague, bien visible depuis la surface. La chance de ne pas faire de bruit aussi, je pense !
Nous passons ensuite l’îlet Rat sur notre droite et nous devons faire une petite traversée pour rejoindre l’îlet Macou. Je parle d’une petite traversée, car on sent clairement qu’il y a plus de courant qui arrive sur notre droite, et il faut bien tenir l’équilibre et le cap pour aller se réfugier “de l’autre côté”. Arrivant enfin à ce fameux îlet, nous le longeons avant d’entrer dans le clou du spectacle selon moi : l’entrée en paddle dans l’îlet, ou du moins à travers. En effet, cet îlet a la particularité de posséder des petits canaux permettant de le traverser de part en part. Mélanie s’élance la première, je suis derrière. Nous avons pour consigne de nous remettre assis (ou à genoux) car les palétuviers rouges sont très bas et la végétation nous empêcherait de rester debout. On a l’impression d’entrer dans un grand trou noir de végétation.
J’étais pourtant déjà rentré dans des zones de mangrove quand je vivais à Mayotte, mais c’était sur des bras de rivière très large, et surtout avec un bateau à moteur. Là, pour le coup, c’est carrément autre chose. On rentre, dans le calme, tout en douceur, très lentement puisque on doit faire attention à bien rester dans l’endroit le plus profond du chenal et ne pas toucher les racines si caractéristiques des palétuviers. L’endroit est magique à mes yeux. Mélanie est tout aussi contente d’être là. C’est vraiment impressionnant comme endroit, et je dois dire que je n’ai jamais rien vu de tel de ma vie.
On avance à une vitesse d’escargot dans ces dédales de chenaux, tous plus beaux les uns que les autres. Les palétuviers recouvrent entièrement notre tête et forment un véritable ciel de végétation basse. C’est vraiment cool. Je continue la route en suivant Mélanie, située devant moi pour cet aller. Les chenaux sont vraiment très peu profonds par endroit et, à plusieurs reprises, il faut s’y reprendre avec le paddle, car on touche tout simplement le fond. À moins que ce soit du fait que j’ai pris un peu de poids depuis quelque temps, haha.





À l’intérieur, on peut observer quelques espèces d’oiseaux qui passent, des éponges de couleur orange ou violette, accrochées sous l’eau aux racines de palétuviers. Le décor est vraiment sympa. Nous passons peut-être un petit 20 minutes dans ce décor de fou pour ressortir de l’autre côté de l’îlet. Nous retrouvons la lumière et longeons l’îlet en direction d’une petite plage déserte. En arrivant, on peut y observer de très nombreuses étoiles de mer de couleur orange qui ressortent très bien, malgré le temps qui n’est pas au beau fixe aujourd’hui.
Nous arrivons et nous posons sur cette magnifique petite “plageounette” comme j’aime les appeler. Matt nous sert un bon petit jus maison que nous apprécions pendant que nous écoutons ses explications sur la mangrove et son fonctionnement. Nous apprenons notamment qu’un arbre normal ne pourrait pas se développer tellement le sol est vaseux. Le palétuvier réussit à y pousser grâce à son système racinaire. Il pousse dans l’eau salée et a plusieurs moyens pour se débarrasser du sel. Quand l’eau rentre dans la racine, le sel va y rester à l’extérieur, ce qui influence sur la couleur de la racine. L’arbre arrive ensuite à filtrer la majorité du sel et le reste va être stocké dans les feuilles. Les feuilles jaunes sont saturées en sel.
Nous en apprenons ensuite plus sur la mangrove et sur les 3 principaux rôles, tout en sachant que toute la végétation qui borde le Grand-Cul-de-Sac Marin est principalement des palétuviers rouges. On apprend donc les 3 rôles principaux de la mangrove :
- Rôle de nurserie : les poissons viennent se réfugier dans les racines de palétuviers qui sont à l’abri des prédateurs et trouvent aussi tout un tas de choses à manger. Quand ils auront grandi, ils retourneront au lagon. C’est notamment grâce à ce rôle que l’on retrouve du poisson dans le lagon,
- Rôle de filtre : avant de s’écouler dans le lagon, les eaux environnantes passent par la mangrove et cette dernière filtre du mieux possible (terre, feuilles, etc.) pour que l’eau qui en ressort soit “propre”. C’est grâce notamment à ça que le corail pourra se développer dans les environs. Il nous évoque comment le corail pousse et sa symbiose avec la Zooxanthelle, une algue unicellulaire absorbant le dioxyde de carbone libéré par le corail et qui fournit en retour divers nutriments à son hôte (le polype),
- Rôle de protection contre les tempêtes et les cyclones : cette dernière joue un rôle important en cas de forte mer (houle) puisqu’elle protège la terre en retenant les sédiments, la mer et le vent.


Après ces explications, nous retournons par le même endroit, en faisant varier le canal, pour traverser encore une fois l’îlet Macou. Le bonheur est toujours là et ce calme est franchement toujours aussi appréciable. Le retour se fait sans trop de soucis. Nous remontons sur la zone de départ pour ranger les paddles après 2h30/3h de paddle dans cette belle mangrove ! On s’est régalés.
Notre avis sur la sortie en paddle
Comme je le disais, on connaissait déjà assez bien la mangrove et son fonctionnement, mais pour autant, nous n’avions jamais eu l’occasion de la voir d’aussi prêt, et surtout de pouvoir la découvrir si calmement. C’est finalement ce calme et cette ambiance qui nous a plu. L’activité en elle-même est vraiment parfaitement adaptée à tous les amateurs de nature et de découvertes, le tout avec un moyen écologique, calme, et lentement.
Je comprends maintenant pourquoi certaines personnes se lancent dans des grands trips en paddle, dans des grands lacs par exemple. C’est vraiment un moyen pour découvrir cet écosystème d’une manière simple, lente, à la vitesse des éléments si on peut dire. On ne se presse pas et on observe tranquillement tous les détails qui composent le paysage qui nous entoure. Pour faire l’analogie, c’est un peu comme le “slow travel” en voyage, qui signifie voyager lentement, et qui permet selon moi d’aller plus au fond des choses. Je pourrais traverser les USA en quelques jours de voiture et dire que je l’ai fait, mais est-ce pour autant intéressant ? Aurais-je l’impression d’avoir réellement vu des choses dans le pays ? Pas sûr du tout…
Les excursions possibles avec Get up Stand-Up Paddle

Je termine cet article sur le paddle ou vous précisant les autres possibilités. De notre côté, nous avons donc fait l’excursion depuis la plage de Babin, réputée comme un niveau facile (2h30 environ pour 45€/adulte). Il y a plusieurs départs dans la journée en fonction du nombre de touristes (matin, début d’après-midi, et fin d’après-midi). À savoir aussi que l’excursion que l’on a faite est disponible pour les enfants à partir de 4 ans (sur le paddle avec un adulte).
Vous avez aussi deux autres possibilités :
- L’excursion de Petit-canal à Port Louis : niveau sportif, 3h, un itinéraire qui longe la côte sous le vent en direction d’une rivière et d’une belle forêt de palétuviers
- L’excursion de Morne-Rouge à Sainte-Rose : niveau sportif, 3h. Deux parcours sont possibles selon le vent.
Sachez qu’il est aussi possible de louer des stand-up paddles pour 40€ la journée, 30€ la ½ journée et 175€ la semaine.
Voilà, j’arrive au bout de cet article. J’espère en tout cas que la balade vous a plu. Je me répète, mais clairement, si vous aimez la nature, le calme et les beaux paysages, vous ne pouvez pas être déçu de cette activité. Nous avons vraiment adoré et si j’habitais dans le coin, j’aurais déjà acheté un paddle pour faire le tour de ces îlets après le travail !
Je vous dis à bientôt pour une nouvelle activité. D’ici là, si vous êtes fan de la mer, je vous invite à venir plonger à la Désirade avec moi !
À bientôt,
Sylvain
C’est toujours avec grand plaisir de lire , découvrir vos excursions, vos photos. Merci pour ce partage
Avec plaisir 🙂
Sylvain